Le PSG, l’échec d’un modèle et modèle d’échec
L’élimination du Paris Saint-Germain en huitièmes de finale de Ligue des champions ramène à un constat annuel : dépenser de l’argent sans compter et créer une équipe capable de gagner sont deux choses très différentes. Le changement est impératif. Le Qatar est à un tournant.
Publié le 09-03-2023 à 17h01
Le refrain est connu : lorsque le printemps pointe le bout de son nez, la Ligue des champions fait partie du passé pour le PSG. Éliminés à cinq reprises en huitième de finale sur les sept dernières éditions de la C1, les Parisiens ont connu un nouveau raté, mercredi soir sur la pelouse du Bayern Munich. Au-delà d’une défaite logique dans les chiffres et sur la pelouse, cette contre-performance symbolise l’échec d’un modèle pour un club qui est devenu, malgré lui, un modèle une matière d’échec.
Des stars mais pas d’identité
Le PSG l’a déjà appris à ses dépens ces dernières années mais ne semble pas avoir retenu la leçon. Empiler des stars (Messi, Mbappé, Neymar, Ramos…) est idéal pour vendre des maillots mais n’a jamais suffi à créer une équipe performante. Ce n’est toujours pas le cas en 2023. Et la question de l’identité revient plus que jamais. Thierry Henry, consultant pour la BBC, l’a notamment évoquée. “Quel est le plan ? Quelle est l’identité ? Il y a une fracture entre le club et les anciens supporters du PSG, qui préféraient presque l’ancien Paris Saint-Germain”, a précisé l’ancien buteur français. “Cela reste toutefois un club attractif qui a les moyens pour aller chercher des joueurs qui aimeraient jouer pour le PSG comme Randal Kolo Muani ou Marcus Thuram. Parfois, il faut aller attraper cette communauté de supporters et de gens qui aiment le club.” Une analyse qui tombe sous le sens et qui rendrait le club parisien moins artificiel. Paris doit (re)trouver ses valeurs.
Galtier, entraîneur fragilisé
En plus de l’identité de club, il y a aussi l’identité de jeu. Et sur ce plan, on ne peut pas dire que Galtier rime avec clarté. L’entraîneur français ne réussit pas là où les autres ont échoué (Emery, Tuchel. Pochettino..). Il a pratiquement écumé tous les systèmes de jeu depuis le début de la saison et ne semble pas faire progresser l’équipe. S’il faut évidemment mettre à sa décharge les nombreuses blessures (Neymar, Kimpembe et même Marquinhos puis Mukiele mercredi soir) et un noyau restreint en quantité (il suffit de comparer les sorties de banc parisiennes avec celles du Bayern pour s’en rendre compte), le football que veut proposer Galtier est difficile à lire.
Un retour du Tuchel est évoqué, le fantasme Zidane est ressuscité
Résistera-t-il à l’élimination de mercredi ? Le titre de champion de France, qui sera une formalité avec huit points d'avance à 12 journées de la fin, ne sera pas un élément déterminant au moment de sauver ou non sa tête. Sous contrat jusqu’en 2024, le coach parisien a refusé d’évoquer le sujet, à chaud, à l’Allianz Arena. “C’est trop tôt pour en parler. Mon avenir dépend évidemment de ma direction sportive et de mon président”, a-t-il précisé. “Le club fondait beaucoup d’espoir sur cette compétition et il y a une déception. Mais je maintiens le cap et je reste focus sur la fin de saison avec beaucoup d’énergie et de détermination.”
Il devra aussi faire avec les rumeurs. Certaines ramènent Thomas Tuchel au PSG, tandis que le fantasme Zidane a été ressuscité. Une chose semble certaine : le sort de Galtier sera lié à celui de Luis Campos, qui l’a choisi, et dont les deux derniers mercatos n’ont pas été jugés satisfaisants. Le directeur sportif portugais est sur la sellette.
Un avenir autour de Mbappé ?
Outre l’entraîneur, la question est : avec quelle équipe Paris va-t-il se reconstruire ? Suite à son erreur à Munich, la prolongation de Verratti, actée fin 2022, a fait réagir mais n’incarne-t-il pas une forme d’identité, lui qui est au PSG depuis 2012 ? Neymar, qui reviendra de quatre mois de blessures l’été prochain, ne compte pas partir même si son cycle semble être arrivé à sa fin et que son économie de salaire serait bénéfique à tout le monde. Lionel Messi, lui, semble s’éloigner de Paris après une nouvelle prestation décevante.
"Cette élimination n'aura pas d'impact sur mon avenir"
En défense, on sait que Skriniar (Inter) a déjà signé tandis que la question de l’avenir de Mbappé va inlassablement se poser. Mais le talentueux français, bien muselé par Upamecano mercredi, a botté en touche. “On a fait le maximum pour se qualifier et cette élimination n’aura pas d’impact sur mon avenir. Je suis calme. La seule chose qui compte pour moi cette saison, c’est de gagner le championnat. Après, on verra…” Une chose est certaine : l’effectif parisien doit gagner en profondeur, avec ou sans Mbappé.
Le Qatar ne compte pas lâcher l’affaire
Après les échecs en Ligue des champions à répétition, le Qatar va-t-il se lasser de son jouet parisien ? C’est ce que l’offre pour le rachat de Manchester United pourrait laisser penser. Le Qatar est en pole position pour débarquer à Old Trafford et en Premier League. Mais l’investissement chez les Red Devils ne se fera pas via Qatar Sports Investissements, ce qui permettra aux deux clubs d’évoluer en Coupe d’Europe car ils n’auront pas le même propriétaire.
Se désengager du PSG serait, aussi, un aveu d’échec en mondiovision, ce dont le Qatar est peu friand. L’émir Tamim ben Hamad Al-Thani reste, par ailleurs, un immense fan du PSG. Mais pour que le club prenne un nouvel élan, il doit désormais comprendre que l’argent n’achète pas une identité.