Thomas Pieters : le choix de l’argent roi
Le champion belge a cédé aux sirènes financières du circuit dissident LIV, financé par l’Arabie saoudite. Sauf miracle, il ne jouera pas la Ryder Cup.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/6cdf330f-6a65-4786-892d-f91e9547bc3a.png)
Publié le 20-02-2023 à 08h20
:focal(251x170.5:261x160.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DB2DX6T5NJHBTOWVFGRXF7GWZA.jpg)
La rumeur était dans l’air depuis quelques semaines. Elle est aujourd’hui confirmée : Thomas Pieters, 31 ans, a succombé aux sirènes de l’argent facile et a rejoint le LIV, ce circuit dissident qui a mis le golf mondial sens dessus dessous.
Financé généreusement par le fonds souverain saoudien (PIF) et piloté par l’ancien champion australien Greg Norman, le LIV tente de lancer, depuis un an, une véritable OPA sur le golf mondial. Et tous les coups sont permis. Phil Mickelson et Dustin Johnson furent les premiers à céder à la tentation, ravis de toucher chacun un chèque de bienvenue de 200 millions de (pétro) dollars. Depuis, d’autres grands noms (Koepka, DeChambeau, Watson, Reed, Casey, Westwood, Poulter, Kaymer, Stenson, Garcia, Smith…) ont également craqué, déclenchant de véritables hostilités avec le PGA Tour américain, jusque-là maître et seigneur des greens.
Thomas Pieters, 35e mondial, a longtemps hésité. Mais il a fini par rejoindre, en âme et conscience, le clan des frondeurs. C’est évidemment, d’abord, un choix financier. La Ligue rebelle est un jackpot à ciel ouvert. Du jamais vu dans l’histoire du sport, toutes disciplines confondues. Les 14 tournois prévus cette année aux quatre coins du monde vont distribuer plus de 400 millions de dollars. Le vainqueur touchera, chaque fois, 4 millions et le bon dernier se consolera avec un chèque de 125 000 ! Et l’Anversois va évidemment hériter aussi d’un chèque-cadeau de bienvenue (on parle de plus de 15 millions de dollars). Bref, un vrai bingo !
Sportivement, en revanche, sa décision est plus discutable. Avec son format révolutionnaire et hybride (trois jours de tournoi, pas de cut, des départs en shotgun, possibilité de jouer en bermuda et de la musique en fond sonore…), le LIV dégage un parfum d’exhibition et n’est d’ailleurs pas reconnu par les instances officielles.
La guerre ouverte avec le PGA Tour rend, par ailleurs, l‘atmosphère irrespirable dans les coulisses des greens avec des tensions et des menaces de procès à tous les étages. Même entre les joueurs des deux camps, les insultes fusent à chaque conférence de presse. Résultat : les exilés du LIV sont souvent considérés comme des parias et des traîtres !
Pour Pieters, en amont, les conséquences sont forcément lourdes. Il perd, bien sûr, tout droit de jeu sur le PGA Tour américain. Sauf renversement improbable de situation, il n’est désormais plus éligible pour la Ryder Cup (où il était en pole position pour une sélection). Et même sa participation aux Jeux olympiques de Paris en 2024 est en suspens, dans l’attente d’une décision définitive du CIO à l’égard des critères de sélection. Même incertitude concernant sa participation au Soudal Open de Rinkven (DP World Tour) en mai prochain où il était l’attraction n° 1. Jusqu’à nouvel ordre et en fonction de son ranking mondial, il pourra en revanche prendre part aux tournois du Grand Chelem, dont le prochain Masters d’Augusta. Mais il va, en parallèle, perdre certains sponsors. En réalité, d’un point de vue juridique, la situation est très floue, un peu comme dans le dossier explosif de la Super-Ligue européenne de football. Certains joueurs du LIV ont d’ailleurs attaqué le PGA Tour pour pratiques anticoncurrentielles. Et tout est à l’avenant.
Sur les greens belges, la nouvelle a en tout cas fait l’effet d’une bombe. Certains observateurs admettent qu’il était difficile de faire la sourde oreille à une telle offre financière. Mais beaucoup s’étonnent du manque d’ambition sportive de l’Anversois, âgé d’à peine 31 ans et dont la carrière était encore à écrire. Le fait que le PGA Tour lui ait refusé, cette semaine, une wild-card pour le Genesis Invitational, auquel il était très attaché, aurait servi d’accélérateur dans la décision du n° 1 belge. Une sorte de goutte qui a fait déborder le vase.
Quelque part, c’est aussi une question de caractère et de choix de vie. Depuis Los Angeles, Thomas Detry a, lui, confirmé qu’il restait fidèle aux circuits classiques.