Voir le visage de Lazarus Lake, maître de cérémonie d’une Barkley souvent décrite comme l’épreuve la plus dure au monde, s’illuminer lorsqu’il aperçoit Karel Sabbe à travers son écran suffit à comprendre l’importance que le Gantois (32 ans en 2021) a pris au sein de la communauté des ultra-traileurs, ces adeptes des efforts de très longue distance. Une scène vécue après la victoire de Karel Sabbe et son record du monde après 75 heures et plus de 500 kilomètres parcourus sur la Big Dog’s Backyard Ultra World Championship à l’automne dernier.
Le fantasque Américain admire son petit Belge, avec qui il a noué un lien fort après qu’il a réussi à être le dernier rescapé de sa course à élimination à travers les forêts humides du Tennessee en 2019.
"Je pense que Laze (Lazarus Lake) apprécie ma philosophie, mon approche. Il sait que je suis capable de faire de belles performances sur les distances ultras. C’est un chouette gars et on s’envoie des e-mails pour se raconter nos histoires…", glisse l’ultra-traileur du Team On Running.
Les chiffres des exploits de Karel Sabbe donnent tout simplement le tournis : 41 jours, 7 heures et 39 minutes pour parcourir les 3 510 kilomètres de l’Appalachian Trail en 2018 ; 52 jours, 8 heures et 25 minutes pour les 4 300 bornes du Pacific Crest Trail deux ans plus tôt. Deux records sur deux des sentiers de randonnée les plus mythiques outre-Atlantique.
Le dentiste de profession est un monstre des distances ultras et ne semble pas avoir de limites une fois ses baskets enfilées. Mais ce jeune papa n’a rien d’un fou. D’un naturel très calme, il se nourrit d’une passion de la course à pied redécouverte sur le tard, après des études éprouvantes, et, surtout, de son immense soif de découverte.
Les défis accomplis dépassent cependant l’imaginable. Outre l’effort physique qu’ils demandent, ils exigent un mental d’acier. Tout au long d’efforts s’étalant de jour comme de nuit sur plusieurs jours, voire semaines, l’esprit s’évade du quotidien pour, parfois, entrer dans une autre dimension. C’est cette réalité que, l’espace d’un long entretien avec Karel Sabbe, nous avons tenté de percer. Introspection.