Tom Boon: “La réussite des Red Lions tient son origine dans l’excellent travail de tous les clubs”
A travers cinq réflexions, Tom Boon fait le point sur la situation actuelle de la ION Hockey League.
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Publié le 20-02-2023 à 07h45
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La saison des matchs amicaux bat son plein. Tous les clubs d’ION Hockey League - Division Honneur - multiplient les rencontres face à des rivaux de Belgique ou des Pays-Bas pour retrouver le rythme et l’intensité des matchs. Trois semaines après leur finale à la Coupe du monde à Bhubaneswar, les Red Lions, aussi, retrouvent le chemin de leur club. Dans quinze jours, la ION Hockey League reprend ses droits après une longue trêve de cent cinq jours. Hier, au Léopold, Tom Boon a pris part à son premier entraînement post-mondial.
Où en sont les Red Lions dans leur gestion de l’après-Mondial ?
“Pas le droit d’être triste”
Au soir de la Coupe du monde, les Red Lions avaient quitté Bhubaneswar avec le cœur gros gonflé de déception. Le temps fait son œuvre. La fierté remplace de plus en plus la tristesse. “Nous sommes surtout fiers de tout ce que nous avons accompli lors des dernières années”, nuance Tom Boon. “Voir la coupe nous passer sous le nez est dur à accepter. En même temps, nous avions gagné nos deux titres de la même manière. Nous n’oublions pas que nous avons disputé les quatre dernières grandes finales (JO et Mondiaux). Nous avons le droit d’être déçus, mais pas tristes.”
La ION Hockey League, meilleur championnat du monde ?
Avantage à la Hoofdklasse
Les grands dirigeants martèlent depuis des années qu’ils s’activent en coulisses pour faire de la Division Honneur le meilleur championnat du monde. L’Europe possède les compétitions nationales les mieux cotées. Les Indiens, les Argentins, les Australiens ou encore les Sud-Africains n’ont pas la chance d’avoir un outil aussi précieux. Tom Boon, qui a joué aux Pays-Bas et en Belgique, est bien placé pour déterminer laquelle des deux compétitions est la plus forte.
“Les Pays-Bas sans hésiter”, lance-t-il. “La Belgique n’a pas le meilleur championnat, mais elle a les meilleurs gardiens et les meilleurs pc défensifs. En Hoofdklasse, le niveau moyen des 12 clubs est plus solide. La différence avec la Belgique se situe avec les six du bas. En Belgique, les clubs ont tous des styles de jeu et des tactiques différents. Aux Pays-Bas, les coachs cherchent la verticalité tout le temps. Une certitude, les Belges et les Néerlandais ont les plus beaux championnats du monde.”
Quels sont les points de force de la Division Honneur ?
La proximité et des terrains de grande qualité
Avec sa centaine de clubs répartis sur un périmètre très limité, le hockey belge possède des atouts uniques. Les joueurs d’ION Hockey League ont le privilège de jouer tous les dimanches sur des billards de première qualité sans devoir se taper des centaines de kilomètres de route. “Nous avons beaucoup de derbys”, reprend Tom Boon. “La proximité des clubs apporte une autre dimension aux rencontres. Quant aux terrains, nous sommes bien lotis”, dit l’attaquant qui affectionne le jeu sur un terrain rapide. Les clubs ont consenti à de lourds sacrifices en sortant de terre des terrains dont la valeur s’étale entre 500.000 à 700.000 euros. “Si je suis difficile, je dirais qu’il y en a un ou deux qui sont un peu moins bons, mais nous ne pouvons pas nous plaindre. Les terrains sont excellents.”
L’homogénéité du top… 16
L’autre atout se situe au niveau des équipes. Tous les clubs ou presque jouent le jeu du mercato en cherchant à se renforcer chaque saison. En Belgique, il existe 16 clubs qui ont le niveau pour jouer un rôle en DH : les 12 de DH ainsi que le Beerschot, l’Antwerp le Pingouin et le White Star. “Tous les dimanches, on assiste à des surprises ce qui en dit long sur la force des plus petites équipes. Tout le monde peut battre tout le monde. Quand on regarde le top 7, les écarts sont minimes.”
Un équilibre parfait entre nord et sud
Le stick belge est si bien fait qu’il est avant tout ‘made in Belgium’. Il se décline autant en français qu’en vlaams. Il est pratiqué autant par des femmes que des hommes, par des enfants que des adultes. L’équilibre est quasi parfait. “Avant, les gens parlaient de l’axe Bruxelles-Anvers. On voit qu’il se popularise un peu partout dans le pays.” La DH aligne des clubs de Bruxelles (5), de Wallonie (2) et de Flandre (5).
Quels sont les défis à relever ?
Un manque de visibilité et de spectateurs
Les responsables de l’ION Hockey League n’ont pas le temps de contempler la beauté de notre championnat. Les défis futurs frappent déjà au portillon. Le monde évolue. La DH doit suivre le mouvement et anticiper les besoins d’après-demain. L’immense majorité des 242 matchs de championnat régulier affichent un niveau moyen très élevé. Le spectacle est presque toujours de sortie. Pourtant, de nombreux médias boudent ce sport qui garde son étiquette de discipline élitiste et onéreuse. “Le hockey doit attirer de nouvelles populations. Avant, tout le monde restait au club pour voir la DH le dimanche. Les enfants regardaient les membres de leur famille jouer. Aujourd’hui, les parents voient leur gamin jouer le samedi et ils n’ont plus envie de rester là le dimanche aussi.”
L’assistance, tel est le grand problème du hockey belge. Un match attire quelques centaines de spectateurs. Un sommet peut espérer drainer 1000 personnes. Le chiffre monte à deux ou trois mille pour une finale de play off. “À l’heure actuelle, nous sommes capables d’attirer 1000 à 1500 personnes. Mais, je m’interroge sur l’horaire. Le dimanche à 15h, les gens ont d’autant plus envie de faire autre chose qu’ils ont déjà vu leurs enfants jouer le samedi. Aux Pays-Bas, ils ont étalé les matchs sur les deux jours du week-end. Commençons par modifier les horaires.”
Il est venu le temps des places payantes
Et si les places étaient payantes ? Une formule de 5 euros avec un ticket boisson compris ? L’idée fait son bonhomme de chemin dans certains clubs. Les détracteurs pointent l’absence de confort au bord des terrains ou la difficulté de vider un club le dimanche midi. “Attirons d’abord les gens au bord du terrain avant de les faire payer”, tranche Sna.
Le modèle économique défie la raison
Il reste le modèle économique. Les clubs investissent des montants très élevés pour aligner ces équipes très compétitives. Il n’est pas rare de voir un budget pour la seule équipe messieurs de DH dépasser les 350.000 euros. Le modèle économique n’est pas tenable. Les clubs dépensent des sommes folles sans possibilité de rentrer dans leurs frais. Seules les cotisations élevées gardent les navires à flots. “Le sponsoring a bien progressé”, rassure Tom Boon qui ne cite pas de montants. “Le return vient surtout des cotisations. Je constate que les clubs sont toujours là. Donc, ils gèrent bien.”
La ION Hockey League a-t-elle achevé sa mue vers le professionnalisme ?
Longtemps, les hockeyeurs étaient perçus comme des amateurs dans le monde du sport. Tom Boon est catégorique. La transition vers le professionnalisme est achevée. “Nous ne pouvons pas vraiment aller plus loin. Les Internationaux, les Red Lions et ceux qui gèrent les écoles des jeunes vivent à 100 % du hockey. Tous les joueurs ont une attitude pro même s’ils ont une autre activité rémunérée sur le côté.”
Merci les clubs
Equipe nationale et clubs ont trouvé un modus vivendi qui satisfait tout le monde. L’un et l’autre ressortent gagnant de l’essor du stick en Belgique. Pourtant, les clubs ont consenti à de lourds sacrifices. Ils sont les cochons payeurs de joueurs qui passent beaucoup de temps aux entraînements de la BNT. Les deux parties mettent constamment de l’eau dans leur vin pour garder cet équilibre vital.
“Les clubs sont clairement responsables de la réussite des Red Lions. Nous, joueurs, nous vivons financièrement grâce aux clubs. Sans eux, nous devrions travailler en dehors du hockey ce qui aurait un impact sur notre rendement chez les Red Lions. Les entraîneurs de club proposent des entraînements de haute qualité. Moi, j’adore la vie au Léo car je me sens plus léger, comme à la maison. En plus, je joue tous les week-ends avec ces amis.”
Les Red Lions ont aussi rendu un fier service
Les clubs n’oublient pas non plus que les médailles des Red Lions ont un impact direct sur l’augmentation du nombre de membres et donc du montant des cotisations. Un club de 1500 membres perçoit une ‘coti’moyenne de 500 euros. La manne financière dégagée – 750000 euros – vaut bien quelques sacrifices. “Les Red Lions restent la plus belle des vitrines.”
Tom Boon comblera-t-il le dernier manque à son palmarès ?
Si on suit la carrière de Tom Boon, il semble que remporter un titre de champion de Belgique est plus ardu que des sacres européens, mondiaux et olympiques. “Si on pose la question à Denayer ou van Aubel, ils auront un autre avis vu que le Dragons les a empilés. Pour moi, l’affaire est plus compliquée. J’ai toujours eu un grain de sable. Avec le Racing, j’ai tout connu : des dominations sans titre, des années moins bonnes avec des finales miraculeuses,… Avec le Léo, j’ai eu le Covid, une demi-finale ratée. Je continue à m’accrocher pour réaliser ce rêve.”
Son coach Agus Corradini a eu le cran de faire tourner tout son schéma tactique autour de Tom Boon. “Ce n’est pas tout à fait vrai. Moi, je suis juste le dernier à toucher la balle. Tout ne tourne pas autour de moi. Je ne suis pas une plaque tournante. Le danger vient de toute l’équipe. Personne n’a d’ego mal placé.”