Voici pourquoi la Barkley, vaincue par le Belge Karel Sabbe, est la course la plus dingue au monde
L’ultra runner gantois, finisher de l’édition 2023, nous avait confié ne pas trouver la Barkley comme étant la course la plus excitante au monde. Mais qu’il en viendrait un jour au bout. Objectif accompli ce vendredi.
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Publié le 17-03-2023 à 11h15
Le Gantois Karel Sabbe, 34 ans, est venu à bout ce vendredi de la Barkley Marathons, une épreuve d’ultra running qui se tient chaque année aux Etats-Unis et considérée comme l’une des plus dures au monde. En raison de son contexte et de ses règles, elle est assurément la plus dingue de la planète.
Avant l’édition 2023, seuls 15 coureurs différents avaient réussi à la terminer depuis sa création par Lazarus Lake en 1986. Désormais ils sont 17 puisque Karel Sabbe et le Français Aurélian Sanchez se sont ajoutés à la liste. L’Américain John Kelly, également finisher cette année, avait déjà réussi pareil exploit par le passé.
Des règles comme nulle part ailleurs
La difficulté de cette épreuve vient de ses règles nées de l’esprit de son fondateur, Lazarus Lake. Une personnalité aux multiples facettes, qui s’amuse de pouvoir jouer avec les athlètes tout en se montrant également très paternaliste. Gros fumeur, toujours avec un bonnet sur la tête et approchant de la septantaine, cet ancien comptable eut également sa petite carrière d’athlète.
Mais pourquoi est-ce si difficile de finir la Barkley ? Courir cinq boucles faisant au total un peu moins de 200 km en moins de 60 heures n’est, sur papier, par un mur infranchissable pour bon nombre d’ultra traileurs correctement entraînés. Même avec un dénivelé positif approchant les 20 000 mètres. Sauf qu’ici, rien n’est comme ailleurs. Sur la Barkley, le décor à travers Frozen Head State Park dans le Tennessee est très hostile. Avec aucun balisage pour se repérer à travers une forêt très dense dépourvue de sentiers. Montre ou gps ne sont évidemment admis pour s’orienter.
Voici quelques autres particularités du concept :
- Le moment du départ de la course n’est connu de personne. Il dépend en fait de l’humeur de Lazarus Lake. Il est en fait donné exactement une heure après que Laz choisisse de souffler dans une corne de brume. Cela peut être de jour comme de nuit. Cette année, les coureurs se sont élancés mardi à 14 h 54.
- L’orientation est sans doute la partie la plus délicate pour les participants, qui ne peuvent emmener leur gps ou leur smartphone avec eux. Une seule et unique carte est mise à disposition de tous les participants avant la course. Le jour même. À charge pour eux de la recopier sur une carte d’orientation et de tirer leur plan avec.
- Seuls 40 athlètes sont admis chaque année, désignés selon les envies et l’humeur de Lazarus Lake après avoir découvert les lettres de motivation de chacun. Le prix n’est pas un problème. Ici, vous payez moins de 2 dollars (1,60 $) pour valider votre inscription. Mais en échange, vous devez vous présenter avec une plaque d’immatriculation de votre pays. Après, vous vous débrouillez. Pas de ravitaillement, à part un peu d’eau, pas de contact…
- L’épreuve est réputée à travers le monde mais pourtant sa communication est inexistante. La Barkley n’a pas de site internet et n’offre aucun suivi live, si ce n’est celui de quelques passionnés via les réseaux sociaux. Si vous souhaitez vous inscrire, vous devez contacter Lazarus Lake. Comment ? Mystère…
- Pour prouver que le parcours a été correctement effectué, chaque participant doit déchirer une page de livres cachés à différents endroits de passage. La page doit correspondre à celle du numéro du dossard. Ces points de passage sont généralement au nombre de 13.
Karel Sabbe, un aventurier plus qu’un amoureux de la Barkley
En 2019, pour sa première, Karel Sabbe en fut le dernier rescapé, réalisant ce qu’on appelle une “fun run” (3 boucles sur les 5). De retour en 2022, il dut à nouveau renoncer dans la 4e boucle, victime d’hallucinations notamment.
Cette fois, lors d’une édition 2023 particulièrement dense au niveau du plateau et favorable au niveau de la météo, il a réussi à mener à bien ce qui était l’un de ses objectifs de son parcours d’ultra traileur.
”Oui, je veux finir la Barkley et je le ferai un jour, nous avait-il expliqué par le passé au sujet de la Barkley. C’est un objectif qui se situe très haut dans ma liste des choses que je veux faire, même si ce n’est pas non plus le premier.”
Car le truc de Karel Sabbe, véritable aventurier, c’est plus que jamais les off, comme à l’été 2021 où il est venu à bout de la Via Alpina, record de la traversée à la clé.
”La Barkley est un énorme challenge. Mais, si je dois choisir entre un défi comme la Via Alpina ou l’Apalachian Trail et la Barkley, je choisirai toujours les premiers. C’est un mois dans la montagne avec des amis et une expérience incroyable. La Barkley, c’est plus personnel. Je veux prouver que je peux le faire mais ce n’est pas l’expérience la plus fun.”