Kanu, les larmes italiennes et la brouille avec Kita : six choses à savoir sur Randal Kolo Muani
Six choses à savoir sur Randal Kolo Muani, auteur du deuxième but français face au Maroc.
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Publié le 16-12-2022 à 08h14
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Quarante-quatre secondes, montre en main. Si l’Uruguayen Richard Morales (16 secondes en 2002) et le Danois Ebbe Sand (26 en 1998) ont marqué plus vite en sortant du banc que lui l’a fait face au Maroc, Randal Kolo Muani (24 ans, quatre sélections), rappelé en équipe de France après le forfait de Christopher Nkunku, a confirmé que tout allait très vite avec lui. Pour ajouter un nouveau chapitre à une histoire déjà peu ordinaire. La preuve.
L’autre kid de Bondy
Si la ville de Bondy est étroitement associée à Kylian Mbappé qui y a passé sa jeunesse, Kolo Muani, lui, y est né 15 jours très exactement avant son partenaire qui a vu le jour à Paris. Si le potentiel de Mbappé a très vite été détecté, celui de cet enfant d’une famille congolaise qui a grandi à Villlepinte a mis plus de temps à se dévoiler. Touché par la maladie d’Osgood Schlatter qui l’a empêché de jouer durant un an à l’adolescence en raison d’un pic de croissance (il mesurait déjà 1,75 m à 14 ans contre 1,87 désormais) au point d’être relégué en U15B, Kolo Muani a notamment été recalé par l’INF Clairefontaine.
Des larmes en Italie
Été 2015. L’attaquant a 16 ans et vient de boucler une saison intéressante à l’US Torcy en U17 nationaux. Il profite de ses vacances pour mettre le cap sur l’Italie. Au menu, des essais. D’abord à Cremonese en Serie C. Puis à Vincenza qui évolue un cran plus haut. “Pour le foot, j’étais prêt à aller jusqu’en Australie, a-t-il expliqué dans So Foot. J’étais déterminé.”
Après un mois de préparation, l’attaquant déchante. “Mon père ne le sent pas. Il est au bled et m’appelle : qu’est-ce qui se passe ? Ils parlent de contrat et tout. Il me demandait ce que c’était mais je ne connaissais rien. Je voulais à tout prix rester, je commençais à sortir des mythos comme : ‘C’est un an, ne t’inquiète pas’. Il m’a dit : ‘Ce n’est pas clair tout ça’, a raconté le joueur à Vista. Mon père est grave focus sur l’école. Il m’a dit que je devais rentrer car l’école reprenait. J’ai dit : ‘Non, je ne veux pas rentrer’. Il m’avait pris un billet de train pour le lendemain à 10h. J’ai pleuré toute la nuit, fin du rêve. Je me suis dit : ‘Qu’est ce que je vais faire ?’ Je vais repartir à l’école. Le foot, c’était fini entre guillemets.”
Vahid et la lettre de motivation
À son retour en région parisienne, l’attaquant n’a plus de club et s’entraîne à Neuilly-sur-Marne. Où un recruteur du Stade Rennais le repère. RKM fait impression pendant une semaine. Problème : les Bretons ont en Adama Diakhaby un joueur du même profil. Mais qui n’a pas percé après être passé par Monaco, Huddersfield ou encore Amiens. Kolo Muani s’en va pour Nantes où son essai est concluant et validé par une lettre de motivation qu’il doit adresser au club qu’il rejoint donc chez les U19 en novembre 2015. Passé pro en juin 2017, il grimpe progressivement les échelons. Jusqu’à être lancé par un certain Vahid Halilodzic en janvier 2019. Avant de le titulariser pour la première fois, l’ancien grand attaquant nantais prouve qu’il sait aussi tacler : “Entre lui et moi, j’ai choisi lui, je n’avais pas d’autres solutions.”
Exclusions et explosion à Boulogne
Juin 2019. Pour engranger de l’expérience, le Francilien est prêté à Boulogne-sur-Mer grâce à l’œil aguerri de l’ancien milieu nantais Aurélien Capoue qui l’a repéré avec la réserve. Sur la Côte d’Opale, Kolo Muani subjugue un certain Laurent Guyot. Comme il l’explique dans L’Équipe, l’ancien entraîneur du Cercle est conquis après la première séance de sa recrue quand il lance à sa direction : “On va avoir un problème, il n’a rien à faire chez nous.”
La saison de l’explosion en dépit de ses exclusions : deux sur ses cinq premières apparitions. Avec au final 14 apparitions pour trois buts, cinq passes décisives et trois penaltys provoqués pour compenser.
Cinq fois moins payé qu’Emond et Limbombe, brouillé avec Kita
Si sa valeur marchande est désormais estimée à 30 millions d’euros, Kolo Muani a quitté Nantes pour Francfort totalement libre l’été dernier. L’épilogue d’un long feuilleton avec le truculent président des Canaris Waldemar Kita. Dans un club où les salaires de Renaud Emond et Anthony Limbombe étaient estimés à 75 000 euros mensuels, Kolo Muani touchait cinq fois moins, soit 15 000 euros, alors qu’il s’était installé dans la peau d’un titulaire depuis son retour de prêt de Boulogne. Dans cette histoire, Kita a communiqué à sa manière : “On m’a un peu pris pour un con”. Quand son attaquant a reconnu dans L’Équipe qu’il “aurait aimé partir autrement”, même s’il a quitté le club sur une victoire en Coupe de France.
Henry l’a comparé à Kanu
Septembre 2021. Nantes s’impose à Angers 1-4 avec un petit chef-d’œuvre de son attaquant qui, sur une feinte de corps, cloue deux défenseurs au sol. De quoi enthousiasmer un certain Thierry Henry au micro d’Amazon Prime. “Oh, ok, hum… Nwankwo Kanu. Ah, oui, j’aime beaucoup. Nwankwo Kanu ! Je dis toujours : dans la surface, tu as du temps. Le patron, c’est toi. C’est toi qui as la balle, ne panique pas, il n’a pas paniqué. Bravo”, lance l’ancien adjoint de Roberto Martinez dans une séquence assez drôle.
La réponse du buteur sur RMC trahit sa naïveté : “Mon frère m’a envoyé la vidéo. J’ai directement cherché sur Internet. J’étais un peu trop jeune quand ce joueur jouait. Cela m’a fait vraiment plaisir. J’étais très content. C’est franchement incroyable.”