Nina Pinzarrone, la nouvelle perle du patinage artistique belge : "Comme beaucoup, j’ai commencé très jeune"
La Bruxelloise de 16 ans dispute cette semaine, au Japon, le Mondial pour lequel elle s’est qualifiée en terminant cinquième à l’Euro…
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Publié le 21-03-2023 à 08h05 - Mis à jour le 21-03-2023 à 09h47
Il est midi et demi, en ce jeudi 2 mars, quand Nina Pinzarrone sort de la voiture de son entraîneuse, Ans Bocklandt, et pousse la porte du "Ice Skating Center", à Malines. Le temps de quitter sa tenue d’élève à la "Topsportschool" de Wilrijk pour enfiler celle de patineuse et la Bruxelloise de 16 ans monte sur la glace, où plusieurs jeunes filles sont déjà l’entraînement. Premier constat : le patinage artistique est un sport où l’on commence très tôt, souvent dès l’âge de 3 ou 4 ans. Deuxième enseignement : il se transmet par passion.
Sur la patinoire, on retrouve ainsi Isabelle Pieman, 39 ans, qui a participé aux Jeux de Vancouver, en 2010, et qui conseille les jeunes pousses. C’est au milieu de celles-ci que Nina Pinzarrone s’entraînera pendant une heure, lors de sa deuxième séance de cette journée particulière, en vue du Mondial qui a lieu cette semaine, au Japon.
Un rendez-vous pour lequel elle s’est qualifiée fin janvier, à l’Euro, dont elle fut la révélation en terminant cinquième ! Un résultat qui est tout sauf le fruit du hasard, tant la jeune Bruxelloise, parfaite bilingue, met tout en œuvre pour arriver au sommet d’un sport qu’elle affectionne depuis sa plus tendre enfance.
Rencontre avec une passionnée…
Nina, comment êtes-vous venue au patinage artistique ?
"Alors, c’est d’abord ma sœur, Lily, quand j’avais trois ans et demi, qui regardait championnats d’Europe à la télévision. Elle a voulu commencer. Moi, au départ, je ne voulais pas. Mais je l’ai quand même suivie. Et j’ai aimé. En fait, je n’ai jamais pratiqué d’autre sport que le patinage. À l’époque, c’était au Poseidon, à Woluwe-Saint-Lambert, qui se trouve à côté de notre maison. Ou presque… C’est là qu’on a donc débuté avec une séance d’un quart d’heure par semaine, juste pour apprendre à patiner. Et puis, la responsable nous a expliqué qu’elle ne pouvait plus nous aider, que nous devions trouver un autre endroit et nous avons été à Louvain. C’est là que j’ai rencontré Ans (Bocklandt), ma coach. Très vite, nous avons pris des cours avec elle. On peut dire qu’elle m’entraîne depuis mes débuts."

À côté d’Ans Bocklandt, votre fiche sur le site de la fédération internationale renseigne également Dmitri Ovchinnikov et Benoît Richaud. Expliquez-nous…
"Dmitri Ovchinnikov est un coach russe, qui habite en Suisse et qui vient en Belgique pendant deux ou trois jours, toutes les deux ou trois semaines, pour aider Ans. Il travaille la technique avec moi. Mais il ne peut pas m’accompagner sur les compétitions parce que chaque patineuse n’a droit qu’à un coach. Et c’est Ans. Benoît Richaud, c’est mon chorégraphe. Il est français. Je l’ai aussi connu très tôt, quand je partais en stage en Suisse. Il s’occupait déjà de chorégraphies pour d’autres patineuses. Il a toujours dit qu’il aimerait bien travailler un jour avec moi. Et c’est le cas depuis deux saisons maintenant."
Qui choisit les figures que vous patinez ?
"Pour les sauts et les pirouettes, c’est Ans. Le programme, les pas, les mouvements, c’est Benoît. Il y a aussi les musiques pour lesquelles ils discutent. Et puis, bien sûr, ils me demandent si j’aime…"
Vous aimez donc "La vie est belle", d’André Rieu, la troisième musique de votre programme libre… La vie est belle pour vous ?
"Oui."
"J’étudie beaucoup par moi-même car je m’entraîne souvent pendant les cours à l'école."
À 16 ans, vous êtes forcément encore aux études, tout en pratiquant un sport de haut niveau. Comme cela se passe-t-il ?
"J’en suis à ma deuxième année à la "Topsportschool", à Wilrijk. Auparavant, j’étais à l’École européenne, à Bruxelles. J’étudie donc en néerlandais, ma première langue depuis ma quatrième année primaire. Alors, oui, j’étudie à Wilrijk, mais aussi beaucoup par moi-même parce que les heures disponibles sur la glace le sont souvent pendant les cours. Il faut dire que la patinoire où j’avais l’habitude de m’entraîner, à Wilrijk justement, a fermé récemment pour des raisons de sécurité. Je me rends donc souvent à Deurne, à Liedekerke, parfois à Malines et aussi à Louvain. Un peu partout !"
Sans permis de conduire, comme vous déplacez-vous ?
"Je vis chez mes parents, à Bruxelles. Alors, le matin, c’est ma maman qui m’amène chez ma coach, à Willebroek, et je me rends à l’école avec elle parce que sa fille y va également. Le chemin est donc moins long pour ma maman, qui travaille. Ce qui n’empêche que je doive me lever tôt. À six heures, tous les matins… Et que je rentre tard, souvent vers sept ou huit heures. Pendant la journée, c’est Ans qui m’emmène en voiture jusqu’à la patinoire alors que, quand c’était Wilrijk, je prenais ma trottinette."
Combien d’heures par semaine vous entraînez-vous ?
"Plus ou moins 25 heures, avec deux entraînements sur la glace. Il y a les séances au sol pour les sauts et la technique. Il y a aussi le cardio, tôt le matin et, deux fois par semaine, le ballet. C’est la sœur de Ans, prof de ballet, qui dispense ces séances, adaptées au patinage."
"J’aime bien la danse, la cuisine et, en particulier, la pâtisserie."
Avez-vous encore le temps pour des hobbies ?
"J’avoue que le patinage ne me laisse pas beaucoup de temps. J’aime bien la danse, la cuisine et, en particulier, la pâtisserie. Mais pas trop sucré ! Ce n’est pas que je suis au régime, mais disons qu’en vue d’une compétition comme le Mondial par exemple, je veille à ce que je mange. Pas que de la salade, hein, je mange de la viande. Par contre, les frites, il y a longtemps…"
Les réseaux sociaux sont-ils importants pour vous ?
"Je suis sur Instagram. J’aime bien y poster des photos ou des vidéos de moments. Comme tous les sportifs, je crois. Sans plus…"
Pourquoi n’avez-vous pas été au Mondial juniors, à Calgary ?
"J’aurais pu m’y rendre. Mais, avec l’Euro et le Mondial seniors, je trouvais que c’était trop. Ans aussi d’ailleurs. Il faut dire qu’il n’y avait que deux semaines entre les deux, sans compter que l’un avait lieu au Canada et l’autre se déroule au Japon, ce qui est très compliqué à gérer au niveau du décalage horaire. J’avais envie de me concentrer sur ce Mondial seniors."

Votre cinquième place à l’Euro a-t-elle changé votre notoriété au niveau des médias ?
"J’avais déjà répondu à des interviews avant les championnats d’Europe, mais vraiment pas beaucoup. Deux fois par an maximum. Mais, depuis l’Euro, c’est beaucoup ! La presse écrite, la télévision. Sporza m’a suivie à Espoo. J’ai trouvé ça un peu bizarre parce que je n’avais pas l’habitude. Bien sûr, c’est chouette. Mais, au début, je trouvais ça un peu gênant. Maintenant, ça va mieux. Sauf que, quand je passe à la télé, je n’ai pas envie de me voir. Enfin, je peux me voir, mais toute seule…"
Vous avez été blessée l’an dernier. Comment avez-vous vécu cette période ?
"En avril, je me suis classée onzième au Mondial juniors, ma première grande compétition internationale. Ensuite, ce furent les vacances. Pendant l’été, je suis partie en stage fin juillet, en France, et c’est au retour que je me suis blessée. J’ai été victime d’une fracture de stress à la hanche, qu’on a décelée lors d’une échographie. Ce fut un choc pour moi car même le médecin n’y avait pas pensé, demandant cet examen juste pour nous rassurer. Mais j’ai dû arrêter complètement de m’entraîner pendant six semaines. Je ne pouvais plus patiner et même plus m’adonner aux exercices en dehors de la glace. Ensuite, j’ai pu recommencer à patiner de manière progressive, deux fois par semaine, pendant une heure. Donc, vraiment pas beaucoup. Et même, jusqu’à maintenant, je suis toujours en progression… C’était la première fois que j’étais blessée comme ça. Avant, c’était une ou deux semaines. Là, c’était deux ou trois mois. C’était très long !"
Qui vous a réconfortée pendant cette période délicate ?
"Mes parents, bien sûr ! Ma coach. Mais il n’y en a pas beaucoup qui pensaient que je serais présente à l’Euro. Mentalement, moi j’y croyais. Même si ma préparation fut assez courte."
"Le Japon, c’est une première… On annonce 15.000 spectateurs."
Est-ce impressionnant des championnats d’Europe quand on a 16 ans comme vous ?
"Oui, oui… Il y a beaucoup de public. C’était déjà le cas au Mondial juniors, mais il y en avait encore plus. Mais c’est gai d’entendre les applaudissements, les encouragements. C’est une expérience ! Ce sera encore mieux aux championnats du monde parce qu’on annonce 15.000 spectateurs. En plus, le Japon, c’est une première pour moi. Je n’ai jamais été en Asie."

Quels sont vos objectifs sportifs ? Les Jeux olympiques ?
"Oui, j’espère y participer au moins deux fois. Donc, 2026 et 2030."
Quelles sont les qualités d'une bonne patineuse ?
"Pour moi, c’est bien que je ne sois pas trop grande parce que c’est plus facile pour les rotations. Pour l’équilibre aussi. De manière plus générale, il faut être souple, avoir des muscles, mais pas trop. Il ne faut pas avoir peur du froid. Ce n’est pas évident de s’entraîner !"
Est-ce que vous aimez les sports d’hiver en général ? Est-ce que vous en pratiquez ?
"Quant j’étais petite, je partais skier. Mais le ski n’est pas très bon pour le patinage. En fait, j’avoue que, dans les sports d’hiver, je ne m’intéresse vraiment qu’au patinage."
"On sait que les Russes, les plus fortes, reviendront un jour."
Que pensez-vous de l’absence des Russes sur la scène internationale en raison de la guerre en Ukraine ?
"J’imagine que ce n’est pas gai pour elles parce que la Russie est la nation la plus forte en patinage artistique. Les autres pays peuvent donc en profiter. En tout cas, pour le moment, parce qu’on sait qu’elles reviendront un jour. Lors de ce Mondial, on attend bien sûr les Japonaises, chez elles."