Charline Van Snick : "Moralement, c’est compliqué de s’entraîner sans échéance"
Charline Van Snick vise l’Euro, fin novembre, à Prague, qui a plus de chances de se tenir parce que moins de judokas sont impliqués.
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Publié le 09-10-2020 à 07h45 - Mis à jour le 15-10-2020 à 14h40
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En ce mois d’octobre, Charline Van Snick a décidé de passer quelques jours en Belgique. L’occasion de s’entraîner avec les élites francophones à Louvain-la-Neuve, mais aussi de participer à un stage à Papendal, aux Pays-Bas. Testée positive au Covid-19 à la mi-août, la Liégeoise se sent mieux physiquement… En revanche, l’incertitude planant sur la reprise des compétitions en judo l’a perturbée alors qu’elle s’était très bien adaptée au confinement décrété en mars. Il n’est pas évident pour elle de s’entraîner sans savoir pour quoi et, surtout, pour quand, même si la Fédé internationale a maintenu deux échéances fin octobre, la première à Budapest, la seconde à Zagreb…
Charline, comment vous sentez-vous physiquement ?
"Écoutez, bien ! J’ai, certes, traversé une mauvaise passe lorsque j’ai attrapé ce virus. Si les symptômes comme la fièvre et les courbatures n’ont duré que deux ou trois jours, ce fut plus long au niveau d’un état général de fatigue. Et puis, j’ai été en quarantaine, avec mon copain, pendant deux semaines. Donc, privée d’entraînement… Mais, sur ce plan-là, tout est rentré dans l’ordre !"
En revanche, mentalement, c’est compliqué en ce moment.
"Oui ! Cette crise sanitaire a un impact non seulement sur l’aspect sportif, mais aussi dans la vie quotidienne. Nous sommes obligés de brider notre tempérament, de bousculer nos habitudes, surtout au niveau social. Ceci dit, j’ai constaté que les gens sont plus disciplinés à Liège qu’à Paris en termes de respect des consignes. Les chiffres alarmants de la capitale française ne m’étonnent donc pas vraiment."
Revenons au judo et aux prochaines échéances. Si la Hongrie ouvre ses frontières, irez-vous à Budapest ?
"Non ! Je ne suis pas prête parce que c’était compliqué pour moi de m’entraîner sans savoir si cette compétition aurait bien lieu. J’ai préféré me fixer un objectif un peu plus lointain dans le temps, mais tout aussi important, avec l’Euro, fin novembre, à Prague. Je pense qu’avec moins de judokas et moins de nations impliqués, ce rendez-vous a toutes les chances de se tenir."
Pas de Zagreb non plus, donc ?
"Non, parce qu’il n’est pas non plus évident d’être au top physiquement, avec le régime, pour deux rendez-vous aussi rapprochés dans le temps. Actuellement, mon objectif, c’est l’Euro ! Mais je le répète : la situation n’est pas facile au niveau de l’entraînement car les règles changent sans cesse. En France, les gymnases ont été fermés, par exemple. En tout cas, au moment où on se parle parce que la situation évolue presque de jour en jour !"
En mars, vous aviez plaidé pour le report des Jeux de Tokyo. Mais l’annonce fut quand même un choc pour vous, non ?
"Tout à fait ! Psychologiquement, ce ne fut pas facile à vivre. Quand on se prépare pendant quatre ans à un rendez-vous olympique, c’est dur d’encaisser un report quelques mois avant. Mais je ne me plains pas ! Je me suis adaptée en revenant ici, en Belgique. Chez mes parents, je disposais du jardin pour m’entraîner dans ma bulle avec des exercices destinés à me maintenir en forme. En fait, à ne pas trop perdre physiquement… Et puis, il y eut ce partage avec de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux. Et là, quelque part, ce fut un mal pour un bien parce que j’ai découvert une autre facette du sport et, en particulier, du judo."
Vous avez également relâché un peu pendant l’été…
"Bien sûr ! Avec le report des JO, l’échéance suprême tombait à l’eau. Je me suis octroyé des vacances à Lacanau."
Ah bon, pas à la montagne ?
"Eh non, pas cette fois. Cette année, j’ai découvert le surf. Avec la mer, c’est une autre forme de la nature, que j’apprécie tant… Je l’ai pratiqué quatre heures par jour, me disant que ce sport pourrait m’être très utile en tant que judoka. En surf, j’ai travaillé l’équilibre et le gainage. Le dynamisme aussi. J’ai l’impression d’avoir joint l’utile à l’agréable."
Sport de contact, le judo a trinqué à cause de ce virus. Craignez-vous une baisse d’intérêt pour votre sport ?
"J’ai peur que les parents y réfléchissent à deux fois avant de mettre leur enfant au judo, même si, franchement, les instances ont pris toutes les précautions pour assurer la sécurité sanitaire. Et ce, tant en France qu’en Belgique. J’espère maintenant qu’on trouvera vite un vaccin pour sortir de cette crise. Car, sur le plan de l’équité sportive, il ne sera pas évident d’organiser les qualifications, à travers le monde, pour un événement de l’ampleur des Jeux olympiques. Et je ne parle pas des JO eux-mêmes ! Je croise donc les doigts, d’autant que je viens de fêter mes 30 ans (le 2 septembre)."