L’Italie, pour l’éternité
Les Italiens ont su renverser les Anglais dans une finale pleine d’intensité au bout d’un âpre combat d’une séance de tirs au but dingue.
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Publié le 11-07-2021 à 00h33 - Mis à jour le 13-07-2021 à 08h34
Un silence de cathédrale dans le temple du football. D’un coup, Wembley s’est tu. Et il faudra des litres de bières pour oublier cette défaite.
Ce dénouement cruel pour l’Angleterre qui a cru enfin pouvoir conjurer le sort, elle qui attend un trophée depuis 55 ans et qui va devoir encore patienter.
Le tout au bout d’une finale d’une folle intensité qui s’est jouée lors d’une séance de tirs au but.
Un exercice où Gareth Southgate s’était manqué 25 ans plus tôt contre l’Allemagne au même endroit, en demi-finale de l’Euro. Une loterie où les Anglais ont souvent failli et où ils ont été fidèles à leur histoire dans un sens.
Ils ont pourtant cru tirer le gros lot avec Pickford qui a sorti la frappe de Belotti puis celle de Jorginho mais se sont effondrés quand celle de Rashford a fracassé le montant et quand Sancho a échoué sur Donnarumma.
Les deux hommes venaient d’entrer et vont devoir vivre avec le poids de cet échec. Comme Southgate pour les avoir lancés si tardivement…
Quand Donnarumma, lui, s’impose comme le héros après avoir mis en échec Saka.
Cette fin heureuse pour l’Italie qui revient de nulle part ou en tout cas de très loin trois ans après avoir été incapable de se qualifier pour la Coupe du monde en Russie dans un match qui résume plutôt bien son histoire contemporaine.
Certains y verront une manière de doublement sauver la morale. Parce qu’à l’arrivée, l’équipe qui a le mieux joué durant le tournoi s’est imposée, ce qui n’a pas toujours été le cas. Mais aussi parce que dans cet Euro qui s’est disputé dans toute l’Europe, l’Angleterre a surtout joué à domicile six fois sur sept. Ce qui n’était pas forcément équitable mais connu de tous.
Mais elle a pu vérifier comme la France en 2016 ou le Portugal en 2004 qu’organiser ne rimait pas avec gagner. Entretenant avec elle l’idée d’une malédiction à la maison qu’elle n’a pas su contourner alors qu’elle pensait en avoir les armes après avoir conjuré les démons de son histoire en éliminant les Allemands dans un match à élimination directe puis en sortant enfin victorieuse d’une demi-finale.
Elle est surtout tombée sur une drôle de Nazionale totalement à l’envers en début de match. Tout a commencé de travers quand Wembley a fait injure à sa réputation de temple du football en sifflant Fratelli d’Italia pour exploser ensuite très vite au moment où Shaw a ouvert le score sur un service de Trippier magistralement lancé par Kane (2e).
Une action qui a validé le choix de Gareth Southgate d’opter pour un système à trois avec des pistons décisifs, donc.
Sous la pluie et la pression d’un milieu anglais impressionnant dans son travail de harcèlement, l’Italie a souffert. A plié. A eu très peur quand Sterling aurait pu obtenir un penalty qui aurait moins fait débat que celui obtenu contre le Danemark (48e), victime de sa réputation naissante. Mais elle n’a jamais cédé. Parce que l’Italie reste l’Italie. Résiliente et courageuse. Douée et pleine de ressources aussi.
Elle s’est longtemps remise quasi exclusivement à l’immense talent de Chiesa, impressionnant quand il a résisté à deux charges de Rice pour frapper juste à côté du but de Pickford (35e). Sur le coup, le gardien était battu mais il a été déterminant et bluffant face à l’attaquant de la Juventus (62e) comme il l’a été aussi devant Insigne (57e) et Verratti (67e) avant que Bonucci ne surgisse en devançant Kane pour égaliser sur la même action.
Elle a pu, à ce moment-là, commencer aussi à capitaliser sur le coaching de Mancini qui, patiemment, a su reprendre la main en repensant totalement son attaque. D’étouffés, ses hommes sont devenus étouffants. Privant les Anglais de ballons et d’occasions, se montrant dangereux sur ce centre d’Emerson repoussé de manière assez improbable par Pickford (103e) quand Donnarumma a eu du mal sur centre brûlant de Kane (108e).
Avant cette séance de tirs au but inscrite pour l’éternité dans l’histoire du football italien.