Vincent Rousseau a vu son record de Belgique du marathon battu : "Ce n’est plus la même époque"
Publié le 30-04-2019 à 07h52 - Mis à jour le 30-04-2019 à 20h49
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Le Montois estime que Bashir Abdi, son successeur, a bénéficié de quelques avancées technologiques. C’est avec un certain détachement que Vincent Rousseau a vécu, ce dimanche, la perte de son record de Belgique du marathon (2h07.20) datant du 24 septembre 1995 et qui a donc failli atteindre le quart de siècle. "Non, je n’ai pas suivi ça de près", explique, ce lundi matin, l’ancien athlète, interrogé sur la performance de Bashir Abdi, son successeur, au marathon de Londres. "D’un côté, je savais que mon record national était difficile à battre, mais, d’un autre côté, je savais aussi qu’il allait tomber d’un moment à l’autre."
Vous sentiez, avez-vous confié, que ce serait Abdi qui allait s’emparer de ce record ?
"Oui, le mois dernier, je l’avais vu terminer deuxième, au sprint, du semi-marathon de Londres, juste derrière Mo Farah. Ce jour-là, j’ai compris, d’autant que le Gantois avait déjà de sérieuses références sur 5 000 et 10 000m. Ce dimanche, il a parfaitement saisi l’occasion, bien aidé aussi par l’évolution des chaussures depuis quelques années."
Expliquez-nous…
"Il y a, selon moi, deux grands facteurs qui expliquent les gains chronométriques incessants sur marathon depuis près de trente ans : ce sont le dopage et l’évolution technologique. Je ne vais pas m’attarder sur le premier aspect, vis-à-vis duquel tout le monde connaît ma position, mais le second m’interpelle aussi. J’ai visionné récemment des vidéos sur YouTube où un homme s’amuse à plier les fameuses ‘Vaporfly’ de Nike et les relâche, pour constater qu’elles sont catapultées cinq mètres plus loin, beaucoup plus loin que des chaussures de course ‘normales’. Clairement, il y a là un avantage technique - correspondant à plus que les 4 % d’économie d’oxygène présentés dans la communication commerciale de Nike - et les chronos s’en ressentent. Des chaussures avec des ressorts dans les pointes ont fait leur apparition : l’IAAF va peut-être devoir intervenir."
Dans ce contexte, voir tomber un record vieux de 24 ans n’est pas très étonnant.
"Non, et même si d’autres disciplines de l’athlétisme ont aussi été marquées par des évolutions technologiques, quand je vois les différents records du monde, je pense qu’aucune discipline n’a évolué autant, en pourcentages, que le marathon ces dernières années. Le gain chronométrique est énorme. Quand j’ai battu le record de Belgique du marathon, en 1995, à Berlin, j’étais à peine en deçà du record du monde qui était de 2h06.50. Aujourd’hui, Bashir Abdi en est très éloigné (NdlR : il est actuellement de 2h01.39), à plus de cinq minutes !"
C’est, aussi, ce qui rend la comparaison entre Abdi et vous si difficile.
"Honnêtement, on ne vit plus du tout dans la même époque que la mienne. Comme moi je n’évoluais déjà plus dans celle de Puttemans, à qui j’ai pris le record national du 5 000m, mais qui était un meilleur athlète que moi. Il est très difficile, voire impossible de comparer les époques. Il serait plus judicieux de comparer Koen Naert avec Bashir Abdi : le premier a l’expérience pour lui et le second détient de meilleures bases sur 5 000 et 10 000 m. Quant à moi, je dirais que je me situe entre les deux. J’étais, entre autres, plus puissant, grâce aux nombreux cross que je disputais en hiver."
Que vous inspire la succession des performances d’Eliud Kipchoge ?
"Il bénéficie des évolutions récentes mais, bien sûr, c’est un très grand athlète. Le meilleur de l’histoire ? Je ne me risquerais pas à l’affirmer pour les raisons que je viens d’évoquer. Mais si un homme doit parcourir les 42,195 km sous les deux heures, avec tous les artifices auxquels on a recours aujourd’hui, il devrait être celui-là. Je ne pense toutefois pas qu’il en serait capable de manière, disons sereine, sans aucun artifice."