Ces athlètes qui renoncent à leur rêve sportif pour des raisons écologiques
Tous les trois mois, le magazine Zatopek fait la démonstration qu’on peut parler de course à pied de façon surprenante, instructive, drôle et même émouvante quelques fois. À découvrir absolument pour tous ceux qui sont déjà coureurs. Et tous ceux qui ambitionnent de le devenir.
Publié le 17-02-2023 à 17h34
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De plus en plus de coureurs de haut niveau décident, pour des raisons écologiques, de ne pas se rendre à des compétitions internationales trop lointaines.
Ce samedi 18 février, se tiendront justement les championnats du monde de cross-country. Cela se passera à Bathurst, en Australie.
La toute jeune Innes FitzGerald, 16 ans, détentrice du record de Grande-Bretagne des moins de 20 ans du 3 000 mètres, grand espoir de son sport et donc sélectionnée pour ce rendez-vous mondial, a écrit à sa fédération pour se désister. “Chère British Athletics, avoir l’opportunité de concourir pour la Grande-Bretagne en Australie est un privilège ; néanmoins, c’est avec grand regret que je dois (la) décliner. J’avais 9 ans quand l’accord pour le climat de la COP21 de Paris a été signé. En huit ans, les émissions globales n’ont cessé d’augmenter, nous envoyant sur le chemin d’une catastrophe climatique.”
Le train sinon rien
En décembre dernier, pour se rendre aux championnats d’Europe de cross-country qui se tenaient à Turin, en Italie, la toute jeune femme avait fait le déplacement en train. Depuis Exeter, la ville où elle habite, cela lui avait pris plus de vingt heures ! Elle avait terminé quatrième. Peut-être aurait-elle pu grappiller encore quelques places sans la fatigue de son long voyage. Mais elle ne regrette absolument pas son choix.
”La science est claire, changer la donne n’est possible qu’à travers une transformation des comportements collectifs et personnels, dit-elle. Je ne serai jamais à l’aise à l’idée de prendre un avion en sachant que cela pourrait coûter leurs moyens de subsistance à des gens. Je ne veux pas avoir ça sur la conscience. Le moins que je puisse faire est d’exprimer ma solidarité avec ceux qui souffrent en première ligne du dérèglement climatique.”
Mais elle n’abandonne pas l’idée d’une carrière sportive de haut niveau. Elle cherche désormais des sponsors pour l’aider dans ses voyages, plus coûteux que ceux en avion, et pouvoir poursuivre son “rêve de devenir championne du monde tout en étant une championne de la planète”.
Quatre tonnes !

Peu de temps auparavant, en novembre 2022, son compatriote Andy Symonds, qui compte parmi les meilleurs traileurs mondiaux, décidait quant à lui de ne pas se rendre aux championnats du monde organisés en Thaïlande. Là encore, une décision lourde à prendre. Mais qu’il assume complètement, comme il l’explique dans l’interview sans langue de bois que vous pouvez lire dans le Zatopek actuellement en kiosque.
L’ultratraileur de 41 ans l’avoue tout de go : il a beaucoup voyagé dans sa vie. En Malaisie, en Alaska, en Nouvelle-Zélande, à Abou Dabi, à Hong Kong et beaucoup d’autres endroits encore. Pendant des années, il a pris l’avion sans songer aux conséquences. Et puis, un jour, l’idée lui est venue, dans les pas d’autres grands traileurs tels que Kilian Jornet et Xavier Thévenard qui essaient de sensibiliser le grand public sur cette thématique, de faire son bilan carbone (*).“J’arrivais à 6,3 tonnes pour l’année 2022. L’aller-retour en Thaïlande pour quelques heures de course m’aurait 'coûté' quatre tonnes de plus. C’était trop !” Dont acte !