Affaire Gary Lineker : quand le football tente de faire plier la politique
L’énorme soutien en faveur du présentateur vedette de la BBC pourrait l’emporter sur la pression mise par les conservateurs.
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Publié le 13-03-2023 à 09h25
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On ne parle presque que de cela en Angleterre. Et pour cause, l’affaire Gary Lineker risque bien de laisser des traces au sein de la BBC, mais aussi au sein du gouvernement britannique. Elle a en tout cas pris des proportions sans précédent ces dernières heures, après que l’ancien footballeur ait été retiré de l’antenne vendredi sur décision de la direction de la BBC.
L’histoire a débuté mardi, lorsque Lineker a pris la parole sur Twitter pour comparer la politique d’immigration illégale du Royaume-Uni à “l’Allemagne des années 1930”. Habitué à partager ses idées progressistes auprès de ses 8,8 millions d’abonnés, celui qui est devenu le présentateur star de la BBC (et le mieux payé) a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas outre-Manche. Problème : ses propos ne sont évidemment pas passés auprès du gouvernement… et de la BBC, chaîne de service public.
La polémique a grossi durant la semaine, jusqu’à l’annonce vendredi du groupe audiovisuel de retirer Lineker “de la présentation de Match of the Day jusqu’à ce que nous ayons un accord clair avec lui sur son utilisation des réseaux sociaux”. Autre problème : l’ancien joueur de Leicester City et de Tottenham est considéré comme une rock star en Angleterre, grâce à sa popularité d’ex-international anglais (80 sélections) et surtout grâce à l’émission Match of the Day.
Véritable institution britannique, le programme est présenté par Lineker depuis 1999. Et l’homme de 62 ans possède énormément de soutien. De la part du peuple, et de ses confrères. Dans la foulée de l’annonce de sa suspension, plusieurs consultants foot – dont Ian Wright et Alan Shearer – ont décidé de se retirer de l’antenne pour marquer leur solidarité avec Lineker. Puis tout s’est enchaîné ce week-end.

Alex Scott, Kelly Somers et Jason Mohammad, d’autres présentateurs de la chaîne, ont aussi souhaité se mettre en retrait. Ce qui a entraîné la suppression de plusieurs émissions – dont Football Focus et Final Score. “La BBC ne pourra proposer qu’une programmation sportive limitée ce week-end et nos horaires seront mis à jour pour refléter cela”, a communiqué la BBC.
Samedi soir, le patron de la chaîne britannique, Tim Davie, a pris la parole en affirmant que “la réussite serait que Gary revienne à l’antenne et qu’ensemble nous offrions au public une couverture sportive internationale”, tout en excluant de démissionner de son poste.
Le ministre des Finances, Jeremy Hunt, a contre-attaqué ce dimanche matin en rappelant qu’il voulait que “la BBC conserve sa réputation d’indépendance et d’impartialité”. “Lorsque vous m’interviewez, les gens doivent savoir que vous le faites au nom du public, et non pour des raisons politiques”, a-t-il lancé, en faisant référence à d’autres épisodes.
Pendant la couverture du Brexit, la BBC a notamment été vivement critiquée par les conservateurs qui accusaient la chaîne d’avoir agi de manière biaisée et de s’intéresser aux élites urbaines plus qu’aux classes populaires. Le gouvernement a d’ailleurs gelé la redevance de la chaîne pour deux années.
Reste désormais à voir qui aura le dernier mot : le gouvernement britannique ou l’ancien footballeur, que la BBC cherchera à réintégrer le plus vite possible pour éteindre l’incendie ? Quoi qu’il en soit, Lineker “ne reviendra jamais sur ses paroles”, selon son fils Georges, cité dans le Mirror. Pour rappel, le texte gouvernemental, qui vise à mettre fin à l’arrivée illégale de migrants par la Manche, a été dénoncé par l’ONU qui a accusé Londres de vouloir “mettre fin au droit d’asile”.