Qu’attendre de nos médaillés d’Istanbul aux championnats du monde de Budapest cet été ?
Tentons de répondre à cette question en mettant en perspective les différentes performances de nos athlètes.
Publié le 07-03-2023 à 07h58 - Mis à jour le 07-03-2023 à 11h09
En signant le meilleur bilan de son histoire aux championnats d’Europe en salle d’Istanbul, avec un total de six médailles, soit une de plus que lors de l’édition 2021 qui était déjà la plus prolifique, la Belgique, cinquième du classement par pays devant de grandes nations comme la France ou l’Allemagne, a magnifiquement redressé le tir après un Euro outdoor à Munich – certes très rapproché des Mondiaux à Eugene – ayant laissé un petit goût amer.
À l’été 2023, ce seront à nouveau des championnats du monde qui sont programmés, cette fois à Budapest, du 19 au 27 août. Un rendez-vous important, à un peu moins d’un an du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris, et que devraient honorer nos médaillés du week-end dernier. Voyons ce qu’ils peuvent en attendre.
Nafi Thiam
La n°1 des épreuves combinées va mettre les prochains mois à profit pour intensifier sa collaboration avec son nouvel entraîneur, Michael Van der Plaetsen. Sous le soleil de l’Afrique du Sud, suivie par une équipe médicale répondant à ses besoins, Nafi semble avoir trouvé son bonheur, sportif et privé, même si elle doit encore trouver un point d’attache définitif lui permettant de se stabiliser complètement. Le record du monde du pentathlon établi vendredi dernier va lui procurer toute la confiance nécessaire pour retourner à l’entraînement et préparer les grandes échéances de 2023 et 2024. À l’heptathlon, elle n’a pas fait mystère de ses intentions de repasser au-dessus de la barre des 7 000 points et de s’attaquer au record d’Europe de Carolina Klüft (7 032 pts). Si elle y arrive déjà à Budapest, une médaille d’or pourrait suivre automatiquement. À moins que l’Américaine Anna Hall, la Néerlandaise Anouk Vetter ou la Polonaise Adrianna Sulek ne sortent la performance de leur vie les 19 et 20 août.

Les Belgian Tornados
On aurait pu les croire abattus après les Jeux olympiques de Tokyo mais leur quatrième place n’a fait que renforcer leur détermination à aller chercher, en 2024 à Paris, où une page se tournera pour eux, cette médaille olympique à laquelle les frères Borlée et leurs complices aspirent tant. Passant d’un podium à l’autre en 2022, les relayeurs du 4x400m poursuivent dans cette belle dynamique en ce début d’année 2023 avec un titre européen indoor, le troisième déjà, comme en extérieur. Qualifiés pour les Mondiaux de Budapest, ils auront à cœur d’y enchaîner un troisième podium consécutif dans cette compétition après ceux de Doha en 2019 et d’Eugene en 2022. Ce serait le plus bel adjuvant moral pour cette équipe qui a par ailleurs accueilli avec beaucoup de bonheur la médaille d’argent européenne de Julien Watrin à Istanbul. Il reste à voir dans quelle mesure les absents en Turquie (Jonathan Sacoor, Jonathan Borlée, Robin Vanderbemden) feront jouer la concurrence avant ce rendez-vous qui constituera un bon baromètre avant Paris 2024.

Julien Watrin
À 30 ans, le robuste sprinter, qui forme un parfait binôme avec François Gourmet, semble au sommet de son art. Physiquement, mentalement, tout est en place pour permettre à Julien Watrin de connaître un été aussi radieux que son hiver où il a battu à deux reprises son record national et a surtout décroché, dans le sillage de Karsten Warholm, une première médaille sur 400m. Le prochain défi du vice-champion d’Europe en salle ? Il va devoir à présent transférer la vitesse accumulée en salle vers le 400m haies. Une épreuve plus technique dont le Gaumais s’est fait une spécialité (48.66) et dont il a fait tomber, l’an dernier, le record de Belgique qui tenait depuis 1996. Demi-finaliste à Eugene l’an dernier, Julien Watrin semble capable de figurer au rendez-vous de sa première finale outdoor à Budapest. À condition de gérer les tours comme il l’a (très bien) fait, ces derniers jours, à Istanbul.
Noor Vidts
Le plaisir de faire ce qu’elle aime reste le principal moteur de la championne du monde en salle qui, deux ans après la médaille d’argent, a cette fois empoché le bronze à l’Ataköy Arena. Il faut bien dire qu’avec Nafi Thiam et Adrianna Sulek qui ont toutes deux signé un total supérieur au précédent record du monde, l’athlète de Vilvorde, victime d’une infection virale ayant chamboulé la fin de sa préparation, ne pouvait revendiquer mieux. C’est donc avec son grand sourire et un palmarès encore un peu plus riche que Noor Vidts va se remettre au travail pour préparer l’heptathlon des championnats du monde de Budapest. Quatrième aux Jeux de Tokyo en 2021, cinquième aux Mondiaux d’Eugene en 2022, l’athlète entraînée par Fernando Oliva aura bien du mérite à se hisser sur le podium vu la densité de la concurrence au sommet. Mais à l’impossible nul n’est tenu et Noor fera tout ce qui est en son pouvoir pour s’améliorer encore dans un maximum de disciplines. En espérant que cela suffira pour décrocher une première médaille dans un grand championnat d’été…
Thomas Carmoy
Ayant enchaîné les bonnes performances récemment, notre meilleur sauteur en hauteur est bien placé pour décrocher sa qualification via le ranking mondial, où il est en position très favorable, pour les prochains championnats du monde. En vue desquels le minimum de qualification a par ailleurs été fixé à 2,32m. Pour le Carolo, qui est monté en Turquie sur le deuxième podium européen en salle de sa carrière grâce à un nouveau record personnel (2,29m), il s’agira donc avant tout de rester en bonne santé, de continuer à accumuler de l’expérience sur le circuit international et de gagner en régularité. Éliminé en qualifications des premiers championnats du monde américains l’an dernier (2,25m), Thomas Carmoy pourra alors entretenir l’espoir d’atteindre sa première très grande finale en plein air lors du rendez-vous hongrois.
Eliott Crestan
Dans quelle mesure sa première médaille internationale conquise chez les seniors, en bronze, ce dimanche, pourra-t-elle donner confiance à Eliott Crestan ? Ce sera tout l’enjeu de la saison estivale 2023 où il nous réserve peut-être une très bonne surprise. Déjà qualifié pour le 800m des Mondiaux de Budapest grâce au minimum de qualification réussi l’an dernier au Mémorial Van Damme, le Namurois de 24 ans accumule les expériences ô combien enrichissantes en championnats. Il ne passe plus inaperçu. L’an dernier, à Hayward Field, l’élève d’André Mahy avait payé au prix fort un déficit de préparation consécutif à une blessure et avait été éjecté dès les séries de son épreuve de prédilection. S’il arrive en pleine possession de ses moyens, il pourra revendiquer une demi-finale, voire mieux encore dans un très bon jour. Alors, un Belge dans le top 8 mondial ? Et pourquoi pas !
