Bracconi out, Jeunechamps in : les coulisses du changement à Virton
Christian Bracconi n’a pas résisté à la spirale de mauvais résultats. Il est remplacé par l’ex-Serésien José Jeunechamps.
Publié le 07-02-2023 à 19h04 - Mis à jour le 07-02-2023 à 20h17
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Deux départs, deux décors bien différents. En février 2020, Christian Bracconi avait pris congé de l’Excelsior après une régalade face à OHL (4-1). Cette fois, c’est au lendemain d’une rencontre sans saveur, perdue chez les Brugeois (1-0), qu’il a fait ses valises. L’amertume était de mise dans les deux cas cependant. C’est la crise du Covid, suivie aussitôt par celle de l’Excel, qui avait mis fin, contre toute attente, à un premier mandat plus que réussi à la tête d’une équipe nettement plus talentueuse et chevronnée alors. Ici, c’est un bilan mathématique devenu indéfendable (dernière place, 14 pts en 21 matches) qui lui a coûté son poste.
L’épée de Damoclès l’accompagnait depuis plusieurs semaines déjà, tandis que les contre-performances s’enchaînaient et que les signes d’une amélioration tangible se faisaient vainement attendre, malgré les renforts arrivés à la trêve.
Ce mardi midi, quelques heures après avoir annoncé le limogeage de son entraîneur corse, l’Excelsior Virton a donc officialisé la venue de son successeur.
Le neuvième déjà
Le nouveau venu, 9e entraîneur déjà depuis l’arrivée de Becca en 2018 (Grosjean, Gevaert, Petit, Toppmöller, Bracconi, Grégoire, Correa, Bracconi) est loin d’être un inconnu parmi l’élite. José Jeunechamps, Sprimontois âgé de 55 ans, a en effet officié à Mouscron la saison passée, après avoir pris le relais d’Enzo Scifo en octobre 2021. Au début de cette campagne, il a pris les rênes de Seraing avant d’être victime des mauvais résultats et d’être remplacé par son adjoint Jean-Sébastien Legros il y a trois mois.
Si ce n’est à Seraing, où il a été T1 à trois reprises déjà, et pour de courts intérims au Cercle de Bruges et au Standard, José Jeunechamps a principalement officié comme adjoint durant sa carrière. Au Standard, à Metz, à Seraing, à l’Antwerp, au Cercle ou encore à Charlton où il faisait équipe avec José Riga. Il a aussi travaillé pour le centre de formation du Standard de 2007 à 2012.
Les contacts ne datent pas d’hier
Le nouveau coach a déjà annoncé la couleur ce mardi, en conférence de presse. "On lance dès aujourd’hui une opération commando de deux mois et demi. Il faut sauver ce club car je sais ce qu’il représente dans la région", a lancé José Jeunechamps en précisant au passage qu’il a déjà pu se faire une petite idée de sa nouvelle équipe puisqu’il a vu Virton à l’œuvre face au RWDM avant la trêve, puis contre Dender, Anderlecht et Bruges récemment. Ce qui sous-entend forcément que les contacts ne datent pas d’hier, mais que la direction tenait cependant à laisser à Christian Bracconi une chance de relancer la mécanique avec l’appui des renforts du mercato. La victoire à Dender lui avait rendu un peu de crédit, les défaites et surtout le contenu du jeu produit devant Anderlecht et Bruges lui ont enlevé celui qui lui restait. C’est surtout le manque de densité et de variation offensives qui inquiétait et ce depuis plusieurs mois tandis que le coach virtonais s’obstinait à manifester un optimisme pour le moins inapproprié. Et avait fini par cristalliser toutes les frustrations de supporters étonnés de le voir encore au poste quand Christophe Grégoire, un an plus tôt, avait été renvoyé malgré un meilleur bilan.
Apprécié de Becca
Christian Bracconi était cependant apprécié du groupe, notamment pour ses indéniables qualités humaines – qui l’ont même conduit à envoyer récemment un courrier de soutien à un supporter endeuillé – et il était bien en cour auprès de Flavio Becca, à un point tel qu’on ne serait pas surpris de le revoir rebondir un jour à un autre poste de la galaxie dirigé par l’entrepreneur grand-ducal. "On remercie Christian pour son implication, sa sensibilité, ses qualités, a ainsi déclaré Daniel Striani, le directeur général, mais l’intérêt de l’équipe et du club primaient. Il fallait provoquer un électrochoc."
On verra dimanche, dans un premier match à six points contre Genk B, si les Vert et Blanc en retirent déjà des effets.
Un entraîneur à poigne
Du vécu "J’ai d’abord une pensée pour M. Bracconi, a entamé José Jeunechamps. Parce que j’ai vécu la même chose que lui à Seraing il y a peu." Il a d’ailleurs déclaré en janvier qu’il avait reçu ce jour-là "le plus gros uppercut" de sa carrière.
Vécu bis "Une situation comme celle-là n’est pas inédite pour moi. Quand j’ai remplacé Jankovic au Standard (NDLR: avril 2017), il restait sur 7 matches sans victoire. Quand j’ai succédé à Enzo Scifo à Mouscron, nous étions derniers avec deux points."
Passion et principes "Je ne sais pas exactement ce qui a été fait avant à Virton, mais j’arrive avec ma façon de fonctionner, mes principes de jeu, de vie, que je compte bien inculquer aux joueurs." José Jeunechamps, il ne s’en cache guère, a la réputation d’être un entraîneur à poigne, capable de sacrées colères pour secouer son vestiaire. C’est aussi un énorme passionné. "J’ai raté la soirée de mon mariage… car j’avais match le lendemain", a-t-il déjà confié.
Système en tête "Quand les premiers contacts ont été établis, j’ai épluché le noyau, les stats, vu les matches. J’ai déjà un système en tête, mais vous devrez attendre dimanche pour le découvrir, déclare un coach qui se dit adepte de la verticalité. Ce qui compte, c’est de trouver le bon équilibre. En défense, ça se passe plutôt bien, mais Virton, c’est aussi l’équipe qui se procure le moins d’occasions. On verra si on peut ouvrir un peu plus le jeu."
Mentalité "Ce qui importe avant tout, c’est la bonne mentalité. Si tu ne l’as pas, t’es mort. Contre Anderlecht, j’ai vu les Virtonais prendre 6 ou 7 cartes jaunes, mais se faire battre par des gamins. Là, tu as juste envie de dire: “Tais-toi et joue !” Les deux derniers groupes que j’ai eus, à Mouscron et Seraing, étaient fantastiques en matière de mentalité. Je veux la même chose ici."
VITE DIT
Virton: un bon et un moins bon souvenir Quand il a pris la succession d’Enzo Scifo à Mouscron, en octobre 2021, José Jeunechamps est venu aussitôt s’imposer à Virton avec les Hurlus. Moins de six mois plus tard, le 3 avril, c’est face à ces mêmes Hurlus, proches de la liquidation, que Virton a signé son dernier succès à domicile.
Moins de Luxembourgeois À Virton, José Jeunechamps coachera moins de joueurs luxembourgeois qu’à Seraing. Il n’aura que les seuls Lesquoy et M. Guillaume sous la main alors que V. Guillaume, Cachbach et Martin (tous ex-Virtonais) officiaient sous ses ordres au Pairay, de même que le T2 Jean-Sébastien Legros.
Ils logeront ici Jeunechamps est de Sprimont et Taravel de Bruxelles, mais ils logeront en grande partie en Gaume. "On n’a pas envie de se farcir tous ces trajets", justifient-ils. Consultant pour RTL Sport, Taravel n’exclut pas de poursuivre cette activité, "mais la priorité est bien sûr donnée à Virton", ajoute-t-il.
Mises au vert, de temps à autre "Oui, je suis assez partisan des mises au vert, avoue José Jeunechamps, mais je n’en fais pas une nécessité absolue. Cela doit être décidé en accord avec le club, notamment pour certains longs déplacements, mais je ne viens pas ici pour vider les caisses."
"On savait que Jérémy deviendrait entraîneur" Arne Cassaert a côtoyé José Jeunechamps au Cercle de Bruges. "Mais peu de temps, dit-il, deux mois en préparation alors qu’il était adjoint et moi encore espoir. Difficile de me faire une idée." Il a aussi été l’équipier de Jérémy Taravel chez les Brugeois. "C’était un leader, ajoute-t-il. Lui, on savait qu’il deviendrait entraîneur."
Pour mieux préparer les play-down Jonas Vinck, arrière droit de l’Excelsior: "Le coach avait toujours la confiance du groupe, mais dès lors que les résultats ne suivaient pas, que nous n’avions récolté que deux victoires, on peut comprendre le choix de la direction. On a pu croire que ça irait mieux après Dender, mais on n’a pas su enchaîner. Il fallait sans doute un électrochoc, mais on ne s’attendait cependant pas à ce que ça arrive cette semaine. Le club a sans doute jugé que c’était mieux maintenant car cela laisse un peu plus de temps au nouvel entraîneur pour préparer les play-down."