Fernando Oliva, l’entraîneur de Noor Vidts, avant le début de l'Euro en salle à Istanbul : “Pour moi, Nafi est imbattable”
Le coach argentin voit Thiam comme “un phénomène” et ne veut pas entrer dans le jeu des comparaisons.
Publié le 02-03-2023 à 22h14
:focal(3519x2354.5:3529x2344.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/L452SU5XI5AXHBS2NEHZHMQYGI.jpg)
Sacrée championne du monde du pentathlon l’an dernier à Belgrade, où elle avait pris à Nafi Thiam son record de Belgique avec un total de 4 929 points, Noor Vidts est arrivée à Istanbul sur la pointe des pieds, à l’issue d’une fin de préparation tronquée. L’athlète de Vilvorde a souffert d’une infection virale à deux semaines de l’événement.
”En soi, le timing n’est pas trop gênant, a-t-elle expliqué. Les entraînements les plus lourds avaient déjà été effectués et on allait entrer dans la période d’affûtage. Cela aurait été plus embêtant plus près de la compétition. Ce n’est donc pas un drame.”

Son entraîneur abonde. “Ce n’est bien sûr pas chouette d’avoir 40° de fièvre à dix jours de la compétition, mais on a laissé le corps s’adapter tout en aménageant nos séances, explique Fernando Oliva. Noor a connu une préparation presque sans douleur. Elle est plus mature et son feed-back n’en est que meilleur. Par ailleurs, elle maîtrise de mieux en mieux certaines disciplines techniques. Lors des compétitions de préparation, on a essayé beaucoup de choses : un nouveau départ, un élan au saut en hauteur modifié avec un virage plus large, un autre mouvement à la fin du geste au lancer du poids, etc. Les résultats étaient ok et restaient dans une marge acceptable. Quoi qu’il en soit, c’est un processus à long terme. Nous travaillons déjà en fonction des Jeux olympiques et cet Euro en salle constitue une belle compétition intermédiaire. D’autant que le pentathlon est une épreuve qui lui convient très bien.”
Son succès ne l’a pas changée
Son titre mondial n’a pas changé la personnalité de Noor Vidts ou la manière dont elle conçoit son sport, affirme Oliva.
”Un résultat pareil représente un défi qu’on pourrait résumer ainsi : comment va-t-on faire pour garder de la régularité dans ce que l’on fait malgré l’attention qui se porte sur nous ? Je trouve qu’on a assez bien réussi. Noor est toujours la même fille qu’avant. Et elle prend toujours autant de plaisir sur la piste. On relativise beaucoup ce qu’elle vit. Le leitmotiv, c’est : profite de ce que tu fais et ne t’intéresse plus à ce qui a déjà été fait. Pour en revenir à Istanbul, sa meilleure forme du jour sera suffisante pour faire un bon résultat. Le reste, c’est-à-dire les résultats des autres athlètes, elle ne le contrôle pas.”
Noor apprécie bien sûr ce que Nafi réalise mais cela en reste là. La comparaison n'apporterait rien aux athlètes concernées.
Nafi Thiam, la reine des épreuves combinées, incarne-t-elle un exemple pour Noor Vidts ?
”Non. Vous savez, Noor a appris avec les années à ne se préoccuper que d’elle. Elle ne se compare à personne parce qu’elle sait que beaucoup d’athlètes commettent cette erreur. Noor apprécie bien sûr ce que Nafi réalise mais cela en reste là. La tentation de les comparer intéresse surtout les médias, mais pour les athlètes cela n’apporte rien. Il n’y a aucune plus-value au plan mental, aucun avantage. Noor ne le fait pas, et je ne pense pas que Nafi le fasse non plus.”

Fernando Oliva porte néanmoins un regard forcément admiratif sur la double championne olympique de l’heptathlon. Et n’hésite pas à en faire la favorite du pentathlon à Istanbul.
”Nafi est imbattable ! lance-t-il. C’est un phénomène. Simplement, elle ne dira pas qu’elle est imbattable parce qu’elle a une stratégie. On ne peut pas prévoir ce qui va arriver, mais elle a toujours été d’une constance remarquable. À part la fois où elle avait mal au coude, elle n’a jamais déçu. Et même sans compétition de préparation, je pense qu’elle sera à niveau. C’est une athlète qui est belle à voir à l’œuvre, et je parle comme amateur de mouvement. C’est une formidable athlète à regarder en tant que spectateur. Maintenant, si je porte un regard biomécanique, on voit toujours quelque chose…”