Les couples dans le sport belge (2/5), Camille Laus et Kevin Borlée : “C’est un plaisir de partager cette aventure ensemble”
Les deux partenaires d’entraînement sont aussi des partenaires dans la vie depuis dix ans.
Publié le 15-02-2023 à 14h15
:focal(1644.5x1105:1654.5x1095)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OB2NF7GU5JGNZPERWV7332CPCU.jpg)
Le couple formé par Camille Laus et Kevin Borlée est sans aucun doute l’un des plus emblématiques du sport belge. Il y a déjà dix ans que les deux athlètes sont tombés amoureux l’un de l’autre et ne se quittent plus. Ni sur la piste, où ils évoluent dans le même groupe d’entraînement depuis que la Tournaisienne a rejoint Bruxelles, ni en dehors puisqu’ils habitent ensemble dans la capitale. Ne comptez cependant pas sur eux pour mettre leur couple en avant : c’est bien dans les stades, grâce à leurs performances, que chacun d’eux veut être reconnu.
”Notre vie privée, c’est un peu notre jardin secret et on ne tient pas trop à en parler publiquement même si tout le monde sait, bien sûr, que nous sommes en couple, souligne la sprinteuse, qui a cinq ans de moins que son compagnon. En plus, la Saint-Valentin ce n’est pas quelque chose qu’on va fêter particulièrement…”
Sur la piste, je suis Camille Laus, pas 'la copine de'. On me considère aujourd'hui pour qui je suis."
Il y a quelques mois, dans le cadre de notre magazine Vestiaire, la jeune femme de 29 ans s’était tout de même laissée aller à quelques confidences sur leur situation. Et en particulier sur les désagréments liés à son statut au début de leur relation.
”Le fait de n’être considérée que comme ‘la copine de Kevin Borlée’, c’est quelque chose qui me frustrait un peu au début, reconnaît Camille Laus. Simplement parce qu’avant d’être en couple avec Kevin, j’étais déjà une athlète moi-même. Quand je faisais des résultats, même si Kevin m’a beaucoup aidée dans l’approche du sport de haut niveau, c’est bien avant tout à moi-même que je les devais. C’est moi qui étais sur la piste et qui courais. Encore en 2018, je n’étais pas forcément ravie de voir ‘la copine de Kevin court aussi vite'. Depuis lors j’ai montré que j’étais présente sur la piste et on me considère aujourd’hui pour qui je suis. Pas parce que j’ai envie de cacher le fait que je suis la compagne de Kevin mais parce que, quand je suis sur la piste, je suis Camille Laus et pas la copine de.”

La spécialiste du 400m ne cache pas qu’il s’agit là d’une “fierté personnelle”, d’un “accomplissement de soi”. “Quand c’est moi qui travaille, j’ai envie d’être reconnue pour mes propres résultats.”
”Mais, comme je le disais, les résultats que je fais aujourd’hui sont aussi en partie dus à Kevin, reprend Camille Laus. Le fait de vivre avec un athlète de haut niveau permet de voir comment il fonctionne et on prend les mêmes habitudes. Les bonnes habitudes ! Que ce soit au point de vue de l’hygiène de vie, de la discipline, il m’a beaucoup appris. Mais c’est également le cas au point de vue mental : comment aborder les courses, comment aborder les entraînements. Forcément, avec toute son expérience, il est d’un grand apport et on en a beaucoup discuté. Il m’a appris à gérer mes émotions, à gérer mes courses, à gérer mes entraînements. Sans lui je n’en serais pas là non plus…”

L’athlétisme, qui est à la fois leur passion et leur profession, n’occupe-t-il pas une part très importante de leurs conversations ?
”C’est vrai que c’est un peu spécial comme environnement d’être tous les deux plongés dans ce sport, de le pratiquer au quotidien et, oui, on en parle quand même souvent, explique Camille. Maintenant on n’est pas tout le temps en train de parler d’athlétisme non plus ! Mais je pense que ça nous fera bizarre le jour où on arrêtera parce qu’on aura un rythme de vie tout à fait différent. En attendant, je suis super heureuse de pouvoir vivre ça avec Kevin parce que c’est quand même exceptionnel de se dire qu’on a couru ensemble aux Jeux olympiques, que je lui ai passé le témoin, qu’on a disputé des finales mondiales ensemble. Oui, c’est assez atypique comme vie mais il y a beaucoup plus de positif que de négatif.”

Leur rêve ? “Ce qui manque vraiment, ce serait d’avoir une médaille ensemble, indique la capitaine des Belgian Cheetahs qui fait parfois équipe avec celui des Belgian Tornados au sein du relais 4x400m mixte. C’est un plaisir, en tout cas de partager toute cette aventure avec lui…”
Quand on est en période de stress, en championnats, on se donne de l'espace."
Il y a bien entendu des petites adaptations à la vie professionnelle à faire de temps de temps.
”On a trouvé un bon équilibre : quand l’un a besoin de plus de liberté ou d’espace, on lui laisse. Par exemple, la veille des championnats de Belgique, je préfère dormir dans mon coin. Quand on est en championnats, on ne dort pas ensemble parce qu’on n’aborde pas les courses de la même façon et on sait ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et on l’accepte. Quand on est en période de stress, on est un peu plus sur les nerfs, du coup on se laisse de l’espace.”
C’est cela aussi, la vie à deux…