24 heures du Mans 2023 : Ben Keating, le gentleman driver le plus rapide du monde
Le quinquagénaire américain est le principal rival de Sarah Bovy en GTE-Am.
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- Publié le 08-06-2023 à 16h30
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C’est l’histoire d’un vendeur de voitures qui se retrouva presque par hasard au volant d’un bolide de compétition. Depuis plusieurs années déjà, Ben Keating est l’incarnation du gentleman driver éclairé.
Ce patron d’entreprise mordu de courses, disposant d’un petit trésor financier mais qui tâche de faire les choses bien et d’écraser l’accélérateur à bon escient. Ben Keating est assurément le pilote dit “bronze” que toutes les équipes rêvent d’avoir. Aussi actif sur l’ancien que sur le nouveau continent, l’Américain passe régulièrement du GT au proto, et vice versa. Il est aujourd’hui la principale menace de Sarah Bovy dans la catégorie GTE-Am.
Le Texan a le parcours typique du passionné qui s’est découvert une vocation de pilote sur le tard.
“Pour mon Noël, ma femme m’a offert une journée en track day en 2006, nous a confié Keating autour d’un… boulet liégeois-frites. J’avais emprunté une des Dodge Viper de la concession que je possédais. La voiture était neuve et dès mon premier tour, je me suis retrouvé sans freins et j’ai volé dans l’herbe ! Je ne savais pas qu’il fallait pomper la pédale de frein après un passage sur un vibreur. Mais ensuite, j’ai participé à des courses club en Viper. Les débuts étaient assez dramatiques car j’avais souvent des abandons sur accident. Mais je ne me suis pas découragé et j’ai fini par gagner des courses.”

Rapidement, Ben s’est pris au jeu et la machine allait progressivement s’emballer. “Un beau jour, Kevin Buckler, le patron du team TRG, m’a appelé… alors que je ne lui avais jamais donné mon numéro, poursuit-il. Il souhaitait que je fasse les 24 Heures de Daytona 2011 sur une Porsche avec un certain Lucas Luhr, ex-pilote officiel Audi, comme équipier. Ensuite, j’ai fait l’American Le Mans Series, puis le championnat SportsCars IMSA. D’abord sur une 911 GT3, puis sur la nouvelle Viper GT3 qui venait de sortir. En tant que vendeur de Viper et fan du modèle, ce n’était que pure logique.”
”Je pensais que les 24 Heures avaient lieu dans le centre-ville !”
Les 24 Heures du Mans étaient logiquement la prochaine étape du voyage du gentleman driver texan.
“J’ai d’abord assisté à la course en spectateurs en 2014. Une vraie aventure ! J’ai pris un train le samedi depuis Paris jusqu’au Mans… et je suis arrivé dans une ville fantôme ! Il n’y avait pas un chat ! Je pensais que la course avait lieu dans le centre-ville ! Mais dès l’année suivante, j’ai participé à la course avec une Viper GTS-R que je partageais notamment avec Jeroen Bleekemolen. J’ai trouvé un accord avec Détroit pour en utiliser une. Ça s’est bien passé puisqu’on a occupé les avant-postes en GTE-Am avant d’abandonner. Je suis ensuite passé en LMP2, d’abord sur l’Oreca du Murphy Prototypes qui était un team de kermesse, ensuite sur une Riley-Gibson qui était la plus mauvaise des LMP2. Je suis donc revenu en GTE-Am. En 2019, j’ai gagné sur une Ford GT mais nous avons été déclassés pour un volume de carburant non-conforme. L’an dernier, j’ai gagné sur une Aston Martin TF Sport et cette année, je roule sur l’unique Corvette C8-R engagée.”

En 2023, Keating partage une voiture américaine avec le Néerlandais Nick Catsburg et l’Argentin Nicolas Varrone. Aujourd’hui à la tête d’un réseau de 28 concessions automobiles avec un chiffre d’affaires annuel de trois milliards de dollars, notre homme est assis sur une petite fortune. “Je mets la main au portefeuille mais GM nous aide également sur le côté, confirme Ben. Je suis très content d’être chez Corvette Racing. L’équipe fait des pitstops de fou alors qu’avec TF Sport, on perdait toujours un peu de temps.”
À Daytona, on le voit souvent sauter d’une GT à une LMP2. Peut-il en faire autant dans la Sarthe ? “Non, parce qu’on roule à trois et non à quatre comme en Floride, et parce qu’il y a un temps de roulage minimal imposé au gentleman driver. Cela signifierait que je devrais passer au moins douze heures derrière le volant, ce qui est physiquement difficilement tenable.”
Verrons-nous un jour Keating au départ des 24 Heures de Spa, d’autant qu’une Corvette GT3 vient d’être présentée ? “Spa-Francorchamps est un magnifique circuit mais courir en GT World Challenge ne m’intéresse pas. C’est trop politique car il y a trop de constructeurs. La Balance de Performances change donc pour un oui ou pour un non. Or, savoir que je ne dispose pas des mêmes chances que mon rival me rend dingue. En GTE, il n’y a que Ferrari, Porsche, Aston Martin et Corvette. Cela signifie que la BoP et donc les débats sont plus équilibrés.”
