Dieumerci Mbokani s'explique sur son transfert au Koweït: “Mon rêve de rejouer un jour à Anderlecht est terminé”
Depuis Kinshasa, Dieumerci Mbokani évoque son étonnant transfert au Koweït mais aussi ses déceptions à l’Antwerp et au RSCA.
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Publié le 13-07-2021 à 16h21 - Mis à jour le 13-07-2021 à 18h49
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Le soleil brille dehors mais Dieumerci Mbokani n’est pas encore au Koweït, où il a signé un contrat deux ans au Koweït Sporting Club. C’est depuis la veranda de sa maison à Kinshasa qu’il répond via Facetime. Après 304 matchs en Pro League (et 150 buts), l’attaquant de 35 ans a sans doute dit adieu au championnat de Belgique.
Peut-on vous avouer qu’on trouve ce transfert au Koweït étonnant ?
"Oui, je comprends. Mais j’ai bien réfléchi avant de signer. La première offre que j’ai reçue du Koweït date déjà d’il y a un mois. J’avais aussi des options en Turquie et au Qatar, des pays plus connus en matière de foot. Puis j’ai pensé : et pourquoi pas ?"
On aurait sans doute pensé la même chose avec un salaire de deux millions net par an.
"(Rires) Je ne vais pas dévoiler mon salaire mais les chiffres sont effectivement très intéressants. C’était une offre que je ne pouvais pas refuser. Certainement pas à mon âge. Je dois penser à ma famille."
N’avez-vous pas gagné assez pendant vos 15 premières années chez les pros pour ne pas devoir faire ce genre de transfert en fin de carrière ?
"Ah oui (sourire) ? En fait, vous avez raison. Je ne peux pas me plaindre. Mais ce que je peux recevoir au Koweït, c’est quand même encore d’un autre niveau."
La situation géographique du Koweït, juste au sud de l’Irak, ne vous effraie pas ?
"Vous voulez dire que c’est une région dangereuse ? Bah, j’ai aussi joué à Kiev quand la guerre a éclaté (NdlR : en 2014). Les conditions étaient tout sauf agréables à ce moment-là. De ce que je sais, c’est tranquille au Koweït."
Votre femme Marlène était d’accord avec ce départ lointain ?
"On a toujours tout décidé ensemble. Et là aussi. Il faut voir les bons côtés. Comme par exemple que le soleil brille tous les jours, comme à Kinshasa (sourire)."
Votre famille va vous accompagner ?
"Non, ma femme et mes deux enfants Jess (11 ans) et Bradley (8 ans) viendront me voir au Koweït seulement pendant les vacances. Ils vivront à Bruxelles et à Monaco. C’est mieux pour leur scolarité. Dans l’idéal, j’aurais aussi aimé rester en Belgique. C’est pour ça que j’ai encore attendu quand l’offre du Koweït est arrivée, dans l’espoir que ça fasse réagir l’Antwerp. Mais à un moment, ce n’était plus possible de patienter."
L’Antwerp vous a fait une offre, non ?
"Oui, je pouvais resigner pour un an mais à des conditions insuffisantes. Ce n’était pas intéressant. Je trouvais même que c’était un manque de respect après tout ce que j’ai fait pour ce club. Attention, je suis quand même reconnaissant. Je considère l’Antwerp comme ‘mon’ club. Le président, sa femme qui aimait tant me voir jouer, mais aussi Luciano (D’Onofrio), Sven (Jaecques), Katharine (Viaene)… Ils ont tous tout fait pour que je me sente comme à la maison. Mais je ne peux mentir : je suis déçu que la direction n’ait pas fait d’effort particulier pour moi."
Qu’allez-vous retenir de vos trois saisons à l’Antwerp ?
"Le match qui me vient en premier à l’esprit, c’est celui contre Charleroi (en mai 2019) quand je marque deux fois et que le club assure sa qualification européenne. Le stade a explosé. J’ai aussi été meilleur buteur et Soulier d’Ébène avec le maillot de l’Antwerp. Le seul moment négatif, c’était ma blessure au début de l’année. J’ai raté dix matchs. Et vous savez à quel point je deviens fou quand je ne peux pas jouer…"
En parlant de folie, parlez-nous de votre désormais ex-équipier Didier Lamkel Zé.
"Ah, Didier (sourire). Je le considère comme mon petit frère. Combien de fois il ne m’a pas appelé pour jouer à la PlayStation. J’espère que le président et lui trouveront un accord. Il a encore deux ans de contrat mais le mieux, c’est qu’il s’en aille. Je trouve que le président doit pouvoir comprendre ça. Continuer dans ces conditions n’a pas beaucoup de sens."
Vous avez parlé de l’Antwerp mais pas encore d’Anderlecht.
"Je n’ai pas très envie de parler d’Anderlecht."
Peter Verbeke a dit que vous ne conveniez pas à l’Anderlecht actuel. Cela vous a blessé ?
"Bah… Peter sait très bien ce que j’aurais encore pu apporter à Anderlecht. Il m’a d’ailleurs téléphoné, ce n’était pas pour rien. Mais le contenu de la discussion restera entre nous. Mon rêve de revenir au Sporting comme joueur est fini. Mais on ne sait jamais ce que je pourrais apporter au club dans le futur. Je suis en train de lancer mon académie au Congo. Qui dit qu’à terme je n’amènerai pas des talents africains à Anderlecht ?"
En attendant, on vous laisse profiter de vos congés à Kinshasa. Quand êtes-vous attendu au Koweït ?
"Fin juillet pour le début de la préparation. Le championnat ne reprend qu’en septembre. Ça me laisse encore du temps pour profiter de la vie. Mais je ne me laisse pas aller non plus. J’ai un tapis de course et un vélo d’appartement. J’y vais tous les matins."