Le Libinois Serge Duchêne a le RWDM dans la peau
Serge Duchêne, de Libin, assistera à RWDM - Virton ce dimanche. Mais ce ne sera pas pour supporter l’Excelsior.
Publié le 10-12-2022 à 11h33
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Difficile de le manquer lors de la 3e mi-temps de Virton - RWDM le 12 août, en ouverture du championnat. Dans les business seats du stade Yvan Georges, Serge Duchêne était le seul à porter un maillot du club visiteur, celui que lui a offert Jérôme Nollevaux, le footballeur graidois qui a longtemps porté les couleurs du club bruxellois avant de passer par Bertrix et Longlier. Libinois, âgé de 61 ans, célibataire et employé depuis le début de sa carrière chez Famiwal, la caisse d’allocations familiales, Serge Duchêne fait presque figure d’exception dans une province où les préférences se portent naturellement vers le Standard ou Anderlecht, voire Bruges ou l’un des grands clubs européens. Ce dimanche, il prendra la direction du stade Machtens pour assister au match retour. L’occasion était belle d’évoquer sa passion pour un club qu’il connaît sur le bout des doigts.
Serge, qu’aviez-vous pensé du match aller qui a opposé Virton au RWDM en août ?
"Que Virton méritait de le remporter."
Et vous étiez inquiet pour le RWDM et la suite de sa saison ?
"Non, je savais que des renforts devaient arriver. La moitié de l’équipe a changé depuis lors. Même s’ils viennent de perdre deux fois, ils ont bien redressé le tir. Il y a une bonne équipe. Quand je vois qu’un Kylian Hazard est sur le banc…"
Et Virton, vous les suivez ?
"Sans plus. Je lis de temps en temps ce qui se dit sur eux. Mais je n’y vais guère que lorsque Molenbeek y joue. Je vais voir davantage les clubs de mon coin comme Libin ou Libramont. Mais je suis un peu plus attentif quand même depuis que le petit Maxime Guillaume, le fils de mon ami Joël, a fait ses premières apparitions en équipe A."
Cette passion pour le RWDM, elle remonte à longtemps ?
"À la fusion, en 73. En primaire, les enfants optaient systématiquement pour le Standard ou Anderlecht et ça m’énervait un peu. J’aimais bien le maillot et les couleurs du club fusionné et c’est parti comme ça. J’ai cette tendance à prendre parti pour les clubs un peu plus modestes. Je vais souvent en vacances dans la région de Valence et c’est au stade de Levante que je me rends le plus souvent. Je crois que si j’étais né à Bruges, je serais devenu supporter du Cercle (rir es)."
Vous allez régulièrement au stade Machtens ?
"Moins maintenant, dès lors qu’ils ne sont plus en D1 A, mais tout de même quatre ou cinq fois par an. Plus jeune, je ne manquais pas les matchs à domicile. Je jouais en réserve le matin à Libin et j’étais le premier à la douche pour ne pas rater le train. Je me rendais déjà tous les jours à Bruxelles en train pour le boulot, mais j’y retournais encore le dimanche. C’est à la fin des années 70 que j’ai commencé à y aller très régulièrement. En 1976, mon père, un an avant sa mort, m’avait emmené voir un Bastogne - RWDM en Coupe de Belgique (NdlR : 0-2, buts de Koens et Wellens). J’étais aux anges, avec mon livre sur lequel j’avais récolté plein d’autographes."
Qu’est-ce qui vous plaisait à Molenbeek ?
"Il y avait des joueurs de qualité, hein ! Et puis l’ambiance, la convivialité. En tribune, je me plaçais toujours à proximité de la célèbre fanfare. Un jour, j’avais servi d’intermédiaire pour que Jean-Luc Picard la fasse venir à Champlon. Au fil du temps, je suis devenu ami avec quelques joueurs. Passer la 3e mi-temps avec des garçons comme Patrick Thairet, c’est ça qui était génial. Je me suis même arrangé pour envoyer quelques jeunes du coin en stage là-bas, comme Olivier Javaux."
Vos meilleurs souvenirs ?
"Le plus beau, je crois, c’est ce titre en D2 en 89-90. À peine descendu, le club était remonté directement. J’ai suivi l’équipe toute la nuit, de bistrot en bistrot, et je suis rentré à Libin quand il faisait clair. Mon voisin partait travailler."
Vous assistiez aussi aux matchs à l’extérieur ?
"C’était plus rare. Mais parfois à Charleroi, oui, en compagnie de Jean-Marie Gérard, le père de Roch. Ou à Rocourt, quand Joël Guillaume portait les couleurs du FC liégeois."
Il y a eu aussi quelques belles soirées européennes ?
"Oui, notamment en 76-77, quand le club a atteint les demi-finales de la Coupe UEFA, face à Bilbao. Mais j’étais interne à Carlsbourg, impossible de m’y rendre. D’ailleurs, on ne pouvait même pas écouter la radio à l’internat. Je le faisais en cachette, on m’en a confisqué trois. Et en journée je parvenais à m’éclipser régulièrement pour aller en vitesse chercher le journal et obtenir les dernières infos sur le RWDM."
On imagine que tout est différent désormais ?
"Oui, bien sûr. C’est à peine si un joueur ou l’autre repasse boire un verre. Quand il y a eu tous ces soucis qui ont amené à la création du FC Brussels, je n’y allais quasiment plus. J’y suis retourné quand Jérôme Nollevaux a signé là-bas (NdlR : 2008). Je suis allé chez lui, à Graide, pour faire sa connaissance. Nous sommes devenus amis et je l’ai suivi régulièrement. À présent, j’espère que le club ne va plus tarder à retourner parmi l’élite."
Une élite au sein de laquelle brille à nouveau l’Union saint-gilloise. Ce qui a renvoyé Molenbeek au rang de 3e club de la capitale…
"C’est vrai, mais on n’en parle pas trop entre supporters. La rivalité est plus marquée avec Anderlecht. Et je pense que les Molenbeekois sont même plutôt contents que l’Union dépasse Anderlecht."