Nafi Thiam, la reine belge de l’Euro indoor à Istanbul : “Un record du monde, c’est quelque chose de spécial, mais on ne va pas changer le plan”
La spécialiste des épreuves combinées va continuer à se concentrer sur le processus qui doit lui permettre de devenir une meilleure athlète encore.
Publié le 06-03-2023 à 06h55 - Mis à jour le 06-03-2023 à 08h36
Au lendemain de sa victoire sur pentathlon, rehaussée d’un magnifique record du monde, Nafi Thiam a reçu sa médaille d’or, samedi soir, en toute fin de session, lors de la cérémonie protocolaire organisée à l’Ataköy Arena. La Brabançonne a retenti en l’honneur de la championne de 28 ans qui est ensuite revenue pendant quelques minutes sur ce moment très particulier de sa carrière et ce qu’il représente.
Nafi, avez-vous bien récupéré de vos efforts de vendredi ?
”Oui, ça va. Je suis rentrée tard, j’étais assez fatiguée. Je n’ai rien fait de spécial de ma journée, je me suis surtout reposée.”
Vos managers avaient prévu une petite attention, semble-t-il…
”Oui, il y avait un petit gâteau avec dix bougies qui m’attendait parce que cela fait dix ans qu’on travaille ensemble. C’était mignon !”

Où situez-vous ce record du monde parmi vos différents accomplissements ?
”Oh, ce n’est pas une compétition entre mes titres, mes médailles ou mes records. Ils représentent à chaque fois beaucoup de travail et une volonté de se dépasser sur la piste que ce soit à l’entraînement ou en compétition. Maintenant, un record du monde, je n’en ai qu’un et je suis contente d’être capable d’ajouter ça à mon palmarès. C’est quelque chose de spécial ! Mais je suis aussi championne olympique et ce n’est pas rien non plus. C’est surtout le fait d’avoir tout cela en même temps qui me plaît.”
Il aurait été dommage, au prétexte qu’on m’attendait et qu’on allait me regarder, de ne pas venir ici à Istanbul.
Vous avez bouleversé votre vie et vos habitudes pour pouvoir continuer à évoluer. Avez-vous pu quand même profiter pleinement du moment ?
”Oui, je me suis vraiment amusée et c’est aussi pour ça qu’on était venus. Avec Michaël (Van der Plaetsen), à ce niveau-là, on est sur la même longueur d’onde, on n’a pas peur. Il aurait été dommage, au prétexte qu’on m’attendait et qu’on allait me regarder, de ne pas venir ici à Istanbul. Mais effectivement j’étais concentrée sur un certain nombre d’aspects, il y avait beaucoup de premières fois. Rien que la façon dont je m’échauffe, par exemple. Presque tout est différent. Mais je ne me mettais pas la pression en me disant ‘il faut absolument que je performe’, pas du tout. C’est surtout que le fait d’être totalement libérée physiquement, de n’avoir senti absolument aucune gêne pendant la compétition, du début à la fin (et c’est une chose à laquelle on ne pense pas forcément en regardant les athlètes sur la piste) qui m’a permis d’en profiter. C’est quand même super important !”

Vous avez beaucoup insisté, ces derniers jours, sur cet aspect des choses. Cela signifie que vous avez remporté vos derniers titres en dépit de grandes difficultés physiques ?
”Oui, ce n’est pas un secret : en 2021, la route jusqu’aux Jeux de Tokyo a été très compliquée sur le plan physique et, en 2022, je n’étais pas sûre de participer aux championnats du monde à Eugene parce que ça n’allait pas et je me demandais s’il ne valait mieux pas faire l’impasse sur la saison. Bien sûr, cela faisait partie des raisons qui m’ont poussée à repartir d’une page blanche à l’intersaison.”
Comment cela se déroule-t-il aujourd’hui ?
”En Afrique du Sud, je suis entourée d’une super équipe médicale, j’ai de la chance. Mon souci premier, c’était vraiment d’être à nouveau bien physiquement pour entamer la saison et ça prend du temps. Il a fallu apprendre à se connaître mais on a bien travaillé dans des délais assez rapides.”
Rien que pour ressentir l'adrénaline, pour avoir de nouvelles impulsions, c’était bien d’aller à ces championnats."
Votre nouvel entraîneur a reconnu qu’il a ressenti un certain stress. Et vous ?
”Pas forcément. En championnats, moi qui suis une compétitrice, j’ai toujours envie de bien faire. Je ne suis pas venue pour faire 4 200 points même si l’important, c’étaient les informations à retirer pour orienter la suite de la préparation. Il y avait peut-être un peu plus de stress que d’habitude, en raison de la nouveauté liée à ce premier championnat ensemble, mais j’avais aussi besoin de cette adrénaline. C’est ce qui fait que tu as cette impulsion supplémentaire, au départ des courses, en hauteur, en longueur, etc. Rien que pour ressentir cela, c’était bien d’aller à ces championnats.”
Ce record est-il le premier d’une série ?
”On verra ! Mais encore une fois, on ne change pas de plan. On ne va pas s’exciter et partir dans tous les sens, mais on va continuer à construire en s’appuyant sur ce qu’on a emmagasiné ici. En tout cas, c’est un très bon… non un très très bon départ !”
Cela ne vous interpelle-t-il pas que votre performance ne soit pas valorisée financièrement ?
”Honnêtement, je ne savais pas s’il y avait un prize-money ou pas. Je n’étais pas au courant. Mais j’ai en tout cas la chance d’être soutenue par des partenaires.”