Roger Lespagnard présente Maya, sa nouvelle perle : “Une Nafissatou Thiam, tu en as une sur 100 millions de personnes”
Maya Wintquin (Lierneux, 14 ans), 3e mondiale sur 400 mètres et 5e sur 200 chez les filles nées en 2009 ou après : certains la comparent déjà à Nafissatou Thiam…
- Publié le 31-08-2023 à 06h54
Voici quelques années, Lambert Micha (deux fois champion de Belgique sur 100 mètres, une fois sur 200, olympien en 1976 à Montréal), nous avait confié à propos de Roger Lespagnard, son entraîneur : “C’est un sorcier. Il a l’œil. La rigueur. Il est stratège aussi. Il est technicien et observateur. Je l’ai vu à l’entraînement avec Nafi, sa pépite. Et j’ai revu son fameux œil, qui voit le petit problème directement et le corrige…”
Cela résume l’aspect “entraîneur” de ce Liégeois bon teint de 76 ans qui, en près de 45 ans de coaching, a formé quelque 400 athlètes. La remontée dans le fil de ses souvenirs montre un gamin bourré d’énergie qui fut recordman de Belgique chez les cadets à la perche (”3m51 en sautant dans le sable”, sourit-il). Par la suite, il participa trois fois aux Jeux olympiques au décathlon (Mexico 68, Munich 72 et Montréal 78), une discipline où il établit un record national. “Monsieur 100 000 volts” aux multiples vies, il fut également préparateur physique au Standard durant 13 ans, directeur technique à la fédération francophone belge d’athlétisme, député fédéral belge et bourgmestre de sa commune de Fléron pendant huit ans…
Et puis, évidemment, c’est lui qui amena Nafissatou Thiam vers des sommets incroyables (2 fois l’or aux Jeux, aux Mondiaux et aux championnats d’Europe outdoor).
"Nafi est un modèle pour moi."
Hasard de l’histoire, Maya Wintquin est arrivée dans le groupe “Lespagnard” mi-octobre 2022, quelques jours avant l’officialisation-surprise de la rupture du couple Lespagnard-Thiam après 14 ans de collaboration.
”J’avais décidé avec mon papa d’être entraînée par Roger Lespagnard et je me réjouissais évidemment de rejoindre un groupe où il y avait Nafi, qui est un modèle pour moi”, nous explique celle qui avait été jusque-là entraînée à Manhay, dans une section du RCA Spa qui connut aussi les débuts de trois Borlée (Olivia, Jonathan et Kevin). “Ce départ était dommage, mais cela n’a rien changé à ma motivation. Si je suis là, à Liège, avec Monsieur Lespagnard, c’est pour atteindre mon objectif d’être la meilleure possible. Ma motivation ? En vrai, je pense plus à m’améliorer qu’à battre les autres.”
Timide, un peu introvertie, la demoiselle semble recéler une force mentale qui lui permet d’être ferme pour mener à bien ses objectifs. “Ce que je veux surtout, c’est qu’elle garde cette jeunesse, cette motivation de courir pour s’amuser, je veux la voir danser, reprend Lespagnard. Elle a des capacités naturelles impressionnantes, surtout en vitesse pour le moment. J’ai décidé de travailler cela en priorité cet été. Ces prochains mois, on va introduire un peu de musculation et faire sans doute d’autres disciplines. Toujours de manière progressive, sans trop bousculer les habitudes d’une fille qui ne s’entraîne pour le moment que trois fois par semaine…”
"Pour Maya, attendons et ne comparons pas trop…"
Pour ce qui est de comparer Maya à Nafi, le coach liégeois botte en touche, rappelant juste qu’il a commencé à s’occuper de la première alors qu’elle était cadette 1 (pour cadette 2 à Nafi), qu’il y a du métissage chez les deux (Côte d’Ivoire pour la maman de Maya, Sénégal pour le papa de Nafi) et qu’avec déjà 1m77, la plus jeune se dirige, elle aussi, vers un beau gabarit (1m87 pour la double championne olympique).
”Une Nafissatou Thiam, tu en as une sur 100 millions de personnes, termine Roger Lespagnard. Quand je l’ai eue, je ne savais évidemment pas qu’elle serait un jour championne olympique. À 14 ou 15 ans, tu ne peux évidemment rien prédire. Quand elle a eu 16 ans et qu’elle était scolaire, j’ai vu qu’elle pourrait être quelqu’un de très bien. Et quand elle a été juniore 2, je savais qu’elle pouvait battre le record du monde de sa catégorie. Pour Maya, attendons et ne comparons pas trop…”
Maya Wintquin parmi les meilleures au monde
Cette année, Maya Wintquin a battu tous ses records personnels, en indoor comme en outdoor. Des performances qui la placent parmi les meilleures jeunes athlètes mondiales dans sa catégorie des 14 ans ou plus (nées en 2009 ou après).
Pour l’extérieur, cela donne :
- 400 m : la meilleure performance mondiale est 55.77. Maya a couru en 55.99 cette année, soit la meilleure performance européenne.
- 300 m : Maya possède la 3e performance mondiale avec 39.95. Une Slovène détient la meilleure marque mondiale en 39.22.
- 200 m : la meilleure performance mondiale est 24.46 et nous vient des États-Unis. Maya est 5e mondiale avec un chrono de 24.63. Meilleur chrono européen : 24.47.
Aux Championnats de Belgique ce week-end
Ce week-end, Maya Wintquin disputera à Gentbrugge les Championnats de Belgique cadets/scolaires sur 100 et 200 mètres. Le week-end dernier, elle a enlevé les titres francophones sur 100 et 200.
L’occasion se présente donc pour elle, cadette première année, d’étoffer une armoire à médailles déjà forte cette année d’un titre national “cadette” sur 200 indoor (vice-championne de Belgique à la longueur).
Amusant : en mai dernier, elle est devenue vice-championne francophone (LBFA) sur 400 mètres en… toutes catégories.