Emiliano Martinez à la folie : un match dantesque, une célébration grotesque
Le gardien argentin, élu meilleur portier du tournoi, a réalisé un arrêt exceptionnel devant Kolo Muani en toute fin de match et a arrêté le tir au but de Coman. Puis il a dérapé dans l’émotion.
Publié le 19-12-2022 à 06h29
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C’était la Coupe du monde des gardiens. Celles de Hugo Lloris (France), de Yassine Bounou (Maroc) ou de Dominik Livakovic (Croatie), les portiers du dernier carré. Mais à la fin, c’est Emiliano Martinez qui a soulevé le trophée. Ou plutôt les trophées. Celui de champion du monde, évidemment, mais aussi celui de meilleur gardien du tournoi. Une consécration pour le portier de 30 ans, formé à Independiente et dont la carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Entre ses multiples prêts contrastés par Arsenal (à Sheffield Wednesday, Rotheram, Wolverhampton, Getafe et Reading) et ses 38 petites apparitions sous le maillot des Gunners en dix ans, il a su faire preuve de patience.
Encore une fois le héros national
Il a finalement été récompensé de cette attente en rejoignant Aston Villa, en 2020, là où il a fait rimer stabilité avec qualité. Ce qui lui a permis de faire ses débuts en sélection argentine en juin 2021, juste avant de remporter la Copa America face au Brésil au terme de prestations exceptionnelles. On pense notamment à cette demi-finale face à la Colombie durant laquelle il avait tout arrêté, dont trois tirs au but.
Un an et demi plus tard, celui qui est considéré depuis lors comme un héros national a récidivé, en étant l’auteur d’un Mondial XXL. Et d’une finale tout aussi grande. Son arrêt incroyable d’assurance (peut-être l’arrêt du Mondial) face à Kolo Muani en toute fin de prolongations lui a donné une confiance énorme au moment d’entamer sa deuxième séance de tirs au but du tournoi, après celle face aux Pays-Bas, durant laquelle il avait arrêté les frappes de van Dijk et De Berghius, mettant les siens vers la voie royale de la qualification. Face aux Français, il s’est encore une fois dressé. Comme un mur. Battu pour la troisième fois par l’incroyable Mbappé en ouverture de séance, Martinez a ensuite démontré tout son talent face à Coman, en stoppant le penalty du joueur du Bayern. Puis il a mis suffisamment de pression à Tchouaméni pour que ce dernier manque le cadre en tant que troisième tireur. Après cela, Paredes et Montiel n’ont plus eu qu’à terminer le travail commencé par leur gardien.
Une personnalité unique et atypique
Un gardien dont la personnalité ne laisse pas indifférent. Martinez n’est pas du genre à rester entre ses perches bien sagement. Il encourage ses équipiers, il met la pression sur ses adversaires et il a cette capacité à décontenancer ceux qui s’élancent en face de lui par ce que certains appelleront du cinéma. Mais ce jeu d’acteur fonctionne chez celui qui ne devrait pas quitter Aston Villa, avec qui il est sous contrat jusqu’en 2027.
Ce qui caractérise enfin Emiliano Martinez, c’est aussi cette confiance en soi et cette folie. La première s’est exprimée par des mots, ce dimanche soir. “J’étais tranquille avant la séance de tirs au but et tout s’est déroulé parfaitement comme on le souhaitait. Tout ce dont j’avais rêvé s’est réalisé”, a-t-il précisé tout sourire lors de son interview d’après-match. La seconde s’est exprimée par un geste, aussi déplacé que spontané. Au moment de recevoir son trophée de meilleur portier du tournoi, l’Argentin s’est laissé aller à une célébration qu’on qualifiera d’obscène. Ce qui n’a pas beaucoup fait rire les officiels qataris présents, mais qui a bien fait marrer ses équipiers. Qui n’ont que deux mots à lui dire : "merci Emi".
