Jean-Pierre Jabouille, le pilote qui a fait gagner le turbo en F1, nous a quittés

Celui qui fut le pilier de la première aventure Renault en F1 avait 80 ans.

Très malchanceux en F1, Jean-Pierre Jabouille est à jamais resté populaire chez les fans français grâce à sa victoire historique à Dijon en 1979.
Très malchanceux en F1, Jean-Pierre Jabouille est à jamais resté populaire chez les fans français grâce à sa victoire historique à Dijon en 1979. ©xpbimages.com

Il aurait mérité plus de succès au cours de sa carrière mais son nom restera à jamais associé à l'incroyable épopée Renault-Turbo en F1. C'est en effet lui qui est parvenu à imposer une technologie à laquelle personne ne croyait, hormis quelques frenchies bornés. Jean-Pierre Jabouille était une figure-clé du losange mais aussi du sport automobile français, lui qui a couru quand la Formule 1 était plus "bleue" que jamais avec des noms comme Pironi, Tambay, Laffite, Depailler, Prost, Arnoux ou encore Jarier. Ce grand blond parisien, fils d'architecte, n'a pas le palmarès le plus étoffé mais son pays lui doit beaucoup.

Révélé par la mythique coupe R8 Gordini, Jabouille fait alors partie des jeunes français à suivre. Roulant tantôt pour Matra tantôt pour Elf ou encore Alpine, il est incontournable en monoplace et en sports-protos dans les années 70. C'est d'ailleurs grâce au pétrolier français et François Guiter qu'il disputera son tout premier Grand Prix de F1, au Paul Ricard en 1975, sur une Tyrrell. Courant pour Alpine en endurance, l'officine normande lui confie alors un projet fou : piloter une F1 équipée d'un moteur... turbocompressé. Du jamais vu ! Ingénieur de formation, Jean-Pierre va jouer ses talents de metteur au point redoutable pour assainir une monoplace dont le turbo met encore de longue secondes à répondre. Le bolide noir sera finalement renommé Renault quand la Régie fusionne Alpine et Gordini pour former Renault-Sport.

Jabouille et la fameuse "théière jaune" : une aventure folle pour le meilleur et pour le pire.
Jabouille et la fameuse "théière jaune" : une aventure folle pour le meilleur et pour le pire. ©DR

C'est finalement en mai 1977 que la Renault RS01 est présentée à la presse. Elle fait ses débuts à Silverstone où les Anglais ne tarderont pas à la surnommer "yellow tea pot" pour son habitude à revenir fréquemment à son stand dans un épais nuage de fumée. Mais "JPJ" et la bande d'ingénieurs ne vont pas baisser les bras malgré de nombreux plâtres essuyés. Très fragile, la monoplace au losange est performante, en particulier sur les circuits rapides et/ou en altitude. En juillet 1979, la délivrance arrive enfin. Tandis que son équipier René Arnoux entre dans l'histoire avec un duel épique face à Gilles Villeneuve, Jabouille écrit l'histoire en imposant la belle RS10. Une première pour un moteur turbo, qui plus est avec un package 100% français avec un châssis, un moteur, des pneus Michelin, un pilote et un team tous originaires de l'Hexagone !

Jean-Pierre gagnera à nouveau à Spielberg un an plus tard mais il aurait pu accrocher bien d'autres succès si la poisse ne l'avait pas tant accablé. Trop souvent trahi par sa mécanique, il fait statistiquement partie des plus grands poissards de la F1. À Montréal, en fin de saison, un grave accident le laissera avec une jambe brisée et une rotule déplacée. Il tentera de revenir en 1981 avec Ligier où il épaule son beau-frère Jacques Laffite. Mais mal remis de son crash, il finira par jeter l'éponge.

Mais Jabouille ne restera pas inactif. On le verra ensuite à la tête d'un... restaurant parisien mais surtout en voitures de tourisme avec plusieurs départs aux 24H de Francorchamps, sur le Dakar avec Michel Sardou avant d'être un pilier de l'aventure Peugeot 905 en prototypes. Peaufinant le lionne, le grand blond ne fera pas mieux que troisième au Mans, comme avec les Matra, à son volant. Quand Jean Todt quitte Vélizy pour Maranello, Jabouille lui succède pour mener l'aventure sochalienne en F1 comme motoriste de McLaren puis de Jordan. Fin 1995, après deux saisons peu satisfaisantes, les deux parties se sépareront.

1995 : "JPJ" et les pilotes Jordan Rubens Barrichello et Eddie Irvine autour de Jacques Calvet.
1995 : "JPJ" et les pilotes Jordan Rubens Barrichello et Eddie Irvine autour de Jacques Calvet. ©DR

Par la suite, il achèvera les années 90 comme co-directeur de l'équipe JB Racing (pour Jabouile-Bouresche) en endurance avec de superbes Porsche 911 GT1 et Ferrari 333SP au départ du Mans. Il goutera encore à la course avec les très belles Morgan Aero8 GT avant de raccrocher pour de bon, le poids des ans ayant fait son effet. Ces derniers temps, on l'a encore vu en démonstration sur d'anciennes Renault F1.

Sans faire de bruit, à son image, Jabouille a donc rejoint Patrick Tambay et Philippe Streiff, deux autres piliers de la "F1 bleue" qui ont pris leur dernier départ il y quelques semaines. Redoutable metteur au point, soucieux du moindre détail, plus de trophées auraient dignement récompensé son dur labeur. Mais il a écrit un fantastique chapitre du sport automobile tricolore en accomplissant ce que beaucoup, y compris en France, pensaient être impossible. Et pour ça, respect total, Monsieur Jabouille.

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