Après la détention, le boxeur Nabil Messaoudi a signé un retour victorieux sur le ring : "Être privé de liberté, c'est très dur à vivre"
La 9e victoire professionnelle de Nabil Messaoudi est intervenue dans un contexte pour le moins particulier.
Publié le 14-03-2023 à 17h20
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Son dernier combat remontait au 25 février 2022. C'est dire si Nabil Messaoudi, que nous qualifiions il y a un peu plus de deux ans d'homme pressé, avait hâte de remonter sur le ring, samedi dernier, au Hall omnisports de l'ULB Erasme à Anderlecht. Depuis, beaucoup d'eau a bien sûr coulé sous les ponts. Certains ont ainsi pu s'étonner de voir l'ancien champion de Belgique des super-welters (-69,853kg), temporairement détenu pendant quelques mois, disputer dès maintenant un combat professionnel alors qu'il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour répondre de graves accusations. En attendant le dénouement dans cette sombre affaire, dénouement qu'il espère heureux pour lui, le boxeur de 23 ans nous a expliqué, quelques minutes après sa victoire contre le Hongrois Kristof Kovacs, le contexte dans lequel il vit aujourd'hui.
Nabil, en combien de temps avez-vous préparé ce combat ?
"Cela m’a coûté deux semaines et demie de préparation. Je dirais même deux semaines parce que la semaine du combat, on ne la compte jamais. On récupère, on travaille le cardio, on fait régime. On pense plus au poids, en fait."
Étiez-vous monté très haut ?
"Oui, j’étais monté jusqu’à 100kg. Et j’ai su perdre 20 kg en deux semaines, j'ai boxé ce samedi à 80kg (Ndlr: quasiment le poids d'un mi-lourd). C’était une reprise très dure après avoir été à l’arrêt complet pendant six mois. Physiquement ce n’était pas facile pour les genoux, pour les articulations, pour les os."
N'avez-vous pas hésité avant d'accepter ce combat ?
"Non, je n’ai pas hésité pas du tout ! Je vais même vous dire que je ne pensais qu’à ça ces six derniers mois. Quand j’ai vu que Yassine Maatala organisait, je me suis dit : pourquoi ne pas demander s'il est possible de boxer. Et l’opportunité est arrivée."

Quand avez-vous appris que vous alliez remonter sur le ring ?
"C’était, je pense, le 16 février. Je me suis entraîné comme un fou tous les jours, deux fois par jour. Ce n’est pas facile de passer de rien à directement deux entraînements par jour. La première semaine était la plus dure, la deuxième était difficile psychologiquement et puis, à la fin, la motivation était de plus en plus importante."
Vous avez retrouvé votre jardin si on peut dire ?
"Oui, ça m’a vraiment fait plaisir de pouvoir remonter sur le ring. Le premier round était un round d’observation pour ma part. J’ai laissé travailler l’adversaire, j’ai voulu voir si le coup d’oeil était toujours là, si les jambes suivaient toujours. Quand j’étais vu que c’était ok, j’ai pu avancer. Rentrer dedans directement dès le premier round, après un an sans boxer, était une mauvaise idée. Je devais reprendre mes repères, voir à quel tempo boxait l’adversaire et à partir de là j’ai pu enchaîner."
Comment vous êtes-vous senti avec ces quelques kilos en plus ?
"Au niveau vitesse, je trouve que ça va. Le timing est là. Je sais quand frapper et quand je frappe, il n’y a pas beaucoup de déchet, généralement je touche. Donc la vitesse a été un facteur moins important que le timing."
Ce ne sont pas ces six mois d’arrêt qui vont me détourner de mon objectif et me faire abandonner mon rêve.
Dans votre discours d'après-combat, vous vous êtes immédiatement projeté, en évoquant un championnat du monde notamment.
"Oui, c’est normal. La logique n’a pas changé. Ce ne sont pas ces six mois d’arrêt qui vont me détourner de mon objectif et me faire abandonner mon rêve. Le prochain combat se fera peut-être en Angleterre, on verra."
Avez-vous eu peur que votre carrière s’arrête complètement après votre arrestation ?
"J’ai essayé de ne pas y penser. Je suis resté confiant, il y avait des témoins heureusement."

On a parlé de bracelet électronique, de surveillance étroite. Dans quelles conditions pouviez-vous boxer ce samedi ?
"Je suis totalement libre de boxer depuis le 15 février. Je suis libre de m’entraîner, je rentre, je sors de chez moi. Pas de problème."
Où en est l’affaire qui vous concerne ?
"On attend la décision, le dossier a été renvoyé au tribunal correctionnel. Ces choses-là prennent du temps. Mais j’ai confiance en la justice, normalement ça devrait le faire. J’espère être blanchi le plus tôt possible. Pas mal d’éléments, dont trois témoignages importants, jouent en ma faveur. J’étais là pour éviter que les choses ne dérapent. Rien de tout cela n’était prévu."
Regrettez-vous ?
"Oui, bien sûr ! Si c’était à refaire, je ne répondrais même pas au téléphone quand on m’a demandé de venir. Ça m’a causé beaucoup de pertes. Être privé de liberté, c’est très dur. Surtout pour un petit lion comme moi qui voulais dévorer tout le monde sur les rings de boxe..."