Kim Gevaert évoque la nouvelle génération : “Les chronos de Rani Rosius et de Delphine Nkansa sont très prometteurs”
La triple championne d’Europe du 60m voit son record de Belgique de plus en plus menacé.
Publié le 01-03-2023 à 16h56
:focal(1365.5x918.5:1375.5x908.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O3E4ALEXNRE7HJHPYTFWGZIEN4.jpg)
À l’heure où les championnats d’Europe en salle approchent à grands pas, impossible de ne pas se souvenir de l’empreinte laissée par Kim Gevaert sur la compétition. Celle que l’on surnommait la Gazelle de Kampenhout a, en effet, remporté pas moins de trois titres consécutifs sur 60m en 2002 (Vienne), en 2005 (Madrid) et 2007 (Birmingham) ! Une période bénie pour l’athlète dirigée par Rudi Diels, future championne olympique avec le relais 4x100m en 2008 qui, en salle, est également devenue vice-championne du monde en 2004 et médaillée de bronze mondiale en 2006 !
”Même si j’étais surtout une coureuse de 100m et 200m, j’adorais le 60m ! Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours aimé les départs, les starting-blocks. Il m’est très rarement arrivé de manquer un départ en course. C’était quelque chose d’assez naturel chez moi”, explique Kim Gevaert.

Rani Rosius et Delphine Nkansa ne peuvent, pour l’heure, que rêver d’un tel palmarès. Les deux jeunes sprinteuses, âgées respectivement de 22 et 21 ans et qui seront nos deux représentantes dans cette épreuve à Istanbul ce vendredi, courent dans les pas de leur aînée.
”Leurs chronos deviennent vraiment très intéressants !” lance Kim Gevaert qui, en 2007, avait porté son record de Belgique à 7.10 en demi-finales de l’Euro. “Ça commence à descendre et à se rapprocher de mon record. C’est en tout cas très prometteur, je trouve, pour ces championnats d’Europe !”

Cet hiver, Rani Rosius a repris à Delphine Nkansa la deuxième place dans la hiérarchie nationale au prix d’une très belle finale aux championnats de Belgique où, en 7.20, la Limbourgeoise a réussi à devancer sa rivale qui a elle-même abaissé son record à 7.21 un peu plus tôt dans la saison.
”Avec 7.20, on a souvent une bonne chance d’être en finale aux championnats d’Europe”, relève Kim Gevaert qui, à 22 ans, courait le 60m dans les mêmes eaux chronométriques (7.21). “On verra comment elles vont gérer leur journée mais, dans le meilleur de cas, tous les espoirs sont permis une fois en finale. Autour d’un chrono de 7.15, on n’est généralement pas loin du podium.”
Rani est encore assez inconstante au départ. Si elle gagne en régularité, elle peut nettement améliorer son record."
À l’heure du départ pour la Turquie, les intéressées, respectivement 7e et 9e performeuses parmi les engagées dans cet Euro, ne s’enflammaient cependant pas. C’est à peine si Rosius, prudente, osait prononcer le mot finale (”cela ne me paraît pas réaliste”) tandis que Nkansa, plus ambitieuse, faisait confiance à son coach “qui pense que je peux viser la finale”.
”Je connais un peu mieux Rani que Delphine, à qui je n’ai jamais parlé mais que j’ai vu courir, très bien d’ailleurs, au dernier Mémorial Van Damme”, reprend Kim Gevaert, devenue la directrice du meeting bruxellois l’an dernier. “Rani est encore assez inconstante au départ, mais elle est dotée d’une très bonne accélération. Si elle peut gagner en régularité, avoir un bon temps de réaction et une bonne poussée, elle peut certainement encore améliorer son record assez nettement. Delphine, elle, est arrivée tout récemment sur la scène nationale. Si elle semble explosive au départ et qu’elle a montré l’an dernier qu’elle n’était pas facilement impressionnable, elle manque encore d’expérience, de planches pour exprimer tout son potentiel. Cela viendra certainement avec le temps.”
Gestion du stress
Les deux sprinteuses pourraient profiter de bonnes courses à Istanbul pour battre leur record et grignoter encore un peu l’écart qui les sépare de Kim Gevaert. Il reste à voir en combien de temps ce dixième de seconde pourra être gagné.
”Personnellement, j’ai fait mon record plutôt en fin de carrière. Cela m’aurait fait plaisir d’avoir un chrono de 7.09 derrière mon nom plutôt que ce 7.10, mais bon… (rires) Au cours de ma carrière, j’étais surtout contente de pouvoir signer mon meilleur temps au moment où cela compte, dans les grands championnats. Mais entre 7.20 et 7.10, il y a quand même une petite différence. Il faut acquérir de la régularité et de l’expérience, avoir une très bonne gestion du stress et du calme, de la concentration. Cette émulation entre elles au niveau national ne peut, en tout cas, que leur être profitable. Je n’avais pas cette chance-là : je m’entraînais avec des garçons et j’allais souvent courir à l’étranger en meetings pour trouver de la concurrence internationale. Si je dois leur donner un conseil, ce serait de ne pas se focaliser sur le chrono, cela ne doit pas devenir une obsession…”