Ronny Deila au Club Bruges, une trahison légitime
Le départ du coach norvégien du Standard ne laisse personne indifférent. Cela se comprend.
Publié le 25-05-2023 à 13h11 - Mis à jour le 25-05-2023 à 13h47
Plus rien ne nous étonne dans le football. Pas même le départ de Ronny Deila au Club Bruges, après des mois de négociations en sous-marin. Il n’est pas très compliqué de se mettre à la place du coach norvégien, qui a privilégié son évolution personnelle et ses ambitions sportives aux dépens du projet du Standard, dont il ne semblait plus croire autant qu’à son arrivée. Sur ce point-là, on peut le comprendre.
Pas rassuré par le discours de 777 Partners et malgré une offre salariale égale à celle du Club Bruges, Deila a fait preuve d’impatience. Un des maîtres mots de sa carrière, qu’il voit réussie au travers des trophées. Mais était-il dans l’intérêt des actionnaires américains de délier les cordons de la bourse pour le Standard de Deila ? Leur stratégie a toujours été claire à ce sujet : ils veulent voir le Standard s’assainir et être autosuffisant avant de réaliser de gros investissements. Leur discours n’a pas changé, pas même pour Deila et son ambition débordante. Ce discours est cohérent. Il est le même depuis le rachat. Et on peut le comprendre.
Sans les millions de l’Europe pour se renforcer et vu le flou entourant le noyau de la saison prochaine (fins de contrats de Cimirot et Dussenne, retours de prêts de Zinckernagel et Alzate….), Ronny Deila savait qu’il serait compliqué d’aller chercher le top 6. Et si ce n’était pas le cas, son C4 l’attendait probablement sur la table. Il a privilégié le projet brugeois, jugé plus solide. Encore une fois, on peut le comprendre.
Deila va devenir Judas
Restent les fans. Qui ont fait de Ronny Deila leur effigie, la figure de proue du nouveau Standard version 777. Ils ont adopté Deila comme l’un des leurs. Ils ont créé un chant à sa gloire. Ils ont porté des t-shirts avec la tête de leur coach sur le poitrail. Ils se sont identifiés à lui et à ses discours où les mots “famille”, “solidarité”, “long terme” étaient souvent prononcés. Deila a souvent appuyé sur l’aspect émotionnel du Standard pour recréer un ADN rouche. Tout cela a volé en éclats.
Dès ce samedi, on peut s’attendre à voir Sclessin exprimer sa colère envers son ancien coach. Ce sera également le cas la saison prochaine lors des affrontements face au Club Bruges, qui auront une saveur très, très particulière. Le Standard reste le Standard, là où l’émotionnel prend souvent le pas sur le rationnel. Dans les jours et les mois à venir, il est fort probable que Deila devienne Judas aux yeux des supporters liégeois. Et ça aussi, on peut le comprendre.