Image négative, amendes qui s’alourdissent, huis clos : la RAAL La Louvière commence à s’agacer et va au combat (VIDEOS)
Le club veut amorcer une réflexion globale impliquant la Fédé et ses supporters pour ne plus être autant pénalisé.
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Publié le 27-02-2023 à 22h15 - Mis à jour le 28-02-2023 à 06h15
Alors que sur le terrain, la RAAL est toujours bien en lice pour la montée en Challenger Pro League, le club mène d’autres combats en coulisses suite notamment aux quatre matchs à huis clos (dont trois effectifs) reçus comme peine suite à l’envahissement de terrain aux Francs Borains en novembre alors que le dossier “fumigènes au Patro” est toujours en cours avec le risque de voir le sursis sauter et de recevoir une sanction plus lourde. “Il n’est pas impossible de jouer le reste de la saison sans supporter au Tivoli”, ironise Toni Turi.
”Lassés, touchés, énervés”, par les différents dossiers à traiter et à défendre cette saison, les dirigeants louviérois veulent éviter que la “mauvaise image véhiculée” ne se renforce davantage. “On estime à des dizaines de milliers d’euros la perte pour ces trois prochains matchs à la maison (NdlR : le montant de 50000 a été évoqué)”, précise le directeur général. “Pour les trois quatre derniers dossiers, le montant s’élève à 15-20000€ d’amende. Et plus ils s’accumulent, plus le dossier disciplinaire est chargé et les condamnations plus lourdes. Il faut éviter que ça prenne trop d'ampleur et on sait aussi qu'on traine un peu la mauvaise réputation de la RAAL historique."
La crainte de perdre des sponsors, lassés par cette mauvaise image, ou des supporters trotte un peu dans un coin de la tête des Loups même si elle ne les hante pas et ne les effraie pas. La RAAL ne veut pas rester inactive pour éviter que cela se répète trop souvent et planche sur des pistes depuis plusieurs semaines.
Ses cibles ? Les supporters (une partie des Ultras) et la loi football via la Fédération.

Quel est le combat ?
La bataille dans laquelle s’est lancée la RAAL est sur deux fronts. Il y a évidemment les Ultras mais aussi la loi football “qui dit que le club est responsable des actes de ses supporters, c’est la responsabilité objective du club”, rappelle Toni Turi. “Mais du coup, on est systématiquement pointé du doigt, nous sommes sanctionnés à chaque petit rapport. C’est embêtant et ça peut avoir un impact au-delà du sportif.”
"Etre systématiquement sanctionné, ce n'est plus possible."
C’est ce côté systématique qui ennuie fortement les dirigeants. “On ne peut plus accepter d’être tout de suite sanctionné sans que les circonstances soient prises en compte. Ça devient difficile. On sent souvent un certain mépris, sans vouloir trouver des solutions avec le club. On applique les sanctions point final. La Fédération s’appuie sur cette loi mais peut-être n’est-elle plus en adéquation avec le foot actuel. Les sanctions sont là pour normalement décourager les auteurs des infractions, ce qui n’est pas le cas car il n’y a pas de lien. Évidemment, les clubs doivent rester impliqués mais il doit y avoir des nuances. Ce qu’on veut, c’est provoquer le débat, une réflexion globale, faire évoluer la loi, faire bouger quelque chose. Il peut y avoir d’autres solutions.”
La RAAL affirme ne pas vouloir fuir ses responsabilités. Elle aimerait toutefois ne plus avoir cette mauvaise étiquette bien trop flagrante sur son front. “On aimerait que cette réputation soit, oui, plus légère. On ne veut pas être totalement déresponsabilisés”, ajoute le président Salvatore Curaba. “Peut-être n’avons-nous pas fait assez en amont auprès des supporters mais c’est limite d’être tenu responsable.”
Les dirigeants ne sont pas naifs dans leur démarche, conscients que la bataille n'est pas anodine. “On sait que le combat sera long et il implique des acteurs allant des clubs à la Fédé jusqu’aux ministres”, indique Turi. La RAAL espère voir une avancée se profiler. “Nous n’avons pour l’instant aucun calendrier d’établi ou de réunions avec d’autres clubs, juste des contacts informels. On espère que ça lancera la concertation. Il faut du courage car ça a peu de chance d’aboutir”, embraie le président.
Et les supporters dans tout ça ? Consciente que les Ultras mettent de l’ambiance, elle ne les englobe pas tous dans le même sac mais des mesures seront prises. “La plupart du temps, ça se passe bien, dans 8 ou 9 cas sur 10, on ne déplore aucun incident. A Mandel, il n'y avait aucune condition particulière et tout s'est bien passé. Les supporters font partie du projet mais aujourd’hui, l’image est ternie. Les chants inadaptés, les fumigènes, … cela devient intolérable. On doit tous aller dans le même sens.”
Avec quelles armes ?
La Louvière a alors énuméré une série de mesures : “On veut des solutions constructives et maintenir le dialogue mais on est obligé de passer par là. On veut qu’il y ait une conscientisation et intervention financière pour les amendes ou le manque à gagner. Qu’ils savent qu’ils peuvent être pénalisés. On veut connaître les membres du groupe pour pouvoir agir individuellement en cas d’incidents. En 2018, on avait signé une charte avec la Ville, les forces de l’ordre et les supporters, on va relancer cela. On veut compter sur leur ouverture d’esprit et leur bonne volonté. Si ça ne marche pas, on entamera les démarches pour les interdire au Tivoli. L’ambiance sera moins bonne mais c’est le prix à payer. On est conscient aussi que la communauté de la RAAL est bien plus large que les quelques fauteurs de troubles et que c’est difficile à accepter. Notre volonté n’est pas de les exclure et on ne veut pas incriminer les Ultras quand ils ne sont pas responsables mais si on n’a pas le choix, on pourra aller jusqu’à nous dissocier d’eux carrément.”
Ces moyens avaient été annoncés déjà aux Ultras dimanche, ils avaient alors manifesté leur désaccord en boycottant la première période et en déployant ensuite une banderole visant le président. “Je peux comprendre leur déception, ils ont l’impression qu’on les trahit”, affirme le président. “Grâce à Toni, on a de bonnes relations avec eux. Il y a moyen de discuter. Les fumigènes, on sait qu’ils le font pour mettre de l’ambiance mais il y a un règlement en entrant dans le stade. Doit-on accepter les amendes sans réagir ? A nous aussi de dynamiser l'ambiance avec les autres supporters et qu'il n'y ait pas que les Ultras qui fassent du bruit."
Le paradoxe veut que les supporters restent admis en déplacements alors qu’ils ont été le plus lourdement sanctionnés à l’extérieur cette saison. La RAAL pourra donc recevoir le soutien de ses fans à Tienen (contre OHL) dimanche mais en sera privé à la maison dès vendredi 10 mars. La réception des Francs Borains auraient dû faire le plein chez les VIP et garnir davantage les travées du Tivoli.