Il y a 30 ans, l’OM gagnait la Ligue des champions : “Tapie avait essayé de s’attribuer l’idée géniale de Raymond”
Le 26 mai 1993, il y a 30 ans jour pour jour ce vendredi, Marseille offrait à la France sa première (et unique) C1 avec des stars sur le terrain et en tribune. Mais aussi un entraîneur belge en mode sorcier : Raymond Goethals.
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Publié le 26-05-2023 à 09h31
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À jamais les premiers. Et, pour l’instant, à jamais les seuls. Le 26 mai 1993, les Marseillais remportaient la Ligue des champions, première du nom, à Munich en battant l’AC Milan en finale. Un but de la tête de Basile Boli offre l’unique C1 de l’histoire du football français. Dès le coup de sifflet final, les vedettes de l’OM Rudi Völler, Alen Boksic, Marcel Desailly et Didier Deschamps font la fête sur la pelouse. La superstar de l’OM Bernard Tapie en tribune. Sur le banc, Raymond Goethals est plus dans la retenue. L’entraîneur bruxellois a pourtant eu une grande influence dans ce sacre. En trois temps.
Le 21 avril 1993 à Bruges : “La patte de Raymond déjà visible au Jan Breydel”
Le dernier match européen de l’OM avant la finale, c’est à Bruges qu’il se joue. Le Club accueille Marseille pour cette dernière journée de la phase de poules. Il faut se souvenir qu’à l’époque, la Ligue des champions commençait alors par des matchs à élimination directe et se terminait en deux groupes de quatre où les deux vainqueurs s’affrontaient en finale.
Ce 21 avril, l’OM doit faire aussi bien que les Glasgow Rangers (qui reçoivent le CSKA Moscou) pour finir premier. “On ne pouvait plus se qualifier même si on pouvait revenir à égalité avec les Rangers et Marseille, se souvient Franky Van Der Elst, remplaçant ce jour-là. Boksic avait marqué au tout début du match et on avait tenté de revenir mais l’OM était un bloc très compact. Une fois que tu étais mené contre cette équipe, c’était très compliqué de revenir. On sentait la patte de Raymond Goethals dans cette organisation. L’OM n’était pas très impressionnant mais c’était plus fort que nous. On avait quand même pris un 3-0 là-bas. Par contre, j’étais persuadé, comme beaucoup, que Milan gagnerait la finale facilement. La surprise avait été grande. Un peu comme si l’Inter parvenait à battre Manchester City cette année. ”

Le 25 mai 1993 à l’hôtel de Munich : “Son plan pour embêter Maldini”
Un mois plus tard, les Marseillais sont dans un hôtel de Munich. Ils préparent la finale du lendemain. Goethals réunit ses joueurs pour le briefing tactique. “Là, il a décidé de mettre Abedi Pelé sur le côté”, se souvient Jean-Pierre Bernès, alors directeur général de l’OM (et devenu agent depuis). “C’était notre meneur de jeu qui avait, en général, beaucoup de liberté. Mais Raymond lui dit qu’en jouant sur le flanc droit, il va embêter Paolo Maldini. Les plus jeunes ont le souvenir du Maldini très strict en défense centrale mais à l’époque, c’était un arrière gauche offensif qui amenait beaucoup de danger. “
Le plan de Goethals marche parfaitement. La présence de Pelé gêne Maldini qui n’ose pas monter autant que d’habitude. “C’était le genre de trouvaille que Raymond pouvait avoir. Il avait du génie tactique et il osait mettre ses idées en place, même si ça ne plaisait pas toujours à Tapie. Après la finale à Munich, Tapie avait dit que le replacement de Pelé était son idée mais on savait tous dans quel cerveau cela avait germé (rires). ”
Le 26 mai 1993 au stade Olympique de Munich : “Il décide de laisser Boli sur la pelouse”
À la 35e minute de jeu, la finale se joue sur le banc marseillais. Boli souffre du genou et demande son remplacement via le kiné. “J’étais à côté de Raymond pendant le match, reprend Bernès. On se dit tout de suite que Boli doit rester sur la pelouse. Il avait déjà eu des soucis au genou pendant la saison et il pouvait encore tenir. Avec sa puissance, il était très important dans notre jeu défensif. On l’oblige donc à tenir sa place. ”
Dans la tribune présidentielle du stade Olympique, Tapie prend un talkie-walkie en main en voyant Boli au sol. “C’est moi qui tenais l’autre talkie-walkie, explique Bernès. On a juste expliqué à Tapie qu’on laissait Boli sur le terrain, il était d’accord. C’est la seule fois où on a communiqué pendant le match, contrairement à ce que beaucoup de gens imaginent. ”
Huit minutes plus tard, l’arbitre, l’Autrichien Kurt Röthlisberger qui allait devenir tristement célèbre en Belgique un an plus tard pour avoir oublié un penalty sur Josip Weber à la Coupe du monde, siffle un corner. Les Italiens sont furieux, ils sont certains que c’est un Marseillais qui a touché le ballon en dernier. Pelé ne se laisse pas perturber et trouve le crâne de Boli pour inscrire le seul but de la rencontre. “Boli avait un jeu de tête fantastique, le meilleur de notre effectif. S’il n’est pas sur la pelouse, il n’y a pas but sur cette phase… ”