Claire Orcel sort du silence après deux années de galères physiques et morales: "Je ne veux plus faire de l’athlétisme que par plaisir"
Claire Orcel, la sauteuse en hauteur de 25 ans, a vécu la perte de son contrat de sportive de haut niveau comme “une libération”.
- Publié le 08-06-2023 à 07h25
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Avec une onzième place mondiale en 2019, à l’âge de 21 ans, et un record personnel porté à 1,94 m, la sauteuse en hauteur Claire Orcel était appelée à devenir une athlète régulière en sélection nationale. Au lieu de cela, la carrière de la grande Bruxelloise, en proie à différents soucis physiques ces dernières années, n’a cessé de décliner au point que son avenir sur les pistes s’écrit aujourd’hui en pointillé. Elle s’en explique pour la première fois.
Les problèmes physiques
Depuis sa finale aux Mondiaux de Doha en 2019, Claire Orcel a manqué tous les grands rendez-vous internationaux (Torun, Tokyo, Belgrade, Eugene, Munich) auxquels elle était susceptible de participer. En partie à cause de la pression qu’elle se mettait pour faire les minima, mais aussi en raison de problèmes physiques, au pied en 2021 puis à la hanche en 2022. Ce second problème n’a jamais été résolu.
”J’ai passé tous les examens possibles et imaginables mais aucun diagnostic précis n’a pu être établi, explique-t-elle. J’ai traîné cela de mai à septembre, sans trouver de solution.”
Lors de la reprise, elle s’est alors occasionnée une énorme entorse au niveau du pied d’impulsion. “Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, poursuit celle qui a, par ailleurs, été opérée préventivement de l’autre pied en début d’année.
Le moral en berne
”Vous vous en doutez : cela a été très dur psychologiquement, confie encore la Bruxelloise. Quand les résultats ne sortent pas pendant deux ans, qu’on doit se battre contre son propre corps et qu’on pense sans cesse aux performances que l’on doit atteindre pour bénéficier d’une aide contractuelle, on finit par exploser. J’ai été fortement atteinte moralement, raison pour laquelle je ne voulais plus parler publiquement non plus. Je commençais à développer une petite phobie de l’athlétisme, je redoutais d’aller à la piste où je ne prenais plus du tout de plaisir. Oui, j’ai fait un rejet de l’athlétisme et il était devenu nécessaire d’arrêter pendant un long moment.”

Ajoutez à cela le décès accidentel de Justine Dejemeppe, qui faisait partie de son groupe d’entraînement, et vous comprendrez aisément que le moral de Claire Orcel était au plus bas.
La perte du contrat
Sans surprise, Claire Orcel faisait partie des athlètes ayant perdu leur contrat de sportif de haut niveau en Fédération Wallonie-Bruxelles lors de l’officialisation de la dernière liste.
”Non seulement je m’y attendais, parce que c’était tout à fait logique, mais j’ai vécu la perte de ce contrat comme une libération ! lance-t-elle. La pression des critères, alors que je passais ma vie à être blessée, était devenue insupportable. C’était devenu un cercle vicieux. Au moins, maintenant, je peux me dire que je n’ai plus aucun devoir, plus aucun compte à rendre.”
Je dois encore répondre à cette question : est-ce que le haut niveau m'intéresse toujours ?
La sauteuse en hauteur a également perdu son contrat avec son équipementier. Tout juste bénéficie-t-elle encore d’une petite aide au niveau de la LBFA lui permettant de rembourser certains frais de kiné.
Un avenir incertain
Le “break sentimental avec l’athlétisme”, comme elle l’appelle, a permis à Claire Orcel de renouer avec une autre de ses grandes passions, l’équitation. Par ailleurs, elle qui voulait “absolument finir (ses) études cette année” présentera son mémoire dans deux semaines et se destine à travailler dans l’événementiel.

Quel rôle jouera encore l’athlétisme dans sa vie ? “Cette année, c’est sûr, il ne faut pas compter sur moi ! répond l’athlète franco-belge. Cela ne fait que deux mois que j’ai repris timidement les entraînements, à raison de deux fois par semaine. Pour l’instant, je ne fais de l’athlétisme que quand j’en ai envie, par plaisir. Je dois encore répondre à cette grande question : est-ce que le haut niveau m’intéresse toujours ? Je ne sais pas non plus si mon problème à la hanche ressurgira quand je mettrai davantage d’intensité pendant les séances. Au moment où on se parle, je n’ai aucune idée de ce à quoi mon avenir ressemblera. Les Jeux olympiques de Paris ? Bien sûr que cela m’intéresse, c’est le seul événement qui manque vraiment à mon palmarès. Mais d’un autre côté, ce n’est pas du tout en phase avec ce que je vis pour le moment…”