À 16 ans, Savannah De Bock va défier les pros : "Peur ? Je ne connais pas ce mot"
La Nivelloise de 16 ans, encore amateure, va défier les stars professionnelles.
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Publié le 02-08-2022 à 13h56 - Mis à jour le 03-08-2022 à 19h32
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Elle vit, tout éveillée, un véritable rêve. Une sorte de conte de fées grandeur nature. Ce jeudi matin, du haut de ses 16 ans, Savannah De Bock déposera sa balle sur le tee n°1 du British Open, le plus important tournoi féminin de la saison en Europe. Avec son statut de joueuse amateure, elle défiera toutes les stars du circuit professionnel mondial. Ses héroïnes !
C’est grâce à son titre remporté voici dix jours aux championnats d’Europe amateurs, sur le parcours parisien de Saint-Germain, que la jeune Nivelloise a obtenu le précieux sésame pour le Grand Chelem britannique.
"Je n'étais même pas au courant que la lauréate de ce tournoi bénéficiait de cette promotion. Lorsqu'on me l'a appris, je n'en croyais pas mes oreilles", sourit-elle, avec des étincelles dans les yeux !
Voilà plusieurs années que Savannah De Bock, enfant de la balle, brûle les étapes. Il y a un an, grâce à ses belles performances dans les catégories d'âge, elle avait intégré l'équipe européenne juniore de Solheim Cup et remporté un succès historique aux États-Unis. "Ce fut une expérience fabuleuse. La Suédoise Annika Sörenstam, l'une des plus grandes joueuses de tous les temps, était notre capitaine. J'ai vécu des moments inoubliables et c'était très inspirant. Dans l'avion du retour, je me suis jurée d'un jour disputer cette compétition chez les pros."
Elle n'en est pas encore là. Mais, de son propre aveu, avec ce titre européen conquis de haute lutte face à des rivales bien plus âgées, elle a passé un cap. Très solide tout au long du tournoi, elle a terminé les quatre tours à 19 sous le par, à égalité avec l'Anglaise Charlotte Heath. Et elle s'est imposée, sans trembler, lors du playoff. "Voilà plusieurs semaines que je suis en confiance. Mon jeu est bien en place, à tous les niveaux. Un peu comme si j'étais libérée…"
C'est sur le légendaire links écossais de Muirfield que se dispute, cette année, l'AIG Womens Open. Toutes les meilleures joueuses professionnelles du monde seront présentes. Mais le challenge n'inquiète pas Savannah, du genre plutôt cool. "Peur ? Je ne connais pas ce mot ! D'accord, je pars un peu dans l'inconnu. Mais je prends ce tournoi comme un cadeau. Je vais essayer de réussir le meilleur résultat possible. Mais je vais surtout savourer le moment et prendre du plaisir. Quoi qu'il arrive, ce sera une expérience inoubliable et un moment clé pour la suite de ma carrière."
En mai dernier, lors du Mithra Ladies Open de Naxhelet, Savannah De Bock avait déjà eu l'occasion de croiser le fer - et les bois ! - avec des championnes professionnelles du circuit européen. Sans complexe, elle avait relevé le défi, terminant dans le top 15. Lors des deux premiers tours, elle avait partagé sa partie avec Manon De Roey, la n°1 belge, et Laura Davies, l'une des légendes du swing mondial. "Je n'avais pas ressenti de pression particulière. J'avais juste l'envie de me surpasser !"
À Muirfield, elle tentera d'afficher le même état d'esprit. "Par rapport aux meilleures du monde, je manque encore de puissance et d'expérience en termes de stratégie ou de gestion des parcours. Mais, en même temps, je ne suis pas très loin de leur niveau et j'apprends tous les jours !"
Pour ses parents, c’est aussi un vrai challenge
C'est un peu la course contre la montre ! Depuis qu'ils ont appris la promotion de leur fille au British Open, Nathalie et Laurent De Bock n'ont pas une seconde à eux. "On a dû annuler le voyage à Chicago où elle devait participer à un tournoi junior. Et, en urgence, tout préparer pour l'Écosse : le voyage, les entraînements sur des links, les hôtels", confient-ils, heureux de cumuler les métiers de parents, agents, managers et parfois caddies !
Depuis que leur fille a cédé à la tentation du swing, Nathalie et Laurent se consacrent pleinement à sa carrière. Un vrai sacerdoce et une montagne de sacrifices. Mais le résultat est là, tangible. "Une saison nous coûte environ 30 000 euros en frais de voyages, d'hôtels, de coaching. Heureusement, on peut compter sur l'aide des fédés (FRBG et AFGolf), de son club du Royal Waterloo et de quelques sponsors, comme Delen Private Bank. Le reste, c'est de l'investissement…"
Car l'objectif est clair : Savannah veut embrasser la carrière de joueuse professionnelle. Et qu'on se le dise : tout est clair dans sa tête. "Le golf, c'est ma passion. C'est le bonheur. C'est ma vie. Dans un premier temps, je vais terminer mes études - spécialisation en sciences et math forte ! - à l'Institut Christ-Roi de Nivelles. J'ai encore une année et je veux vraiment mon diplôme. Après, je partirai aux États-Unis pour combiner, en Géorgie, études universitaires et golf de haut niveau. C'est la filière idéale pour être prête pour le circuit pro…"
En attendant, en état d'apesanteur, la demoiselle d'Écaussinnes savoure l'instant. Un peu, beaucoup, à la folie. Arrivée dimanche soir à Muirfield, elle a engagé un caddie local pour l'aider à décrypter les secrets de ce parcours de légende, un vrai links (parcours de bord de mer) où il faut composer avec le vent et les bunkers. "J'ai reçu des messages de félicitations et d'encouragement de Nicolas Colsaerts et Thomas Pieters. C'est génial. Mais je reste dans ma bulle…"