Pour Jérémy Taravel, devenir entraîneur, c’était le choix du cœur
Jérémy Taravel, bientôt 36 ans, est depuis trois semaines l’adjoint de José Jeunechamps à Virton. Interview d’un T2 dont la carrière de joueur s’est terminée plus brutalement que prévu.
Publié le 04-03-2023 à 09h33
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Jérémy, qu’est-ce qui vous a amené à Virton ? C’est José Jeunechamps que vous avez côtoyé au CS Bruges et à Mouscron ?
”Oui, mais pas seulement. Je m’étais déjà entretenu quelques fois avec Daniel Striani et Bernard Bolly. Des discussions sur le foot. Et je crois que mon discours, ma passion leur ont plu. J’aime apprendre des choses nouvelles, étudier les dispositifs. Je regarde ainsi six ou sept matches par week-end et pas seulement pour mon job de consultant, simplement aussi en tant que fan de foot. Et je dois dire que ça ne plaît pas toujours à madame (rires). Quand les dirigeants virtonais ont fait venir José (Jeunechamps), ils lui ont proposé mon nom et il a accepté immédiatement.”
La situation de l’Excelsior ne vous a pas refroidi ?
”Non. Certes, les résultats ne suivaient pas, mais j’avais détecté pas mal de qualités individuelles. Ce n’était pas perdu d’avance. Et si José avait accepté le défi, c’est qu’il y avait moyen de faire quelque chose. Je connais son caractère, son discours direct et j’apprécie ça.”
Devenir coach après vos années de joueur, cela faisait partie de votre plan de carrière ?
”Oui. Je possède déjà le diplôme UEFA-B depuis trois ans. Et lorsque Virton m’a sollicité, j’étais à Tubize pour un stage dans le cadre de l’UEFA-A. J’ai souvent pris des notes durant ma carrière, sur divers exercices, etc. J’aime ça, je bosse beaucoup pour me préparer. Comme consultant aussi (NdlR : sur RTL). Certes, le feeling compte aussi, mais il faut de la préparation en amont pour commenter un match.”
Souci cardiaque, arrêt prématuré
Vous souhaitiez devenir entraîneur, mais pas aussi tôt que prévu, non ?
”Effectivement. Après ma dernière saison à Mouscron, je devais rejoindre l’équipe B d’Anderlecht pour guider les jeunes sur la pelouse et intégrer le staff par la suite. Mais un examen médical a tout changé, révélant un souci cardiaque. Le cardiologue m’a expliqué que les risques n’étaient pas énormes, qu’il y avait peut-être 1 % de risque qu’un accident survienne et que je jouais sans doute déjà depuis quelques années avec ce souci. Si j’avais eu 20 ou 25 ans, j’aurais sans doute passé des examens complémentaires et demandé un suivi intensif afin de continuer à jouer. Mais à 35 ans, avec deux enfants et l’essentiel de ma carrière derrière moi, cela n’en valait pas la peine.”
L’arrêt a été douloureux ?
”Au début, ça fait mal. Je tablais encore sur deux ans comme joueur. Mais finalement, c’était un mélange entre tristesse et soulagement. Soulagement parce que durant ma carrière, j’ai toujours été hyper-attentif aux soins, à la récupération, à l’alimentation, aux exigences du foot pro. Et au plus je vieillissais, au plus je me montrais pointilleux. Ne plus devoir observer toutes ces restrictions, cela fait du bien aussi. Même sur le plan mental. Vous savez, ma femme, quand on s’est connus, elle disait : 'Tu es footballeur, c’est cool.' Puis elle a découvert, le côté pile du métier. Quand on n’est pas bien parce qu’on a perdu un match, quand on déprime un peu quand on est blessé, quand vous avez un jour libre mais que vous devez surtout vous reposer ou faire quelques soins. Même si j’ai toujours fait le maximum pour accorder du temps à ma famille, ces six derniers mois, je pouvais aller chercher mes enfants à l’école tous les jours et ça n’a pas de prix.”
Et le simple fait de jouer ne vous manque pas ?
”Non. J’ai eu des moments de doute au début. Voulais-je vraiment devenir entraîneur ? Mais désormais, je retrouve le plaisir que j’avais à mes débuts comme joueur, même si c’est différent. J’ai tourné le bouton.”
Et quel type d’entraîneur serez-vous ?
”À l’image du joueur que j’étais. Je ne suis pas né avec le talent de Messi, j’ai dû beaucoup bosser. Je pars du principe que ce sera pareil comme coach, que je vais devoir continuer à me former. Et j’essaierai d’inculquer ces mêmes valeurs aux joueurs.”
Vous êtes Français, né à Vincennes, votre épouse est Parisienne aussi, mais vous résidez en Belgique depuis que vous avez passé la frontière pour rejoindre Zulte Waregem en 2009. Encore pour longtemps ?
”Oui, on habite Bruxelles et on y restera. Même si on reste proche de nos familles en France, on a développé de fortes amitiés en Belgique et les enfants grandissent ici. Quand j’ai quitté Lille, où Rudi Garcia m’avait expliqué que j’étais barré en équipe première, beaucoup ne comprenaient pas mon choix de rejoindre la Belgique, estimaient que je pourrais avoir des opportunités en France. Mais moi, ça ne me faisait pas peur. Et je crois pouvoir dire que j’ai fait le bon choix.”