Les 100 ans des 24 heures du Mans : six victoires classées “Ickx”
Évocation des six succès qui ont fait de Jacky Ickx à jamais “Monsieur Le Mans”
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- Publié le 08-06-2023 à 10h22
- Mis à jour le 08-06-2023 à 11h09
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Jacky Ickx, c’est les 24 heures du Mans. Et les 24 heures du Mans, c’est Jacky Ickx. Le plus grand pilote belge de tous les temps a marqué au fer noir-jaune-rouge l’épreuve mancelle. À un tel point que bien après la fin de sa carrière, Jean Graton a même imaginé un come-back de Jacky au volant d’une Sauber-Mercedes en 1992 pour donner la réplique aux Vaillante et aux Leader dans “Une histoire de fous”. Ickx, c’est bien entendu six victoires mancelles, tantôt acquises avec panache, tantôt acquises avec domination. Favori ou outsider, Jacky a su trouver à chaque fois le chemin de la victoire pour devenir à jamais Monsieur Le Mans. À cette occasion, nous vous rappelons les six triomphes de Jacky dans la Sarthe, chacun ayant sa signification et son histoire. Et ainsi, il continue de marquer les esprits, génération après génération. Et ça, notre pays en est fier.
1969 : le rebelle victorieux
Fortement touché par les disparitions de Willy Mairesse et Lucien Bianchi, Jacky a marqué son opposition contre le départ type “Le Mans” où les pilotes traversent la piste pour rejoindre leurs voitures en épi… sans prendre le temps boucler leur ceinture. Au moment du départ, le Belge fait un geste choc qui restera dans les moments marquants de l’histoire de la course : il traverse la piste en marchant calmement, prend le temps de correctement se sangler, démarre le 4,7L et pour s’élancer bon dernier. La suite est connue avec une victoire de la Ford GT40 n°6 de Ickx-Oliver pour 140 mètres d’avance sur la Porsche 908 de Herrmann-Larrousse. Ayant par la suite couru sur Porsche et toujours lié à la marque allemande, Jacky en plaisante aujourd’hui. “C’est bizarre. Chez Porsche, on ne parle jamais de mon succès de 1969… Il est vrai qu’il avait privé la firme allemande d’une première victoire sarthoise au classement général cette année-là.

1975 : ce n’est pas un mirage
L’édition 1975 des 24 Heures du Mans est marquée par la crise pétrolière qui incite les organiseurs à imposer des mesures drastiques en consommation de carburant. Dans ces conditions, le frugal V8 Cosworth DFV devient le moteur idéal face aux tonitruants Flat-12 Porsche. Cela tombe bien, le bloc instauré huit ans plus tôt en F1 sur les Lotus 49 équipe la Mirage GR8 de Jacky Ickx et de son équipier anglais Derek Bell. La course ne sera toutefois pas un long fleuve tranquille pour le duo qui mènera la majorité de l’épreuve mais perdra du temps pendant la nuit suite à un échappement cassé. Ickx et Bell offrirent ainsi une dernière victoire à l’équipe de John Wyer, indissociable des couleurs Gulf, qui allait se retirer de la compétition l’année suivante.

1976 : un petit doigt de Martini
Jacky signe chez ses anciens dauphins de 1969 à partir de 76 : Porsche ! La règle de consommation d’essence levée et les Groupe 5 acceptées, les Allemands en profitent pour amener trois nouveaux monstres dans la Sarthe : une 935 Moby Dick et deux barquettes 936. Ickx se retrouve sur un des protos engagés avec le Hollandais Gijs Van Lennep comme équipier. Après l’illusion de l’Alpine de Jabouille-Tambay-Dolhem en début de course, la 936 n°20 finira par s’installer en tête pour creuser une confortable avance et ce malgré un changement de turbo. La Porsche aux couleurs du Martini Racing s’imposera avec… 11 tours d’avance, soit l’équivalent de 130 kilomètres, sur la Mirage-Ford des Français Jean-Louis Lafosse et François Migault.

1977 : de l’abandon à la victoire
Un autre succès qui a forgé la légende du Maître Ickx. Et pourtant, celui qui a alors trois succès dans la Sarthe était à deux doigts replier bagages dès samedi soir quand la Porsche 936 qu’il partage avec Henri Pescarolo voit son moteur rendre l’âme. L’état-major allemand les transfère pendant la nuit sur la voiture sœur de Jurgen Barth et Hurley Haywood, dans les abysses du classement suite à des problèmes d’allumage. À la lueur des phares, Jacky explose les chronos et multiplie les relais, à un tel point que la 936 n°4 se retrouve en tête au petit matin avec une belle avance. Mais à 3 heures de l’arrivée, le six cylindres à plat de la Teutonne devient… un cinq cylindres. Jurgen Barth fera les deux derniers tours réglementaires au ralenti pour offrir à Porsche, Ickx et Martini Racing une deuxième victoire d’affilée. Assurément une des plus mémorables.

1981 : Quelle retraite ?
Pour un retraité, ce n’est pas si mal ! En 1981, Jacky se laisse convaincre de reprendre le volant de la toujours verte Porsche 936 aux côtés de son vieil ami Derek Bell. Avec sa déco blanche aux couleurs de Jules, la barquette allemande ne passe pas inaperçue dans le peloton. L’affiche de ces 24 Heures vaut le détour puisque Rondeau remet sa victoire en jeu face à Porsche tandis que les WM-Peugeot sont en embuscade ! Mais il devait être écrit que la firme de Stuttgart et le duo Ickx-Bell seraient souverains. À 21h, la 936 n°11 a déjà 4 tours d’avance sur ses rivales. Et ni deux crevaisons ni un premier rapport récalcitrant n’empêcheront Jacky de remporter une cinquième victoire mancelle. C’est un nouveau record pour « Mr. X » qui efface son illustre compatriote Olivier Gendebien mais aussi Henri Pescarolo des tablettes.

1982 : la der des ders
Hasard de dates, la dernière victoire de Jacky Ickx intervient l’année de l’introduction des fabuleuses Groupe C aux 24 Heures du Mans. Porsche amène dans la Sarthe trois nouvelles 956 à effet de sol qui vont rapidement se révéler les armes absolues au Mans. Les protos allemands ne laissent pas la moindre chance à la concurrence. Si les Rondeau et la Ford-Zakspeed de Ludwig-Surer-Winkelhock feront illusion en tout début d’épreuve, les Porsche récupéreront vite les avant-postes pour réaliser un plantureux quintuplé, les 956 de Ickx-Bell, Mass-Schuppan et Haywood-Holbert-Barth trustant le podium tandis que deux anciennes 935 complètent le Top 5. Après cette victoire, Ickx continuera à courir en sports prototypes jusqu’en 1985 avant de se consacrer au dernier grand chapitre de sa carrière : les rallyes-raids.
