Le sujet que vous avez choisi : pourquoi Monaco est le GP que tout le monde veut gagner ?
Les prétendants sont nombreux, en Principauté.
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Publié le 25-05-2023 à 17h28
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Les traditions se perdent à Monaco où les F1 roulaient jadis dès le jeudi de l’Ascension. Cette année, le Grand Prix est organisé le week-end de Pentecôte selon un horaire habituel. Pas de réceptions sur les yachts ou dans les hôtels étoilés dès ce vendredi midi, ni de public et de filles à moitié nues dansant sur le port, entre la piscine et la Rascasse, avant 19 h. La piste la plus courte et lente du championnat restera fermée jusqu’en soirée pour les deux premières séances libres et la multitude de courses annexes.
L’autre coutume envolée est celle voulant que la Principauté était la seule à ne pas payer pour accueillir la F1. Bernie Ecclestone, l’ancien organisateur des GP, ne pouvait pas concevoir le championnat du monde de F1 sans Monaco. Pour son prestige, le côté glamour très carte postale mais aussi la difficulté de son tracé révélant les plus grands talents, de véritables virtuoses évoluant sur un fil. Sans bac à sable, ni filet. Ou alors pour aller repêcher les pilotes tombés dans l’eau du port à la sortie du tunnel…
Désormais Monaco a de la concurrence : les circuits urbains se sont multipliés ces dernières saisons avec d’abord Singapour, ensuite Baku, Miami et maintenant bientôt Las Vegas où les G.O. de la F1 comptent bien décrocher le jackpot avec des rentrées dépassant les 100 millions d’euros.
Le prince doit passer à la banque
Dès lors, plus question de “faire une fleur” au prince qui, lui aussi, doit passer à la banque pour voir les Formule 1 encore tourner au pied de son Rocher. Monaco a été mis en balance et son futur a été aussi incertain que celui de Francorchamps. Décidément ces Américains de Liberty Media ne respectent plus rien. Car s’il y a bien une course qui fait partie du patrimoine, de l’histoire de la F1, c’est le tourniquet monégasque.
On répète depuis des années déjà que Monaco est un circuit anachronique. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui avec des monoplaces plus larges, plus lourdes. Il est devenu quasi impossible de doubler, même avec un super DRS. Du coup, la course se joue généralement le samedi après-midi lors de la séance qualificative où les pilotes flirtent avec les glissières et prennent de gros risques, se dépassent au sens figuré, pour tenter de s’élancer en pole. Un spectacle d’une rare intensité pour ceux qui ont la chance de pouvoir le vivre sur place. Car l’impression de vitesse ici est décuplée.
Le dimanche, sauf en cas de pluie, on assiste généralement à une lente (enfin façon de parler) procession, seuls la stratégie et le ballet des “pitstops” pouvant quelque peu modifier la hiérarchie.
Et pourtant, Monaco reste Monaco. La course la plus médiatisée du monde, celle que tout le monde veut voir, sur place ou à la télé. L’épreuve que tous les pilotes veulent gagner. La plus intense, difficile en terme de concentration. Une victoire en Principauté vaut bien un titre mondial en termes de notoriété. Car ici on n’a pas le moindre droit à l’erreur. Même avec les F1 modernes, c’est avant tout une bataille contre soi-même, un véritable défi sur le plan du pilotage.
Lotto Mobile Club de Monaco
À l’époque, on regardait Monaco à la télé pour apercevoir le prince Rainier sortir de sa sieste, rêver en voyant les gros bateaux en bord de piste, le casino, les hôtels de luxe, voir des accidents et des F1 tombant en panne les unes après les autres au point qu’une année seules cinq terminèrent la course. C’était le GP de Lotto Mobile Club de Monaco.
"Messieurs les pilotes dépassez-vous!"
Aujourd’hui, on regarde encore surtout pour voir Justin Bieber, Patrick Dempsey ou Serena Williams sur la grille. Car plus personne ne s’envole à Sainte-Dévote et il n’y a généralement plus de hold-up au casino de Monaco où il est de plus en plus facile de prévoir le numéro qui va sortir. Alors faut-il cette année miser sur le 16 rouge (le petit prince jamais prophète en son pays), le 44 noir, le 33 bleu ou le 14 toujours vert ? Une seule chose semble certaine. Même si l’on risque encore dimanche de s’endormir, on sera tous devant son téléviseur pour regarder le départ du GP de Monaco, une des trois plus grandes courses au monde avec les 500 Miles d’Indianapolis (dans la foulée) et les 24 H du Mans dans quinze jours. Un des joyaux de la couronne qui, comme Francorchamps, appartient à la culture de la F1 que n’ont pas les dirigeants du “Formula One Circus” persuadés que les machines à sous de Vegas rendront Monaco ringard. Alors pour que cela n’arrive pas, Messieurs les pilotes dépassez vous svp pour nous offrir un grand show ce dimanche. Et que Monaco, même si son Prince a dû prendre la route de la banque, ne fasse pas banqueroute.