Christian Burgess est notre invité du samedi: “Je prends du plaisir dans l’art de défendre”
Au fil de la saison, Christian Burgess est devenu l’un des défenseurs les plus solides en Belgique.
- Publié le 07-05-2022 à 09h11
- Mis à jour le 07-05-2022 à 10h25
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Quand il apparaît avec un grand sourire sur l'écran en visioconférence depuis la table de massage du centre d'entraînement de l'Union à Lier, Christian Burgess semble très serein malgré la grosse échéance qui arrive : un double affrontement face au Club Bruges qui pourrait déjà, en cas de six sur six, offrir le titre de champion de Belgique aux hommes de Mazzù. "Il y a du respect envers Bruges mais aucune peur", lance le patron de la défense unioniste. "Il ne faut pas oublier que nous avons terminé la phase classique avec cinq points d'avance sur eux."
Une avance qui a entre autres été possible grâce à une solidité défensive illustrée par les 27 petits buts encaissés en 34 rencontres. Avant de se lancer dans un combat face aux Brugeois qui s’annonce âpre, Burgess a pris le temps de se poser pour parler de cet art de la défense qu’il maîtrise si bien.
Christian, comment décririez-vous votre style de jeu ?
"Je dirais que je suis un défenseur intelligent qui aime réfléchir sur un terrain. Je suis assez agressif au duel et je pense avoir certaines qualités balle au pied même si ce n’est pas à moi de juger cela (sourire). Je ne vois pas trop quel joueur a le même style de jeu que moi mais j’aime voir jouer certains footballeurs comme Virgil Van Dijk ou Aymeric Laporte. J’aime aussi les qualités de John Stones, qui est fort balle au pied et a une façon intelligente de défendre."
Avez-vous joué défenseur depuis toujours ?
"Entre 12 et 17 ans, j’évoluais comme milieu de terrain. Puis, je suis retourné en défense centrale car je sentais que c’était à cette position que j’avais le plus de chances de faire une carrière professionnelle. J’ai toujours eu le sentiment d’être à ma place en défense sans nécessairement avoir le désir de vouloir marquer ou donner des assists comme certains. Je laisse cela à ceux qui ont des qualités différentes des miennes. Même si c’est toujours sympa de marquer en tant que défenseur. J’en ai inscrit quatre en championnat cette saison. C’est pas mal mais j’aimerais réussir à en inscrire au moins un en plus d’ici la fin de la saison. Pourquoi pas dimanche contre Bruges…"
Quel geste vous procure le plus de plaisir sur un terrain ?
"Faire un beau tacle alors que l’attaquant est sur le point de marquer donne une grande émotion. Tout comme récupérer le ballon dans une situation de un contre un. Parfois, je célèbre ce genre d’actions car cela me donne une émotion particulière. Faire une clean sheet ne donne pas la même sensation car c’est une réussite collective sur l’ensemble d’une rencontre."
Durant quelle rencontre avez-vous pris le plus de plaisir cette saison ?
"J’ai beaucoup aimé la victoire à domicile face à Anderlecht en janvier dernier (1-0) ou celle à l’Antwerp (0-2). Il y a aussi eu le match à Genk (1-1) en début de saison où nous concédons un penalty mais où nous avons très bien défendu tout en jouant un très bon football."
Vous venez d’enchaîner quatorze titularisations de suite dans la meilleure défense du pays : vous sentez-vous actuellement comme l’un des meilleurs défenseurs de Belgique ?
"L’une des grandes forces de l’Union, c’est le collectif. Nous travaillons tous pour l’équipe et chaque joueur permet aux autres de se bonifier sur le terrain. Si nous avons une bonne défense, c’est grâce aux défenseurs mais aussi à des gars comme Moris, Nielsen ou Undav et Vanzeir qui font un très gros travail défensif. Personnellement, je suis dans une bonne période mais je ne dirais pas que je fais partie des meilleurs ou que je suis insortable de l’équipe. Nous avons de bons défenseurs sur le banc et il y a une grande unité entre les cinq défenseurs centraux de l’équipe. Je prends du plaisir et j’essaye d’apporter mon expérience à l’équipe et aux plus jeunes du groupe."
Vous êtes deuxième au classement des joueurs de Pro League ayant remporté le plus de duels aériens dans sa surface de réparation, derrière Radovanovic (Courtrai). Quel est votre secret dans les airs ?
"La taille joue évidemment un grand rôle (NdlR : il mesure 1 m 96) mais il y a aussi le positionnement qui est une clé dans ces actions. Ce bon positionnement vient avec l’expérience : quand un défenseur est plus âgé, il reconnaît mieux les zones du terrain à protéger alors qu’un jeune joueur a parfois trop tendance à toujours suivre le ballon."
Il n’y a pas une frustration d’être moins mis en avant par les gens et dans les médias que les attaquants ?
"Cela fait partie du football. Personnellement, je prends beaucoup de plaisir dans l’art de défendre. Je n’ai pas de problèmes à ce qu’on ne parle pas des performances des défenseurs. Je préfère même qu’on n’en parle pas car cela voudrait dire qu’on a fait une grosse erreur (sourire). On sait tous que si un défenseur ou un gardien fait une grosse erreur, il ne pourra se cacher nulle part. Cela pousse à être concentré pendant 90 minutes. C’est peut-être la plus grande difficulté de devoir rester focus et d’éviter la moindre petite erreur qui pourrait se payer cash."
Face à quel attaquant est-il le plus facile et le plus compliqué de défendre en Belgique ?
"Le plus facile est de défendre face à un attaquant qui n’est pas rapide, pas très grand et pas très habile balle au pied. Il y en a un ou deux en Belgique mais je ne donnerai pas de noms (sourire). Le plus difficile à suivre est Paul Onuachu car il est très grand et fort physiquement. En un contre un, c’est le joueur le plus fort du plat pays. C’est très compliqué de bien défendre contre lui une fois qu’il s’est mis entre la balle et le défenseur."
À l’entraînement, il est plus facile de défendre contre Undav ou Vanzeir ?
"Le problème est qu’ils sont souvent dans la même équipe donc quand je joue contre l’un, je joue aussi contre l’autre… Ils ont des qualités différentes et c’est très désagréable de jouer contre eux. C’est souvent une belle bataille à l’entraînement. Vanzeir est très rapide et Undav a d’énormes qualités qu’il utilise au mieux. Il a été le meilleur attaquant du championnat cette saison et il a montré pourquoi Brighton est venu le chercher. Pour moi, il a les qualités pour réussir en Premier League. S’il est bien servi et qu’il arrive à bien s’intégrer au système de jeu de Brighton, il marquera facilement."
Dimanche, Bruges jouera sans doute sans véritable attaquant…
"Ce sera un challenge différent pour les défenseurs car on sait que ce ne sera pas juste une bataille avec un attaquant présent toujours dans la même zone du terrain. Il faudra bien analyser cela tactiquement et utiliser sa tête sur le terrain. Bruges pourrait aussi commencer avec leur nouveau numéro 9 qui a plus un profil d’attaquant (NdlR : Sargis Adamyan). Ils ont de toute façon beaucoup d’armes offensives."
"Couper mes cheveux en cas de titre ? Jamais !"
Christian Burgess s’est livré sur différentes thématiques, entre le championnat de son pays, le rêve de jouer la Ligue des champions et son amour pour la Belgique.
La Premier League
"Ma chance est passée pour ce championnat. Je ne m’attends pas à ce qu’un club de Premier League vienne me chercher, même s’il ne faut jamais dire jamais. Cela reste évidemment un rêve mais les clubs sont plutôt attirés par des jeunes joueurs."
Son club de rêve
"J'ai grandi en regardant jouer le FC Barcelone. La plus belle époque est celle avec Gérard Piqué derrière et le trio Iniesta-Xavi-Busquets dans le milieu. Ils pratiquaient une sorte de football utopique et idéal. C'est la philosophie de jeu que j'adore. Un autre club pour lequel je rêverais de jouer est West Ham. C'est l'équipe de la banlieue de Londres où vit ma famille et que je supporte depuis toujours. Ce serait très spécial de porter ce maillot mais je ne me fais pas trop d'illusions (sourire)."
Sa promesse en cas de titre
"Je n’en ai pas fait avec mes amis car c’était quelque chose de tellement inimaginable il y a peu. Alex Millan m’a dit l’autre jour qu’il couperait mes cheveux si nous étions champions. Mais il n’en est pas question, je ne ferai jamais ça (rires). Mes cheveux sont devenus une part de ma personnalité. Cela définit qui je suis. Je ne pourrais pas m’imaginer sans mes cheveux longs. Peut-être un jour mais dans un futur très lointain… En cas de titre, je ne ferai donc rien d’extraordinaire, juste célébrer le moment avec des amis, de la famille et quelques bonnes bières. Actuellement j’aime beaucoup la Vedett IPA et les bières de Brussels Beer Project."
La saison prochaine
"J'ai encore un an de contrat plus une année en option. Je suis donc quasiment certain d'être à l'Union la saison prochaine, d'autant plus si nous jouons la Ligue des champions, qui est un vrai rêve de gosse. Les adversaires que je voudrais rencontrer ? Barcelone, le Real Madrid, la Juventus et le Bayern Munich, surtout si Lewandowski est toujours là-bas."
La Belgique
"Je vis actuellement à Anvers mais je veux expérimenter une autre ville et bouger vers Bruxelles où vit actuellement ma petite amie francophone. J’aime aussi beaucoup les Ardennes où je me rends quand j’ai quelques jours de libre pour me balader dans la nature. J’ai des cours de français chaque semaine à l’Université d’Anvers. Les autres étudiants savent maintenant qui je suis et me posent souvent des questions sur le match du week-end comme récemment après notre match nul à l’Antwerp. Mon français s’améliore mais il y a encore du chemin à parcourir. J’essaye de le pratiquer le plus possible en dehors des terrains avec des amis qui parlent français. Ce n’est pas facile d’autant que je ne parlais pas un seul mot en arrivant à l’Union."