La folie Ultra-Trail du Mont-Blanc : un parcours de 171 km, trois pays et une adoration pour le Mont-Blanc
Une Française, un Italien et un Suisse experts des sentiers de l’UTMB pointent leurs coups de cœur sur l’ultra le plus courtisé au monde.
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- Publié le 30-08-2023 à 19h49
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Le massif du Mont-Blanc est en effervescence. L’UTMB, considéré comme le sommet mondial du trail, bat son plein avec, en apothéose, le départ de la course majeure (171 km et 10000 mètres de dénivelé positif) ce vendredi 1er septembre depuis Chamonix.
Derrière les images d’arrivées et du départ des élites sur l’ultra le plus courtisé au monde, ils seront une nouvelle fois plus de 2 000 chanceux ayant obtenu un dossard à avoir pour principal objectif de voir l’arrivée, à Chamonix, après avoir bouclé le tour du Mont-Blanc en moins de deux jours et à travers trois pays partageant une même fascination pour le plus haut sommet d’Europe. Ce même mont Blanc qui attire, par milliers, les coureurs à Chamonix chaque année et qui en fait rêver bien plus à travers le monde.
Ce parcours, celui que beaucoup de randonneurs effectuent en dehors de l’UTMB, regorge de lieux fascinants et de panoramas qui vous marquent à jamais l’esprit. Desquels peut parfois se dégager une atmosphère typique du pays et de la région traversée, malgré ce sommet qui les rassemble. De l’animation française qui règne à Chamonix aux charmes du val d’Aoste en Italie en passant par ces coins préservés et hors du temps en Suisse avant de revenir en France pour regagner Cham’.
Une expérience que Caroline Freslon, Marco Albarelo et Jules-Henri Gabioud, trois experts du trail représentant les trois pays traversés par l’UTMB, nous ont fait partager voici deux ans, lors de rencontres et aventures que nous vous narrons à nouveau avant l’édition 2023.
Chacun, pour son territoire, ayant pointé ses trois incontournables sur le parcours de l’UTMB.

En France (Caroline Freslon)
Le col du Bonhomme (43 km)
De la France, on pourrait retenir l’effervescence du départ au cœur de Chamonix ou encore ces premiers kilomètres qui permettent aux supporters de voir les coureurs passer sous une chaude atmosphère à Saint-Gervais (21 km) ou aux Contamines (31 km). Mais les passages qui suivent valent plus que le détour, malheureusement difficilement appréciés par les coureurs lors de l’épreuve étant donné un départ en fin de journée (18 h). C’est donc de nuit qu’ils franchissent le col du Bonhomme, premier sommet à plus de 2 000 mètres de l’UTMB. “Les vues après le franchissement du col sont magnifiques”, souligne Caroline Freslon, traileuse française lauréate du Tour des Glaciers de la Vanoise et qui est à la tête de la société 5e Élément qui encadre des stages de trail dans la région. Des panoramas qui s’étendent sur le Beaufortain cher à François D’Haene. “Avec, au loin, le col de la Seigne et une ambiance typique des alpages, loin de l’animation de Chamonix.”

Le col de la Seigne (60 km)
On est ici à la frontière entre la France et l’Italie, tout juste au-dessus des 2 500 mètres. “Le sommet est grandiose, quand on y passe de jour”, ajoute Caroline Freslon. “Devant, tout le val Vény et le val Ferret. C’est en fait une superbe vue sur l’Italie, mais toujours depuis la France. Tous les grands sommets du massif du Mont-Blanc sont visibles : l’aiguille Noire de Peuterey, le mont Blanc de Courmayeur ou encore les Pyramides calcaires.”
La Tête au vent (160 km) – sommet finalement retiré de l’édition 2023
Après des passages en Italie et en Suisse, les traileurs reviennent en France avec Chamonix et l’arrivée en ligne de mire. La Tête au vent est une (ultime) ascension raide et souvent effectuée sous la chaleur. “Mais la récompense est belle. Une fois au sommet (2 100 mètres), c’est un sentier en balcon jusqu’à Chamonix depuis lequel on domine tout le massif, avec vue sur les Grandes Jorasses, la Mer de glace, les aiguilles de Chamonix ou les Trois Monts. Pour ceux qui ont la chance d’arriver en journée ou de le faire en dehors de l’UTMB, c’est un superbe panorama, au beau milieu de la Réserve naturelle des aiguilles Rouges où on peut parfois croiser des bouquetins et un riche univers plein de lacs d’altitude et de plantes adaptées aux conditions extrêmes.”
En Italie (Marco Albarello)
Col des Pyramides calcaires (63 km)
L’UTMB en Italie rime avec Val d’Aoste. Tous les sentiers de l’ultra passent d’ailleurs sur le territoire de la commune de Courmayeur au charme tout italien, où l’on peut profiter d’un territoire préservé au versant sud du Mont-Blanc.
Après avoir laissé dans son dos les Pyramides calcaires, le plus haut point de l’UTMB à 2 567 mètres d’altitude, s’offre un décor hors du temps plongeant sur le lac Combal et le val Vény. “En plus de la beauté des lieux, c’est un endroit encore plus particulier pour moi en raison du lien que j’entretiens avec ce territoire”, raconte Marco Albarello, ancien fondeur italien champion du monde en 1987 et ayant gagné, baskets aux pieds, plusieurs fois le tour du Mont-Blanc lorsque celui-ci était encore une course en relais par équipe de sept organisée par le club des sports de Chamonix-Mont-Blanc. “Ce sont là les terrains de mon enfance, où j’habitais avec ma maman. On y amenait les vaches pour manger…”

Maison vieille – Col Checrouit (75 km)
Direction ensuite le refuge Maison Vieille. Un lieu doublement apprécié. “D’abord en raison de son ambiance”, soutient Marco Albarello.
Une atmosphère folklorique et spontanée, chaque année renouvelée. “Le gardien du refuge y organise des animations complètement folles. En 2019 encore, une dame jouait de la harpe au milieu des montagnes, par sa propre initiative”, s’amuse Catherine Poletti, co-fondatrice de l’UTMB. “Le problème est que les coureurs ont du mal à partir…”
La deuxième raison qui fait du lieu un must est le panorama sur Courmayeur. Une entité au charme italien située juste de l’autre côté du tunnel du Mont-Blanc, sur son versant sud. “J’adore cette vue, reprend Marco Albarello. Qui plus est, en regardant du côté gauche, on retrouve le mont Chétif, situé juste au-dessus de la maison où je vis à Courmayeur…”
L’ascension du Grand Col Ferret (97 km)
Il s’agit ici de la partie supérieure de l’ascension du Grand Col Ferret, avant de quitter l’Italie pour la Suisse. Depuis ce balcon, s’offre, à nouveau, une vue à couper le souffle. “Par des journées très lumineuses, on voit véritablement toute la chaîne du Mont-Blanc”, termine Marco Albarello, qui a quatre participations olympiques au compteur. “J’ai beaucoup voyagé à travers le monde et j’ai en vu des montagnes mais, en revenant chez moi, je me suis toujours dit que c’était la plus belle chaîne du monde. Cela vaut donc le détour…”
En Suisse (Jules-Henri Gabioud)
Le Grand Col Ferret (102 km)
Le Grand Col Ferret est le lieu de passage entre l’Italie et la Suisse. “Au-delà du symbole, c’est surtout une vue magnifique sur les montagnes. Un petit regard en arrière permet de voir le sommet des Grandes Jorasses, mais aussi beaucoup plus au loin avec le col de la Seigne grimpé au début du parcours. C’est assez dingue”, glisse, avec enthousiasme, le Suisse Jules-Henri Gabioud, qui a bouclé son premier UTMB à 21 ans avant de gagner le Tor des Géants à 24 ans ! “On est aussi là au pied du mont Dolent, un sommet à 3 800 mètres qui a la particularité d’y accueillir les frontières de la France, de l’Italie et de la Suisse. Un cas unique.”
Au niveau psychologique, c’est un cap important. “L’entrée en Suisse, aux environs du 100e km. La descente qui suit, pas trop technique, peut être à double tranchant. Si tu as les jambes, c’est un pur plaisir. Mais si tu es usé, ça devient un vrai calvaire.”

Champex-Lac (123 km)
Champex-Lac est assurément un lieu atypique sur l’UTMB. Une sorte d’oasis qu’on n’imagine pas trouver là. “Il reste donc un marathon de montagne avant de franchir la ligne à Chamonix”, reprend Gabioud, qui s’alignera dès lundi sur la Petite Trotte à Léon, l’une des sept épreuves au menu de la semaine. “Champex, c’est particulier. Un petit village et son lac qui invitent à prendre du bon temps. Mais quand on fait l’UTMB, il ne faut pas trop y traîner. Ici, on appelle ce lieu le 'Petit Canada du Valais'.”
Bovine (135 km)
Bovine est le premier sommet après Champex, juste avant le ravitaillement de La Giète, avec un panorama sur la plaine du Rhône. “Lors de mes premiers UTMB, je me souviens que j’avais du mal à cet endroit, c’était la nuit. Et voir toutes ces lumières sur la plaine, notamment sur la ville de Martigny que l’on surplombe, c’est très beau et ça donne une sensation particulière, au cœur des alpages”, ajoute l’ultra traileur de 34 ans, originaire de La Fouly.