Immersion au sein de l'organisation de la Maxi-Race d'Annecy : "Prendre les bonnes décisions pour le plaisir des participants"
Plongée au cœur de l’organisation de l’épreuve autour du lac d’Annecy, dont la 10e édition a eu lieu lors du dernier week-end.
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- Publié le 04-11-2021 à 06h50
- Mis à jour le 11-05-2022 à 09h17
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Le lieu ressemble à s’y méprendre à un conteneur de chantier. À l’intérieur, une demi-douzaine de personnes ont les yeux rivés sur plusieurs écrans ainsi que les oreilles à l’écoute de toutes les informations venant des montagnes aux alentours. Ils surveillent en permanence la progression des coureurs et coordonnent les quelque 400 bénévoles présents sur le terrain.
Décor paradisiaque et nouveaux formats
Le décor de l’endroit est un peu austère. Mais il est tout en contraste avec ce que l’on peut voir en jetant un œil par la fenêtre. Un spectacle presque paradisiaque offert en ce dernier dimanche d’octobre par le Lac d’Annecy, étendue d’eau de 28 km² d’un bleu pur et autour de laquelle quelque 4 000 coureurs se sont donné rendez-vous tout au long du week-end pour vivre, enfin, la 10e édition de la Maxi-Race.
Une édition qui, après un bad buzz marqué par des embouteillages en haute montagne en 2019, a eu le courage de remettre l'expérience et la convivialité au premier plan en étalant ses courses et, surtout, en réduisant la fréquentation globale. Un pari réussi. "Il y a encore du monde mais, grâce à nos adaptations, on le ressent moins. Et tout est plus fluide", sourit, satisfait, Stéphane Agnoli, le directeur de l'événement.
Le tour du Lac, sur un peu plus de 80 kilomètres pour 5 000 mètres de dénivelé positif, est le format phare de l’organisation. Celui qui donne son nom à l’événement. Le Marathon, qui se déclinait pour la première fois en un format "Race", plus technique et plus compétitif, et un autre "Expérience" orienté grand public, attire lui aussi le monde et les regards. Au total, ce sont une dizaine de déclinaisons sur les innombrables sentiers qu’offre le Lac d’Annecy que propose la Maxi-Race.
Faire face à l’automne
Incontournable du trail français, très appréciée des Belges, la Maxi-Race a lieu habituellement à la fin du mois de mai. Crise sanitaire oblige, l’organisation a fait cette fois le choix de proposer ses épreuves à l’automne en 2021 après avoir déjà dû faire l’impasse en 2020. C’est que, logé à 450 mètres d’altitude au pied des montagnes, le Lac d’Annecy peut se permettre ce luxe d’encore accueillir un trail aux caractéristiques montagnardes à une période où certains ont déjà la tête au ski. Mais plus encore qu’ailleurs, cela a contraint les organisateurs à être particulièrement vigilants à l’évolution des conditions météorologiques tout au long des deux jours de course. Pluie, éclaircie, grand soleil ou vent en altitude, la Maxi-Race a bien dû composer avec l’automne pour exister en 2021 avant de revenir à sa date habituelle, le dernier week-end de mai, dès 2022.
"Samedi, nous avons rapidement décidé de ne pas faire courir les coureurs de l'Ultra Race (110 km) et de la MaXi-Race sur les hauteurs vu le fort vent qui y soufflait. Pareil sur la Marathon-Race le lendemain. S'il faisait magnifique au bord du lac, ce n'était pas le cas en altitude. Courir en altitude, avec du vent à 80 km/h qui te pousse, ce n'est pas sécurisant pour les coureurs. Il a fallu trancher et activer des solutions de repli préparées à l'avance."
L’art de prendre la bonne décision
Pas toujours comprises par les coureurs, ces décisions font l'objet de longues analyses et discussions en coulisses. Avec, toujours, la sécurité en toile de fond. "Cela va de pair avec le plaisir, soutient Stéphane Agnoli. Ce plaisir doit passer avant tout. Et pour moi, la sécurité va avec le plaisir. Car si le coureur a peur et se sent en danger, il ne se fait pas plaisir. Les deux éléments se rejoignent donc. Au final, nous sommes donc là pour prendre les bonnes décisions pour le plaisir des participants."
Pour décider de modifier un parcours ou de passer sur une trace plutôt qu’une autre, une organisation comme celle de la Maxi-Race se base sur une multitude de données mais aussi sur l’expérience du terrain. Avec des bénévoles, des guides ou des médecins répartis tout au long du parcours.
Pouvoir anticiper
"Sur nos écrans, grâce à des balises GPS, nous pouvons savoir en permanence où chacun se trouve. Ce qui nous permet de faire appel à la bonne personne à chaque instant en fonction de la demande. En parallèle, nous avons un système de suivi qui nous indique où et quand sont passés les participants. Cela nous offre aussi une idée globale de l’avancée du peloton. En croisant ces données avec la météo, cela nous permet de prendre les bonnes décisions. Si la météo prévoit l’augmentation de la pluie ou du vent à un endroit engagé, on peut donc savoir si cela concernera des coureurs ou non. En fonction de la décision, on communique alors avec le chef de section sur le terrain pour, par exemple, l’informer qu’il faut que les coureurs passent sur un tracé de repli."
Baskets aux pieds, le participant, lui, ne ressent rien de cette agitation. Le balisage est parfaitement adapté et chaque membre de l'organisation sait ce qu'il doit faire. Tout au plus, la richesse du parcours promis est parfois impactée. "Il y a aussi chez nous une part de frustration de ne pouvoir offrir ce sur quoi nous avions travaillé, reconnaît Stéphane Agnoli. Mais, en tant qu'organisateur, il faut pouvoir prendre du recul et surtout prendre les bonnes décisions."

Un terrain d’expression pour les traileurs belges
Du charme authentique d’Annecy-le-Vieux aux nombreux sentiers qui font le bonheur des amoureux de la pratique du trail, il n’y a que quelques foulées. Pas étonnant que, chaque année, la Maxi-Race attire en masse les Belges qui y voient l’occasion de s’évader et de se défouler face à des décors de rêve.
Cette année, automne oblige, les chemins autour du lac d’Annecy ont même parfois pris l’allure de ceux de notre Ardenne. Le dénivelé et les montagnes en plus. Pour le reste, feuilles, boue et racines, tout y était.
"C'était à la Belge, les longues montées en plus", rigole le Sprimontois Sylvain Lejeune, qui a terminé 4e du format XXL-Race, soit un parcours de 115 km en deux étapes et en deux jours. "Mais ça reste de la montagne, avec des sommets comme on n'en voit pas chez nous. Et des ascensions où tu prends régulièrement plus de 500 mètres de D +. Mais, vu la nature du sol, je me suis bien amusé en descente…"
Le lac, la spécificité
Le lac d'Annecy, presque visible à chaque fois que l'on rejoint un sommet sur l'un des parcours, fait incontestablement l'attrait de la Maxi-Race. Et lui donne tout son sens également. "Pouvoir faire le tour complet du lac donne du sens à l'épreuve", nous a par exemple indiqué la Française Camille Bruyas, 2e du dernier UTMB et qui a pris part à la Maxi-Race en 2018. "J'adore cette idée de faire une boucle complète. Combiné aux vues offertes, cela donne un superbe parcours."
Le Français Gédéon Pochat, deux fois 4e de la Marathon-Race mais aussi vainqueur de la Short-Race (14 km), confirme ce ressenti. "Ce n'est pas juste une boucle pour dire de faire une boucle. Ici, on fait le tour de quelque chose, du lac d'Annecy qui plus est", souligne celui qui habite à Thones, soit quasiment sur le parcours et qui connaît les lieux comme sa poche. "De chaque sommet, on a une vue sur le lac. Ce qui permet à chaque instant ou presque de savoir où l'on en est par rapport à Annecy. C'est quelque chose de relativement unique."