Tibo Debaillie, premier Belge pro du foot us : “Ce n’est pas si simple d’avoir le niveau”
Le Flandrien de 25 ans évolue avec les British Columbia Lions, au Canada. Et il est heureux : “J’ai de l’impact dans mon équipe.”
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Publié le 09-02-2023 à 11h26
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La NFL, la Mecque du football américain, n’est pas fermée aux étrangers. Elle s’ouvre même un petit peu. Cependant, aucun Belge n’a jamais réussi à faire partie d’une franchise de NFL. On ergote un petit peu : oublions George Jakowenko et Terry Ray, qui sont certes nés en Belgique, mais par la force des choses, leur papa étant par exemple de service au Shape. Ou encore le cas plus récent de Corliss Waitman (27 ans), né à Gand et occupe le 'punter' (chargé de dégager le ballon le plus loin possible) chez les Denver Broncos, mais son paternel jouait au basket-ball dans le coin.
Alors si Loic Sapart a tenté sa chance dans les Universités, que Sylvain Yondjouen espère trouver son bonheur à la draft la saison prochaine, pour retrouver la trace du compatriote à être allé le plus loin dans son sport et à être devenu pro, il faut prendre la direction du Canada : Tibo Debaillie, 25 ans, casse la baraque avec les British Columbia Lions, à Vancouver.
Né à Gistel, le defensive lineman de 130 kg pour 1,91 m est actuellement au repos, chez lui, en Belgique et en profite pour partir en city-trip. Mais Tibo n’a pas hésité à nous accorder quelques minutes de son temps, car l’ancien Ostendais sait qu’il joue un rôle d’exemple pour tous ceux qui, un jour, rêvent de percer dans le football américain et de devenir pro. “Au dernier camp (NdlR : organisé dans le Limbourg mi-janvier par PPI), l’un des defensive linemen m’a demandé des renseignements sur la façon de s’améliorer, dit-il. Je lui ai montré ce que j’ai appris en College et au Canada. J’ai essayé de lui apprendre le mieux possible. Je lui ai également dit qu’il fallait s’entraîner tous les jours, travailler quotidiennement les fondamentaux.”
Donner l’exemple, Tibo prend cela à coeur. Lui est en tout cas tombé dans le football américain lorsqu’il était petit. Et le Flandrien y a très rapidement pris goût. “Comment je me suis mis au football américain ? Mon père et deux de ses frères y jouaient dans les années 80, explique l’ancien membre des Ostend Pirates. J’ai donc regardé des matchs dès mon plus jeune âge alors que le football américain n’était pas un sport tellement populaire. J’ai commencé à jouer à 12 ans. Je ne suis pas passé par le flag mais j’ai commencé directement au tackle.”
Avec 191 cm et 130 kilos, Tibo est un beau petit bébé. Il ne pouvait donc pas rêver d’une place de running-back et s’est fait une place en défense, d’abord à Ostende puis en Allemagne, pays qu’il rejoignait en train pour pratiquer son sport. “Il faut être grand, fort, athlétique, rapide, technique, etc. Depuis que je suis petit, je rêvais un jour de fouler les pelouses américaines.”
Ce qu’il a fait grâce à sa rencontre avec Brandon Collier, patron de PPI, qui lui a ouvert les portes américaines. “Il y avait un camp en Allemagne auquel j’ai participé. Il est venu me parler directement après l’entraînement et on a commencé à travailler ensemble.”
Il a joué pour les Towson Tigers, l’équipe d’une université du Maryland. “J’y ai passé quatre ans (dont la dernière a été annulée à cause de la pandémie mondiale). Après les années américaines, j’ai été contacté par la ligue canadienne. Il y a eu des essais et j’ai été drafté par les Edmonton Elks. Si je rêve de la NFL encore ? Non, vous savez, je suis très content. Je suis dans une bonne équipe, les BC Lions, j’ai de l’impact sur le jeu. C’est à 80 % le même sport qu’aux USA. Certains équipiers venant de NFL ont été coupés. Ce n’est pas si simple d’avoir le niveau. Mes équipiers peuvent avoir du mal à croire que je viens de Belgique mais, vous savez, je viens d’une école américaine aussi.”
Tibo Debaillie poursuit donc son petit bonhomme de chemin, pas exactement là où le souhaitait, mais il gagne sa vie grâce à son sport. “Après le match, oui, on s’arrête pour signer des autographes ou faire quelques photos, souligne celui dont la famille ne l’a pas encore vu jouer au Canada. Maintenant, je suis en vacances jusque mai. La saison se déroule jusqu’en novembre. Je ne suis pas au repos complet, bien entendu. Si je m’autorise un city-trip, je m’entraîne dur à la salle de sport. Je fais des exercices et je vais à la salle. Je veux devenir plus fort, meilleur. Je veux améliorer mon jeu de position, afin d’atteindre plus facilement le quarterback adverse.”
Tibo Debaillie aimerait que d’autres Belges marchent dans ses pas, lui qui n’est pas avare de conseils. “Oui, je pense que le football américain peut venir un sport majeur en Belgique. C’est physique, bien sûr, mais c’est un chouette sport. Il y a des opportunités de développement et on peut aller aux USA. Jouer à l’étranger améliore aussi le niveau et bénéficie à la Belgique.”