Antoine Kombouaré retrouve le PSG avec Nantes en Ligue 1 : “Toute ma vie, je serai reconnaissant envers Paris”
Antoine Kombouaré retrouve, samedi soir (21h, direct VOOsport World 1), son club de cœur avec qui il a connu des très hauts et des grands bas.
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Publié le 04-03-2023 à 15h57
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Il faut être fan absolu du PSG ou connaisseur pointu du football pour répondre à cette question. Quel fut le premier entraîneur du PSG sous l’ère qatarie ? La réponse risque bien de vous surprendre. C’est bien Antoine Kombouaré qui a endossé un costume qu’il a dû délaisser, contraint et forcé, six mois plus tard malgré une place de leader que finira par lâcher, en fin de saison, Carlo Ancelotti, son successeur. La faute à une relation conflictuelle avec Leonardo, le directeur sportif d’antan.
”Nous savions tous les deux ce qui allait se passer et que, quel que soit le travail que je pouvais fournir, la fin était programmée”, commente sobrement dans sa biographie l’entraîneur actuel de Nantes. Si l’on peut être limogé au lendemain d’une victoire (0-1) à Saint-Etienne qui vous offre le titre symbolique de champion d’automne en décembre 2011, et garder la classe par rapport à son ancien employeur, c’est que le lien qui unit le Kanak au PSG s’est ancré dans la légende deux décennies plus tôt.
“Quel que soit le travail fourni, la fin était programmée.”
”Casque d’or” pour toujours
À chaque confrontation européenne entre le PSG et le Real Madrid, les réminiscences de ce soir du 18 mars 1993 ne sont jamais lointaines. L’affrontement en Ligue des champions entre les deux mastodontes l’an dernier n’y a pas fait figure d’exception. Avant la manche retour, toute la presse française s’est remémoré le coup de casque de Kombouaré, 29 ans plus tôt.
Ce n’était pourtant pas la plus prestigieuse des compétitions européennes qui faisait office de théâtre. Qu’importe. À l’époque, la Coupe UEFA est presque aussi brillante. Seul le champion national possède le droit de disputer la C1. Le plateau de la C3 ne regorge donc que d’écuries qui auraient leur place dans la mouture actuelle.
Les matchs sont tous aussi relevés qu’à l’étage au-dessus et certains ont leur place dans la grande histoire du ballon rond. Alors, quand Kombouaré envoie le PSG en demi-finale au bout de la sixième minute du temps additionnel, 240 secondes après la réduction du score de Michel (3-1) qui aurait poussé les deux équipes en prolongations, le Parc exulte.
”C’était ma Coupe du monde à moi, se souvient l’ancien défenseur central peu habitué à inscrire des buts surtout quand ils sont décisifs. Je n’ai même pas de souvenir, on est léger, on plane dans ces moments-là. Ce sont des moments forts, qu’on espère revivre, mais non : c’est une fois dans la vie. J’ai eu la chance de vivre cela, et je souhaite à tous les joueurs de le vivre au moins une fois.”
“C'était ma Coupe du monde à moi, je souhaite à tous les joueurs de vivre cela.”
Ce soir-là, le club de la capitale est parvenu à effectuer une remontada historique, essuyant le revers de l’aller (3-1). Depuis ce jour, Kombouaré est devenu “Casque d’or” pour les Parisiens.

Aucune rancœur envers son “club de cœur”
Les histoires d’amour finissent mal en général. 20 ans après être entré dans les cœurs des Parisiens, son licenciement à la tête du PSG choque au-delà du Camp des Loges. Le syndicat des entraîneurs français s’émeut même en publiant un communiqué laconique. “Tous les entraîneurs, tous les techniciens, tous les éducateurs français ne peuvent que s’indigner du sort réservé à l’un des leurs, mis sous pression depuis plusieurs mois par la nouvelle direction du club et qui avait néanmoins réussi, par son travail et des qualités appréciées de son groupe, à faire du PSG le champion d’automne du Championnat.
La perte du titre, six mois plus tard, aux mains de surprenants Montpelliérains au budget 10 fois moindres accentuera ce sentiment d’injustice aux yeux du grand public. Pas forcément à ceux du principal intéressé qui préférera se montrer fataliste. “Une fois que c’est acté, il ne faut plus chercher à se battre. Avec Leonardo, une fois qu’il m’a annoncé que c’était fini, on a tout réglé en deux heures. Et puis à cet instant, avec tout ce qu’on répétait autour, comme quoi j’étais menacé, qu’Ancelotti allait venir, j’étais content que ça s’arrête. Là, il fallait aller vite”, confiera-t-il quelques années plus tard.
Celui qui fêtera ses 60 ans le 16 novembre prochain admet d’ailleurs ne plus jamais y penser, alors que d’autres auraient pu être marqués à vie par les conditions du licenciement. “Je connais les codes de ce métier : on n’est que de passage et le poste ne vous appartient pas. Dès le début, je savais qu’il y aurait une fin. Après, j’avoue un petit chagrin : je pensais, en étant premier, aller jusqu’à la fin du championnat.”
“Je pensais, en étant premier, aller jusqu’à la fin du championnat.”
Mieux, le natif de Nouméa se sent redevable par rapport à son ancien club. “Toute ma vie, je serai reconnaissant envers Paris. J’y ai joué cinq ans et ensuite, j’ai pu apprendre mon métier en dirigeant quatre ans la réserve avant de revenir entraîner l’équipe. Trois fois, ce club m’a fait confiance !”, concédant même un sentiment de tristesse lorsque les Franciliens se feront éliminer par le Real Madrid, la saison passée, car “c’est mon club de cœur.”
“Toute ma vie, je serai reconnaissant envers Paris.”
La traversée du désert
Si Kombouaré est en paix avec lui-même, c’est qu’il a redoré son image depuis ces deux dernières années. À vrai dire, on ne pensait pas forcément revoir le coach sur un banc après trois passages compliqués à Guingamp, à Dijon puis à Toulouse. En Bretagne, le Français réalise deux saisons corrects avant de plonger totalement quelques semaines après avoir vu son bail prolongé.
L’expérience à Dijon n’est guère plus flatteuse. Le DFCO ne doit son maintien en Ligue 1 que grâce aux barrages face à de faibles Lensois. Le manager décide d’ailleurs de jeter l’éponge après cela. Passionné de golf, “AK” traîne davantage l’image d’un entraîneur plus soucieux d’améliorer son handicap sur les greens plutôt que de peaufiner ses séances tactiques.
Sa conférence de présentation surréaliste lors de son arrivée à Toulouse n’améliore pas sa réputation. À la question d’un journaliste lui demandant s’il a continué à suivre la Ligue 1 pendant sa période au chômage, Kombouaré répond sans envie “que de loin. J’ai regardé les résumés mais pas les matchs entiers. J’ai pris le temps de m’aérer. Je n’ai pas regardé notre calendrier. Je sais simplement qu’on joue Lille, puis qu’on va à Rennes, si je ne dis pas de bêtises.”
Une entrée en matière en dilettante qui expliquera selon les supporters toulousains les dix défaites consécutives subies par leur équipe sous le règne de l’ex-Parisien. L’aventure au goût de dernière chance n’aura duré que deux mois.
Une image redorée à Nantes
Dans cette traversée du désert, Kombouaré ne doit son salut qu’au FC Nantes. Le truculent président, Waldemar Kita, a bien pris la peine de relancer Raymond Domenech, 14 ans après sa dernière expérience sur un banc. Ce n’est pas la petite année loin des bancs qui le refroidiront à faire appel, malgré sa réputation écornée, à celui qui a également porté les couleurs nantaises.
31 ans après, Kombouaré retrouve la Jonelière dans une situation alarmante. Nantes est embourbé dans la zone rouge et n’a plus gagné depuis 16 matchs. La route sera longue, mais le maintien arrivera après un barrage face à… Toulouse. “On est passés par la toute, toute petite porte. C’est une libération. Je n’avais jamais ressenti ça. Je ne souhaite à personne ce qu’on a vécu.”
La réhabilitation totale interviendra une année plus tard. Le FC Nantes garnit son armoire à trophées pour la première fois depuis 21 ans. Les “Canaris” remportent la Coupe de France face à Nice et s’ouvrent les portes de l’Europa League. Le succès ne s’estompe pas. Même si la première partie du championnat a été délicate, Kombouaré et ses hommes parviennent à s’extirper de leur groupe d’Europa League.
Le tirage au sort leur offre la Juventus. Le match nul accroché en Italie (1-1) leur permet de croire à l’impossible. “C’est surtout un grand match pour la Juve, pas pour nous. Les Turinois, s’ils perdent contre nous, ils sont ridicules”, dédramatise-t-il. Le triplé d’Angel Di Maria brise le rêve de ses joueurs. “Il n’y a pas de déception, on n’a pas été à la hauteur de l’évènement.”
Lui l’a été. En deux ans, Kombouaré a remis Nantes sur la carte du football français, tout en relançant sa carrière. Le reste ne sera que du bonus. Samedi, il pourra rééditer l’exploit d’il y a deux ans où il s’était imposé avec les Ligériens dans son jardin, mais ça ne changerait pas grand-chose aux yeux du Parc. Pour eux, Antoine Kombouaré est éternel depuis 30 ans.
28
C’est la 28e fois qu’Antoine Kombouaré défie le PSG depuis qu’il a embrassé la carrière d’entraîneur. Il a perdu 16 fois, partagé à 6 reprises et gagné 5 fois seulement, mais 2 des 4 matchs en Championnat depuis qu’il est le T1 du FC Nantes : 3-1 lors de la 25e journée de la saison dernière, et 1-2 au Parc, le 14 mars 2021 (29e journée).