Réaliser le Tour de France en courant un marathon par jour : le défi fou de Patrice Abela
Le Français Patrice Abela réalise un défi de 90 jours sur le parcours du Tour 2022 avec pour objectif d’attirer l’attention sur une pathologie rare dont souffrent deux de ses quatre enfants.
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Publié le 12-05-2022 à 16h31 - Mis à jour le 13-05-2022 à 11h52
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Le Tour d’Italie est actuellement lancé. Cette épreuve est la première course cycliste de trois semaines de la saison. Elle sera suivie en août par le Tour d’Espagne. Et, un peu avant, par celui de France, le plus connu des trois Grands Tours. Plusieurs favoris de la célèbre course au maillot jaune sont d’ailleurs actuellement en pleine préparation pour le grand rendez-vous de l’été. Si le Slovène Tadej Pogacar, le double vainqueur sortant, va reconnaître quelques étapes ces prochaines semaines, il croisera peut-être Patrice Abela.
Nonante jours pour 3 328 kilomètres
Ce Français de 55 ans ne sera pas sur un vélo, mais il sera bien sur le parcours du Tour de France. Cet ingénieur en informatique s'est lancé l'énorme défi de parcourir les 3 328 kilomètres du tracé 2022 en courant ! Soit l'équivalent de nonante marathons en nonante jours ! Un immense challenge sportif pour attirer l'attention sur une pathologie rare dont souffrent deux de ses quatre enfants : "l'insensibilité congénitale à la douleur".
Quand nous l’avons contacté cette semaine, il venait d’en finir avec la sixième étape, Binche-Longwy, et mettait le cap vers Tomblaine pour s’élancer à l’assaut de la terrible montée de La Plaine des Belles Filles.
"Le but de mon aventure, c'est d'attirer l'attention sur la pathologie dont souffrent mes deux filles cadettes, Coraline et Alizée, âgées de 12 et 13 ans, explique ce papa de deux autres enfants, de 19 et 16 ans. Elle est peu connue, il y a peu de recherches. Elle n'est pour l'instant pas parfaitement identifiée. On se doute que c'est génétique, car deux de mes filles en souffrent. Elles ne ressentent pas la douleur. Elles peuvent par exemple sentir le chaud, mais pas le brûlant. Elles peuvent mettre la main au feu sans que cela les gêne. Le danger n'est pas cette absence de douleur mais les conséquences qui peuvent en découler."
Avec ce non-ressenti de la douleur physique, des blessures bénignes répétées peuvent se transformer en graves traumatismes. "Pour l'instant, elles ne peuvent par exemple plus marcher : des mouvements répétés ont abîmé les articulations de leurs genoux. Comme elles sont en croissance, elles ne peuvent pour l'instant pas être opérées. Elles sont aussi beaucoup sujettes aux infections."

Avec son énorme défi physique, il espère donc motiver le corps médical à accentuer les recherches. Mais aussi à créer un mouvement solidaire.
"Cela a déjà porté ses fruits, d'autres familles avec des personnes qui en souffrent nous ont déjà contactés et l'attention médiatique commence à faire boule de neige", ajoute-t-il.
S’il ne se considère pas comme un sportif de haut niveau, Patrice Abela s’est préparé avec soin pour se lancer à l’assaut du Tour de France.
"J'ai toujours couru, explique-t-il avec cet accent qui sent bon le sud de la France. Je faisais de la plongée en apnée. J'avais besoin de souffle, raison pour laquelle je faisais de la course à pied. J'ai fait des marathons, mais à un niveau amateur. Pour ce projet du Tour de France en nonante jours, j'ai commencé une préparation spécifique treize mois avant mon départ. Avec une équipe médicale composée de cardiologue, médecin du sport, podologue, kiné, ostéopathe… Pour voir si j'avais toutes les aptitudes pour m'engager dans ce défi."
Pour lequel il ne cherche pas la vitesse, mais simplement à "faire durer la machine", à aller au bout.

Il n'est pas seul dans cette aventure. Sa compagne est totalement investie : elle le suit avec un camping-car aux couleurs de Coralizée (l'Association que Patrice Abela a créée) et gère toute l'intendance.
"Plus on avance, plus on entend parler de notre projet, certains nous rejoignent pour courir quelques kilomètres avec moi, poursuit Patrice Abela. Ce soutien fait du bien ! Depuis le Danemark, j'ai découvert des paysages magnifiques. Même si certaines portions sont parfois longues, sur des nationales en ligne droite sur plusieurs kilomètres. Je suis le parcours du Tour de France, mais je trace mon chemin sur Strava. Ce qui me permet parfois de pouvoir prendre des sentiers parallèles aux nationales. Mais cela reste beaucoup de plaisir. Et de souffrance, aussi…"
Depuis son départ, son corps a subi quelques blessures.
"Un muscle un peu froissé, une articulation du genou a souffert aussi. Je pars avec l’idée de faire un marathon par jour, mais face aux blessures, je ne m’interdis pas d’adapter mon programme. J’ai par exemple divisé des journées en séances de vingt kilomètres. J’ai cinq jours flottants dans mon planning."