La campagne "No Racism in Sport" sur tous les terrains: "Le sport véhicule les messages plus facilement qu’un discours politique"

Le média du service public a interrogé des dizaines d’enfants et de sportifs professionnels sur la thématique du racisme et diffuse ces interviews sur les réseaux sociaux.

"On ne peut que saluer et déplorer cette campagne", introduit Philippe Halleux, intervenant du centre sportif Adeps de la Forêt de Soignes.

Car le racisme dans le sport existe toujours, comme on peut parfois encore le constater dans les tribunes de stades de football en Belgique ou ailleurs. Présents jeudi à l’Adeps à Auderghem, Philippe Housiaux, président de Panathlon Wallonie-Bruxelles, Thierry Witsel, président de Stop racism in sport et Valérie Glatigny, ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ont présenté les actions qui vont être menées durant les deux prochaines années. Concrètement, plus de 300 banderoles portant le message "No Racism in Sport" seront déployées sur les différents terrains de sport sur le territoire francophone.

Un guide d’utilisation proposant des actions sera envoyé à tous les clubs. Ils seront notamment invités à effectuer un cri d’équipe et un geste symbolique, comme le genou à terre, faire une photo des équipes mélangées devant la banderole avant chaque match, ou diffuser les capsules vidéo de la RTBF sur leurs réseaux sociaux.

Les messages seront également diffusés par toutes les fédérations de sports francophones. Et les clubs de supporters sont appelés à réaliser des tifos (banderoles géantes) pour la cause. Si toutes ces actions n’ont rien de nouveau, sont-elles réellement efficaces ?

Les politiques comme Valérie Glatigny ont bien conscience de la faible portée de leurs propos. "Le sport est un langage universel. Il véhicule les messages plus facilement qu'un discours politique."

C'est pourquoi des grands sportifs, des idoles pour les jeunes, sont sollicités. Dans un message vidéo, le Diable rouge Axel Witsel, fils de Thierry, déclare en substance : "Se taire, c'est accepter."

Il n’est pas le seul à intervenir. La liste déjà bien remplie (Lola Mansour, Ambre Ballenghien, Claire Michel, Kevin Tumba, Ismael Debjani, Karim Chaibai, Robin Vanderbemden, Julien Watrim et Axel Hervelle) va se rallonger durant la campagne.

Si des banderoles n'empêcheront jamais quelques individus d'en insulter d'autres, Thierry Witsel estime qu'elles sont utiles. "On ne va pas éradiquer le racisme du jour au lendemain, avoue celui qui est également député socialiste liégeois. Ça existait déjà il y a cinquante ans. Mais petit à petit, en diffusant les messages auprès des plus jeunes, sur les réseaux sociaux notamment, les mentalités changent."

On l’a bien compris, l’objectif de cette campagne est de prévenir pour ne pas avoir à punir à l’avenir, en changeant les mentalités.

Pour autant, le racisme est un délit qui semble encore aujourd’hui minimisé durant les grands événements sportifs.

Le basketteur Kevin Tumba, invité hier, a déclaré avoir été victime de racisme lorsqu’il jouait en Espagne. Il déplore que les autorités sportives ne soutiennent pas assez les joueurs pendant les matchs quand des actes se produisent.

En effet, les matchs ne sont jamais arrêtés, sauf lors d’un PSG - Basaksehir en décembre 2020. Les joueurs avaient décidé de rentrer aux vestiaires après des propos du quatrième arbitre envers un entraîneur adjoint. Mais il n’y avait pas de public en cette période de Covid. Il est toujours plus difficile d’arrêter un match et de pénaliser des dizaines de milliers d’innocents à cause d’une poignée de coupables. Et surtout, les clubs dépendent des droits TV. S’il n’y a plus de match…