Mark van Bommel va affronter le club avec lequel il a gagné la Ligue des champions : “Même après la finale, je ne suis pas sorti avec Ronaldinho”
En compagnie du Brésilien et d’un jeune Lionel Messi, le coach de l’Antwerp a vécu une saison glorieuse en Catalogne.
- Publié le 19-09-2023 à 06h49
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La manière dont il a guidé les Anversois vers le doublé a pris tout le monde de court. Elle ne peut susciter que l’admiration. Surtout au vu de la rapidité avec laquelle il a imprégné l’équipe de sa griffe. À l’échelle de la Pro League, les qualités de coach de Mark van Bommel sont reconnues à leur juste à valeur. Reste que pour les suiveurs d’au-delà de nos frontières, la carrière d’entraîneur de l’ancien international néerlandais n’est peut-être encore qu’au stade embryonnaire. Logique quand elle est mise en balance avec son illustre passé de joueur. Crampons au pied, il a tout de même disputé (et perdu) la finale de la Coupe du monde avec les Oranje en 2010. En club, il a notamment remporté huit titres dans quatre pays différents et une Ligue des champions avec le FC Barcelone.
Avant d’emmener ses hommes au stade Monjuic, le Camp Nou étant en travaux, van Bommel revient justement sur son bref passage chez les Blaugranas. “La pression y était énorme, c’est sûr, se souvient-il. Il y a deux journaux : Mundo Deportivo et Sport. Tous les jours, ils devaient remplir leurs pages. Il fallait être prêt, à 100 %, pour tous les matchs.”
Son arrivée
”D’abord une semaine chez les nonnes”
Plutôt étonnant que van Bommel n’ait quitté le PSV qu’à 28 ans pour une première aventure à l’étranger. Avec sa famille, il s’est installé à Gava Mar, au sud de Barcelone. Il a d’ailleurs loué la maison de Frank de Boer, à côté de la plage. “Les enfants se sont bien amusés, ils ont passé neuf mois dans l’eau, confie l’ancien médian. Et moi ? Je suis un pro, je n’y suis pas allé une fois (sourire).”
Le saut d’Eindhoven vers un des plus grands clubs de la planète aurait pu être trop grand. “Honnêtement, ce n’était pas trop difficile. J’avais naturellement déjà disputé la Ligue des champions avec le PSV. Beaucoup de mes compatriotes avaient déjà joué au Barça. Je savais comment ça fonctionnait. Je connaissais Larsson et van Bronckhorst. La vie était totalement différente qu’aux Pays-Bas par contre. Nous nous entraînions parfois le soir. Nous jouions à 21h et les restaurants étaient encore ouverts à minuit.”
Encore fallait-il apprendre la/les langue(s). À la surprise générale, van Bommel maniait déjà bien l’espagnol à son arrivée. Pour sa première conférence de presse chez les Blaugranas, le Néerlandais s’est même permis une blague. “En fait, avant de monter dans l’avion, j’ai passé une semaine chez les nonnes à Vught (dans le réputé Institut des langues Regina Coeli) pour y apprendre l’espagnol. De 9 h à 19 ou 20 h, j’y suivais des cours. Le mardi, tu te disais que c’était peine perdue vu la quantité d’informations. Puis, le jeudi et le vendredi, tout revenait. Encore aujourd’hui, je peux encore me faire comprendre. En catalan un peu aussi.”
"Si j'ai envoyé un message à Xavi ? Il a changé 8 fois de numéro et moi 3."
Dans le vestiaire
”Les retrouvailles avec Xavi ? Comme si on s’était vu hier”
Résultat de cet intense apprentissage des langues : “Je comprenais très rapidement tout ce qui se disait dans le vestiaire”. Rien de mieux pour faciliter son intégration auprès des stars du Barça de l’époque. “Il y avait Ronaldinho et, oui, Messi venait d’intégrer le groupe. Lequel était meilleur ? Ils sont incomparables évidemment. À l’époque, Ronaldinho était 'le' joueur. Il était incroyable. Je sais que son comportement a souvent été remis en question. Mais sur la pelouse, c’était un vrai pro. Sinon, tu ne peux pas prester comme il l’a fait. En dehors, il était entouré par beaucoup de monde. Non, je n’ai jamais fait de sorties avec lui (sourire).”
D’ailleurs, van Bommel croisera la route de son ancien coéquipier, Xavi, ce mardi. L’ancien maître à jouer prendra place sur le banc d’en face. Quand le Néerlandais a débarqué au Camp Nou, l’Espagnol s’était blessé. Ce qui a, au bout du compte, peut-être permis à van Bommel de grappiller davantage de temps de jeu dans le onze de Frank Rijkaard. “Xavi et moi avions une super relation. En fait, nous avions un très bon groupe composé des Catalans comme Iniesta, Xavi, Valdez, Oleguer, etc. et puis les étrangers. Cette cohésion a joué un rôle dans notre succès, c’est sûr. Si j’ai envoyé un message à Xavi depuis le tirage ? Non, il doit avoir changé de numéro 8 fois et moi 3 (rires). Mais quand je le revois, c’est comme si nous nous étions vus hier. Sinon, j’ai encore des contacts avec le responsable du matériel de l’époque.”

La finale de la Ligue des champions
”Je suis remplacé et… on renverse Arsenal”
Naturellement, van Bommel n’a jamais su se débarrasser de cette étiquette de joueur rugueux. Mais il a su se faire sa place dans une équipe des plus raffinée. “Pour jouer le tiki-taka, il faut beaucoup de qualités. Je sais qu’on m’assimile toujours à ces tacles ou ces duels robustes (sourire). Mais je savais aussi jouer. Le style de jeu, je m’en suis naturellement inspiré mais tu t’inspires de tous les clubs et coachs que tu as connus.”
Le Barça n’a pas pour autant marché sur ses adversaires pour atteindre la finale de la Ligue des champions. “Je le rappelle justement à mon équipe : un match se joue sur des détails. Cette saison-là, nous avions aussi gagné des rencontres en nous créant très peu d’occasions. Je me souviens de la demi-finale contre l’AC Milan. Nous l’emportons 0-1 là-bas, sur un but de Giuly. Au retour, au Camp Nou, à dix minutes du terme, Shevchenko égalise mais son but est annulé pour hors-jeu… Des détails. En huitièmes, à Chelsea, nous nous imposons 1-2 de justesse là-bas (lors d’un match qui avait révélé Messi au monde, du haut de ses 18 ans, la Pulga avait humilié et fait exclure Del Horno).”
En finale, au Stade de France à Paris, les Blaugranas rencontrent alors Arsenal. À la mi-temps, les hommes de Rijkaard sont menés. “Alors que nous jouions à 11 contre 10 à la suite de l’exclusion de Lehmann. Campbell avait ouvert le score juste avant la pause. Je suis sorti à l’heure de jeu. Nous parvenons ensuite à inverser la tendance grâce notamment à deux assists de Larsson, monté à ma place (rires). Quand je retourne à Barcelone aujourd’hui, je suis encore considéré comme un héros de Paris.”
Eto’o et Beletti inscrivent les buts pour permettre à Puyol de soulever la Coupe aux grandes oreilles. Elle avait échappé au club catalan depuis 1992. “Pour fêter ça, nous nous sommes séparés en deux groupes. Le mien a tranquillement été manger quelque chose. Celui de Ronaldinho ? Je ne sais pas ce qu’il est allé faire (rires).”
"Ce que Puyol faisait comme capitaine au Barça, j'ai essayé de le faire à Munich."
Son départ pour le Bayern
”On perd 3-0 et trois jours après je vais à Munich”
En un an au Barça, van Bommel a remporté un titre, une Ligue des champions et deux Supercoupes (celle de 2005 et de 2006). Il a décidé de lever les voiles, après la Coupe du monde 2006. “Le coach m’a dit qu’ils allaient davantage faire tourner dans l’entrejeu. Je risquais de me retrouver en tribunes, sur le banc puis de jouer trois matchs… La configuration ne me plaisait pas. Je ne voulais pas faire partie de cette rotation. J’ai donc dit à Frank (Rijkaard), que si une offre arrivait… Le club me comprenait et à collaborer. Nous perdons la Supercoupe d’Europe, 3-0 contre Séville. Puis, je suis parti.”
Vient donc le Bayern Munich, où il est d’ailleurs devenu le premier capitaine étranger. “Le Bayern, c’était comparable. Je me souviens de mon premier jour au Barça. Puyol est venu vers moi et m’a demandé ce dont j’avais besoin : 'Un GSM ? Une voiture ? Ta famille est bien installée ?' Je me suis inspiré de ça et j’ai essayé de faire comme lui quand j’ai pris le brassard au Bayern. Même si, en Allemagne, c’était un peu plus structuré.”

”Rester imperturbables que ce soit sur le terrain C à Anvers ou à Barcelone”
Si ce serait bel et bien la première rencontre de Ligue des champions de l’histoire de l’Antwerp, Mark van Bommel a déjà pris place sur le banc à neuf reprises en Ligue des champions : six fois avec le PSV et trois fois quand il était coach de Wolsfbourg. Mais, en tant qu’entraîneur, le Néerlandais n’a encore jamais gagné dans cette compétition. “J’ai remporté quatre matchs de préliminaires, non ?, plaisante-t-il. Ça se joue à des détails Avec le PSV, nous étions dans un groupe avec l’Inter, Tottenham et… le Barça. À Wolfsbourg, avec Lille, Salzbourg et Séville. Contre les Espagnols, nous gagnions 1-0 jusqu'à trois minutes de la fin. Lamela frappe de la pointe, un de mes joueurs touche son pied à ce moment-là… Penalty et Rakitic le transforme. Je suis viré pas longtemps après…” Van Bommel n’est en tout cas pas nerveux pour ce mardi. “J’ai toujours un stress positif mais pourquoi serais-je nerveux ? Il faut rester calmes, imperturbables que ce soit sur le terrain C, à Anvers, ou à Barcelone […] Non, nous ne dresserons pas de mur, nous ne voulons et ne savons pas le faire.”