Jacques Borlée est fier des Belgian Tornados, titrés à l’Euro en salle d’Istanbul : “Un groupe formidable qui fait rayonner la Belgique”
Le coach des Belgian Tornados salue la remise en question permanente de ses hommes, qui viennent d’enchaîner quatre podiums en quatre compétitions.
Publié le 06-03-2023 à 11h09 - Mis à jour le 06-03-2023 à 16h36
En offrant à la Belgique une deuxième médaille d’or, après celle de Nafi Thiam, aux championnats d’Europe en salle d’Istanbul, le relais 4x400m masculin a démontré ce dimanche soir qu’il demeurait une valeur sûre de l’athlétisme belge.
Dans une course à rebondissements, marquée par de grosses bousculades, nos sprinters ont fait parler leur expérience, leur calme et leur science de la course. Le coach Jacques Borlée revient pour nous sur ce nouvel exploit en commençant par expliquer ses choix concernant le positionnement des uns et des autres.
”D’abord, je ne pouvais pas mettre Alexander (Doom), qui revenait de blessure, en première position, il avait demandé à être deuxième. J’ai pensé à Julien (Watrin), mais il était tellement bien depuis le début des championnats que c’était un atout important pour la fin de course et je savais qu’il allait pouvoir bien terminer le travail de l’équipe. J’ai donc donné cette responsabilité à Dylan (Borlée), qui avait la tâche la plus difficile face aux meilleurs éléments des autres équipes, et on a vu que la course aurait pu tourner à la catastrophe tellement ça se bagarrait.”

Dès le rabattement, on a effectivement senti que la tension était très forte entre les différentes équipes.
”J’ai revu la course plusieurs fois et, si cela semble moins spectaculaire à la télévision, Dylan a réellement été à deux doigts de tomber quand l’Anglais lui fait un croche-pied, reprend Jacques Borlée. Heureusement, après être passé de la troisième à la cinquième place, il arrive à se relancer et à bien terminer pour donner à Alexander. Je pense que son état de vigilance et son calme lui ont permis de s’en sortir. Ensuite Alexander, que j’avais prévenu de faire très attention au démarrage, a bien respecté la consigne et il a effectué une sublime remontée pour servir Kevin dans de bonnes conditions.”

Le coach s’est-il dit que l’affaire était pliée quand il a vu l’écart que l’Espagne avait creusé en tête de la course ? “Non, je n’ai pas eu peur qu’on ne soit pas capable de revenir, à aucun moment. J’avais des flèches devant !”
Kevin Borlée, devenu chasseur, a couru avec beaucoup d’intelligence pour refaire quasiment intégralement son retard sur son adversaire espagnol et faire en sorte que Julien Watrin soit idéalement placé.

”Je savais que Julien, en état de grâce, allait faire la différence et il l’a très bien fait”, reprend Jacques Borlée. Qui peut se féliciter d’avoir vu son équipe monter sur quatre podiums lors de ses cinq dernières participations aux championnats d’Europe en salle. Une belle régularité dans un exercice en intérieur réputé compliqué !
”C’est vrai qu’on est là à chaque fois mais je travaille avec des professionnels. Il faut les voir faire leur échauffement, où ils vont chercher à la fois la concentration et le relâchement, répond Jacques Borlée. Les finales en salle, ce sont des moments intenses, à de très hautes vitesses, auxquels il faut être capable de répondre avec sérénité. C’est pour cette raison que je les prépare plusieurs jours à l’avance, que ce soit en travaillant les passages de témoin ou en leur faisant passer des messages simples. Regardez le comportement d’autres équipes au cœur de la bagarre, certaines s’énervent et font un peu n’importe quoi là où nous gardons notre calme. Quand je vois la manière dont les gars prennent le témoin, j’ai beaucoup de plaisir.”
Depuis les Jeux olympiques de Tokyo, l’équipe de relais masculine a remporté quatre médailles dans les quatre compétitions auxquelles elle a participé : deux médailles d’or, une médaille d’argent et une médaille de bronze. La meilleure des réponses à ceux qui doutaient de sa capacité à rester mobilisée et motivée après avoir échoué pour la troisième fois au pied du podium olympique après 2008 et 2016.
“Je pense aux réservistes qui doivent sans cesse chercher à élever leur niveau pour faire partie de l’aventure.”
”Ce qui est génial, c’est que l’équipe prend trois médailles l’année passée, devient championne du monde en salle pour la première fois, monte à nouveau sur le podium des Mondiaux outdoor et va chercher un nouveau podium un mois plus tard à Munich et qu’elle arrive à rester focus sur les échéances qui vont arriver. C’est un groupe formidable, qui fait rayonner la Belgique, et je pense aussi aux réservistes qui doivent sans cesse chercher à élever leur niveau pour faire partie de l’aventure. Il faudra être très fort pour justifier nos ambitions aux championnats du monde de Budapest cet été puis, surtout, aux Jeux olympiques de Paris l’an prochain.”
Où nos relayeurs, emmenés par les jumeaux Borlée qui veulent s’en aller par la grande porte, voudront à tout prix monter sur l’une des marches du plus prestigieux des podiums.