Ismaël Debjani dans la peau d’un coach : "Prenez du plaisir avant tout"
L’athlète carolo a partagé une séance d’entraînement avec plusieurs amateurs de course à pied ce mercredi à Nivelles.
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- Publié le 31-03-2022 à 07h46
- Mis à jour le 11-05-2022 à 09h13
Ismaël Debjani reconverti en coach ? N'y pensez pas. "Pas tout de suite. Ce n'est vraiment pas ce que je préfère, rigole-t-il. Mais peut-être que je dirai autre chose d'ici quelques années, après ma carrière."
Cela n'a pas empêché l'athlète carolo, quelques jours après les Mondiaux indoor à Belgrade, d'encadrer ce mercredi quelques amateurs de course à pied ayant répondu à une invitation conjointe de l'Adeps et de Belgium Running sur la piste du CABW, son club. L'occasion, pour nous, d'écouter les conseils que le recordman de Belgique du 1 500 mètres a à partager avec la communauté des coureurs belges. "Vous savez, j'ai plus d'admiration pour les coureurs amateurs qui courent tous les jours que pour des pros qui font de grosses performances…"
Toujours avoir envie
Une chose est sûre, Ismaël Debjani met le plaisir tout en haut de sa liste des indispensables. "Il faut enfiler ses chaussures en ayant l'envie d'aller courir. Cela ne doit jamais être une obligation, insiste le Jumétois de 31 ans. Si un jour, vous vous sentez fatigué, il faut pouvoir prendre du repos. Il est inévitable d'avoir de moins bons jours. Moi, cela m'arrive parfois de faire 20 km très facilement et que, le lendemain, ce soit une toute autre histoire. C'est valable pour tout le monde. Dans ces cas-là, mieux vaut d'abord écouter son corps plutôt que de toujours vouloir en faire plus."
Pas que du sacrifice
Cette notion de plaisir doit être partagée par tous les pratiquants, pros ou amateurs. "Ce serait vraiment difficile de réussir à courir à l'allure qui est la mienne sans plaisir. Mais, à mon niveau, il y a aussi la pression, l'obligation des résultats. Je prends du plaisir mais je sais aussi que je dois courir très vite pour conserver mon statut. Des fois, le plaisir peut donc passer au second plan face à ces enjeux, malheureusement. Mais ça ne doit pas être le cas pour ceux qui ont une pratique loisir. Ce serait dommage."
Même dans l'alimentation, Ismaël Debjani n'hésite pas à placer cette notion de plaisir. "Je suis suivi par un diététicien. Mais je reconnais que ce n'est pas là que je mets le plus d'effort. Je cours beaucoup, donc je perds beaucoup de calories (rires). Je fais attention mais tout ne peut pas non plus être uniquement sacrifice."
Il n’y a pas que l’entraînement…
S'entraîner beaucoup en vue d'un objectif tout en ayant une hygiène de vie qui n'est pas celle d'un sportif est un paradoxe que constate régulièrement Ismaël Debjani au sein de la communauté des coureurs. "On a tous déjà fait des écarts, moi y compris bien sûr. Mais si on s'entraîne, il faut aussi pouvoir penser à tout ce qu'il y a à côté. Notamment à la récupération, qui fait partie du jeu. J'en vois certains qui s'entraînent très dur pour un marathon mais qui sortent également tous les week-ends. Ce n'est pas cohérent. Cette hygiène de vie générale peut faire la différence. Quand on est pro, on le comprend vite. Sinon, la blessure peut vite nous le rappeler."
La piste pour travailler sa technique
Ismaël Debjani, dans le cadre d'une pratique régulière, recommande également un détour par la piste d'athlétisme. "C'est bien d'y venir une fois semaine pour travailler sa vitesse et sa technique de course. Car plus on s'améliore techniquement, plus on sera performant sur son jogging le week-end. Sur la piste, on peut apprendre à être plus rigoureux dans sa pratique, c'est-à-dire à bien positionner les pieds, à se tenir droit et à bien utiliser ses bras, ce que peu de coureurs font finalement. À force de travail, on peut tout rassembler et gagner quelques secondes facilement sur chaque kilomètre."
On n'est pas tous égaux en course à pied: "Il y a toujours plus fort que soi, il faut d’abord regarder sa propre progression"
Le record de Belgique fixé à 3.33.06 sur 1 500 mètres, soit au-delà des 25 km/h de moyenne, par Ismaël Debjani peut sembler inhumain pour n'importe quel passionné de course à pied. "Les qualités intrinsèques étaient présentes chez moi. J'ai toujours été considéré comme celui qui courait vite. Mais cela ne veut pas dire que c'est facile. J'ai dû travailler très dur pour en arriver à ce niveau." Et d'ajouter à l'adresse du grand public : "Oui, il y a une part importante de génétique dans la course à pied. Nous ne sommes pas tous égaux. Mais il ne faut pas tourner le dos à ce sport car on n'a pas reçu le don de courir vite. Finalement, son seul adversaire, c'est soi-même. Moi, je cours vite au niveau belge. Mais quand je vais à un championnat du monde, je ne cours pas si vite que ça par rapport à d'autres finalement. Si on s'en tient à ce raisonnement, il y a toujours moyen de complexer. Il faut d'abord regarder sa propre progression, en être fier et se fixer des objectifs réalistes."