Rencontre avec Cyril Ngonge, deuxième meilleur buteur belge de Serie A : “Et pourtant, je ne voulais pas venir ici”
Même s’il rêve d’Angleterre, Cyril Ngonge a rejoint Vérone en janvier dernier.
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Publié le 31-03-2023 à 08h46
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Vérone. Le nord de la Botte, à mi-chemin entre Milan et Venise. C’est là-bas, dans la cité de Roméo et Juliette, qu’a déposé ses valises le dernier venu de la petite tribu belge du championnat italien : Cyril Ngonge (22 ans). Le sympathique attaquant de l’Hellas Verone a pris le temps de discuter avec nous sur le trajet entre le centre d’entraînement et son domicile. À bord de sa berline allemande. “Ça va, elle roule bien, sourit-il. C’est une ville vraiment très chouette. Et j’admets que j’ai eu un coup de cœur pour l’Italie.”
Vous n’étiez pourtant pas destiné à signer à Vérone.
”Pour être totalement honnête, je ne voulais pas venir ici. J’avais d’autres options, notamment en Angleterre ou en France. Et l’Italie était ma dernière option.”
C’est vrai ?
”Oui, mais simplement parce que je ne m’y étais pas intéressé plus que ça. Je ne regardais pas vraiment le football italien. Mais nous avons discuté avec mon père et il m’a convaincu que c’était le bon choix à faire. Et aujourd’hui, je ne regrette absolument pas. Je suis même content d’être venu ici.”
D’autant que vos débuts étaient rêvés : deux buts en deux titularisations, soit un but de moins que Romelu Lukaku cette saison.
”C’est clair que ça aurait pu être pire (rires). Je me suis très vite accommodé à ce championnat et à cette manière de jouer. Et c’est en grande partie grâce à mes coéquipiers et à l’entraîneur qui ont tout fait pour me mettre à l’aise dans ce groupe qui est vraiment top. Je me suis donc vite intégré, même si on joue complètement différemment qu’en Belgique ou aux Pays-Bas. Ici, chacun tient son homme sur tout le terrain et on le marque durant tout le match. Et en tant qu’attaquant, ça ne me dérange pas. D’autant plus que deux tiers des adversaires jouent avec trois défenseurs, donc ça signifie que le joueur sur qui je dois défendre n’est pas celui qui va déborder ou s’aventurer en attaque.”
Vous êtes ici sous contrat jusqu’en 2024, avec une option pour prolonger. C’est votre but ?
”Je me sens très à l’aise ici, mais j’ai aussi envie d’atteindre mes objectifs. Pour le moment, je me concentre uniquement sur ma tâche pour aider l’équipe à se maintenir en Serie A.”
“Mon père m'a convaincu que c'était le bon choix à faire.”
Ce qui ne sera pas évident. Vous avez 5 points de retard sur le premier non relégable…
”Oui. D’autant que nous devons encore affronter la Juventus, l’AC Milan, l’Inter ou encore Naples. On aura des beaux matchs, mais il faudra être costaud.”
En cas de descente en Serie B, ça remettrait en cause votre séjour ici ?
”Le club est aussi conscient que je ne suis pas un joueur avec le profil pour le Serie B. Je ne dis pas ça pour être prétentieux, mais les équipes de D2 ont besoin d’un autre type de joueur pour remonter en Serie A. Il faut des gars plus expérimentés, qui ont déjà vécu la relégation et la remontée. Et en cas de relégation, le club aura certainement besoin de vendre quelques joueurs. Mais ce n’est pas ce qui est dans ma tête pour le moment. Avec tout ce qu’ils m’ont donné, j’ai juste envie de leur rendre en contribuant pour essayer de rester en Serie A.”

Revenons un instant sur votre première partie de saison à Groningue. Vous avez été suspendu et écarté du groupe pour des raisons disciplinaires. Que s’est-il passé ?
”Il y a eu beaucoup de paroles et de non-dit. Et différents journalistes qui ont écrit de fausses informations, sans que le club ne réagisse pour démentir. Je n’ai pas non plus senti de soutien de la part du club. Là-dessus, je blâme un peu le mauvais management. Mais la décision n’était pas que celle du club. Déjà en octobre, mon agent avait demandé qu’on me libère en décembre. Ce qu’ils ont refusé. Mais finalement, il y a eu ces histoires de sanctions et ça a en réalité facilité mon départ avec un accord à l’amiable.”
C’était un peu un mal pour un bien.
”Oui. C’est comme ça que je l’ai vécu et c’est ce que mon père m’a répété plusieurs fois.”
On dirait que votre papa Michel Ngonge a une place énorme dans votre carrière.
”Bien sûr. On s’appelle tous les jours. C’est la personne avec qui je parle le plus. Il a un profond respect de ma part pour tout ce qu’il a fait durant sa carrière. Tous les pères n’ont pas joué en Premier League comme lui. Je profite beaucoup de son expérience et il m’aide aussi à éviter des erreurs que lui a faites lorsqu’il était jeune.”
“Mon rêve, c'est de jouer à Arsenal.”
Quand vous êtes né, en mai 2000, il jouait aux Queens Park Rangers. Vous avez donc vécu à Londres ?
”Oui, pendant deux ou trois ans. Puis, nous sommes partis en Écosse puisqu’il a joué à Glasgow.”
On se dit donc que votre rêve est de jouer en Premier League, comme votre papa ?
”Moi, mon rêve c’est de jouer à Arsenal.”
Pourquoi ? Vous étiez fan de Thierry Henry pendant votre jeunesse ?
”Parce que toute ma famille est fan d’Arsenal. Mes cousins, mon père, mon frère, mon oncle… C’est quelque chose qui est ancré chez nous, et j’ai toujours trouvé que ce club était le plus beau d’Angleterre. La manière de jouer, son maillot, son stade, ses supporters… Et tout ce que représente ce club. Je garde toutefois les pieds sur terre. Je suis très réaliste et la Premier League n’est même pas dans ma tête pour l’instant.”
Comment vous voyez la suite alors ?
”J’aimerais bien faire une autre étape en Italie. Je me sens bien ici et j’apprécie le championnat. Si on reste en Serie A, pourquoi pas continuer à Vérone pour me confirmer. Sinon, j’ai envie de terminer fort la saison pour viser un club un peu supérieur en Serie A. Et ensuite, peut-être aller jeter un œil vers l’Angleterre. Mais pas pour le moment.”

Dans l’actualité, on parle beaucoup des Diablotins qui disputeront l’Euro dans moins de trois mois. Vous avez encore l’âge d’être dans ce groupe, mais vous n’y êtes jamais allé.
”Le sélectionneur (Jacky Mathijssen) était aussi mon entraîneur avec l’équipe belge U19. Mais il ne m’a jamais appelé. Je ne sais pas pourquoi… Ça aurait été un plaisir et une fierté d’y être et de participer à l’Euro. Maintenant, je vois aussi que les joueurs de mon âge qui visent plutôt l’équipe première. Donc je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas comme eux, d’autant plus que je suis en Serie A maintenant. Chez les Diables, il y a pas mal de changements avec des joueurs vieillissants, donc pourquoi pas un jour.”
Comme votre ancien coéquipier au Club Bruges, Loïs Openda.
”J’ai passé plusieurs saisons avec lui en U21, en U19. Et aussi dans les sélections nationales. Lorsque nous étions à Bruges en U21, nous étions les deux attaquants de pointe. J’avais mis 13 buts et lui 14, si ma mémoire est bonne. Mais pendant la saison, c’était très compétitif entre nous. Chacun voulait marquer plus que l’autre. Aujourd’hui, je suis très content pour ce qui lui arrive.”
En Italie, vous croiserez aussi un autre ancien partenaire brugeois : Charles De Ketelaere.
”Nous avons joué ensemble en Espoirs puis en équipe première à Bruges. C’est un super gars et un très bon joueur. J’avoue que ça m’attriste de voir qu’il ne parvient pas à s’accommoder au championnat italien vu ses qualités. J’espère que ça va aller pour lui. Je jouerai contre lui lors du dernier match de la saison.”
En attendant, il y a un déplacement sympa à la Juve samedi. Mais vous revenez tout juste d’une blessure à la cheville.
”J’ai surtout été touché au tendon d’Achille en fait. C’est un endroit sensible. Je cours désormais sans douleur et il y a des chances pour que je puisse revenir dans le groupe pour samedi. Si pas, ce sera pour le prochain match, contre Sassuolo. J’aime bien jouer contre les grosses équipes, car ce sont des matchs plus ouverts. Et en général, je marque plus facilement dans ces cas-là.”