Décès dans le rugby: Chabal n'est plus un exemple
Nicolas Chauvin, jeune joueur du Stade Français (rugby) est décédé des suites d'un double plaquage subi dans une rencontre entre les Espoirs de son club et ceux de Bordeaux-Bègles.
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Publié le 20-12-2018 à 11h00 - Mis à jour le 20-12-2018 à 13h30
Nicolas Chauvin, jeune joueur du Stade Français (rugby) est décédé des suites d'un double plaquage subi dans une rencontre entre les Espoirs de son club et ceux de Bordeaux-Bègles. Un énième accident sur les terrains de rugby qui devrait amener de nouveaux changements de règles…
C'est un terrible drame qui s'est produit le 12 décembre dernier, au stade Moga (Bègles). A la 5e minute de son match, le troisième ligne-aile du Stade Français restait au sol après un "plaquage à deux". Le choc fut violent et le joueur a été victime d'un traumatisme cervical qui a occasionné un arrêt cardiaque et une anoxie cérébrale (lésions dues à la diminution de l'oxygénation du cerveau). L'arbitre avait immédiatement arrêté la rencontre et le joueur été transporté à l’hôpital le plus proche, où il allait succomber à ses blessures. Cet accident est déjà le troisième de l'année 2018 à plonger le rugby français dans le deuil dont les dirigeants se réunissent ce jeudi avec leurs homologues de la fédération internationale pour adapter le règlement…
Le plus urgent: revoir le fonctionnement de la catégorie Espoirs, qui met actuellement aux prises des gamins de 18 ans avec des joueurs plus aguerris de 21 ou 22 ans, mais aussi parfois des seniors qui viennent y trouver du temps de jeu. Un peu comme au football, sauf que les confrontations physiques autour du ballon rond prennent moins d'ampleur que celles dont le ballon ovale fait l'objet. Si la catégorie Espoirs fut la plus touchée par ce type de drame, elle n'est pas la seule à déplorer de graves accidents. Deux exemples parmi d'autres en 2018: Rob Horne, international australien, a notamment perdu l'usage d'un bras sur le terrain et Scott Wilson, un espoir du rugby anglais, a dû ranger ses crampons à 24 ans après une blessure au cou.
Entendons-nous bien: le rugby est un sport magnifique. "Un sport de brutes joué par des gentlemen", dit-on souvent à raison. Un sport qui compte de nombreuses icônes, du regretté Jonah Lomu à Johnny Wilkinson, en passant par Sébastien Chabal. Le cas de ce dernier reflète peut-être le problème que vit actuellement l'ovalie. Auteur d'une grande carrière, à l'image de quelques matches de très haut niveau alimentés par des plaquages ô combien spectaculaires, notamment contre des All Blacks dont il se régalait, il n'avait toutefois pas le talent pur d'un Wilkinson, d'un Lomu ou d'un Dan Carter. Si Chabal est devenu une star, c'est avant tout pour l'image qu'il renvoyait. Pourtant, ses "tampons" qui avaient le don de faire frissonner tout un stade pourraient bien être bannis des terrains dans les prochains mois.
Comme le rappellent nos confrères de L'Equipe, le croc-en-jambe avait été le premier geste interdit, dès 1871, pour contrer le nombre important de fractures tibia-péroné. Bien plus récemment, la mêlée avait connu des modifications pour notamment préserver les piliers qui en sortaient parfois sur civière pour ne plus jamais y revenir. Le plaquage est lui-même déjà réglementé puisqu'il est interdit de renverser un adversaire (le projeter au sol avec la tête en bas) ou de le prendre au-dessus des épaules. Cette ligne de plaquage pourrait encore être abaissée et, qui sait, les impacts les plus forts pourraient un jour être punissables à l'interprétation de l'arbitre.
L'heure n'est peut-être plus à la formation d'impact-players. Tant pis pour les nostalgiques de Chabal, tant mieux pour les amateurs d'un rugby d'évitement.