Il y a 20 ans, le 1er juin 2003, la RAAL remportait la Coupe de Belgique
Les Loups d’Ariel Jacobs avaient pris le dessus sur Saint-Trond dans la fournaise du Stade Roi Baudouin (1-3).
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- Publié le 01-06-2023 à 06h00
Si, actuellement, le nom RAAL La Louvière s’affiche en Nationale 1, il est aussi au palmarès de la Coupe de Belgique. Il y a vingt ans, le 1er juin 2003, les Loups du président Gaone triomphaient au Stade Roi Baudouin face à Saint-Trond devant plus de 30000 spectateurs. Un anniversaire qui rappelle de bons souvenirs aux milliers de supporters louviérois, la RAAL restant toujours le dernier club hennuyer à avoir remporté ce trophée. Un moment de gloire, l’apogée d’un club qui connaîtra la descente aux enfers en 2009 avec la radiation du matricule 93.
Mais avant cette disparition, La Louvière s’était offert la Coupe de Belgique grâce à un doublé d’Ishiaku et un but de Arts. La région du Centre était alors en Europa League.
”George Arts n’avait jamais marqué à La Louvière et voilà qu’il marque en finale, se souvient Alan Haydock, coach de Ninove (relégué en D2VV) qui a affronté la nouvelle RAAL cette saison en championnat. C’était un signe pour cette rencontre.”
Le 1er juin 2003, la RAAL gagnait la Coupe de Belgique
Des Loups pas favoris de la finale de Coupe
Pourtant, ce jour-là, dans la chaleur étouffante du stade national, l’équipe d’Ariel Jacobs ne partait pas avec les faveurs des pronostics. On disait de cette RAAL qu’une partie de l’équipe était finie pour la D1. Soit en raison des blessures ou de l’âge. Et, finalement, l’expérience de l’effectif a peut-être été l’un des atouts dans le rang hennuyer. Même si la délivrance est venue du jeune Ishiaku (vingt ans).

"Nous avons gagné en équipe. On a montré que sur un match, tout était possible. On avait la rage."
”Peut-être que nos joueurs de 34-35 ans apportaient moins de dynamisme sur le terrain mais cette expérience et cette maturité nous ont aidés, confirme Thierry Siquet, le capitaine. On était clairement dans la peau de l’outsider. En championnat, on avait terminé dans le ventre mou et on avait eu un peu de chance en demi-finale avec une équipe de Lommel totalement démobilisée au retour suite à des soucis dans le club limbourgeois. On avait alors affronté des jeunes. On avait toutefois réalisé un super parcours en éliminant le Standard et Genk aux tours précédents, on n’avait pas volé notre place même si on ne nous attendait pas. Mais ce que je retiens de ce match, outre évidemment le bonheur d’avoir soulevé la Coupe, c’est cette chaleur. On était tous déshydratés.”

Dans le stade national, les Loups ont surtout découvert un univers bien différent de leur Tivoli plus modeste.
”C’est vrai que les vestiaires étaient trois ou quatre fois plus grands, sourit Siquet. Au Tivoli, on était quasiment les uns sur les autres. Là, on avait de la place. Mais on retrouve vite ses marques. Et puis, on a vite ressenti aussi l’ambiance de nos supporters. Saint-Trond avait peut-être déplacé plus de monde mais les nôtres avaient fait bien plus de bruit.”
Une fois dans l’arène, la piste d’athlétisme entourant l’aire de jeu leur a vite rappelé les repères de l’enceinte louviéroise. De quoi ne pas perturber le groupe d’Ariel Jacobs dans cette mission dans un match où ils n’ont pas été dominés.
”On a maîtrisé le match. Saint-Trond a eu les premières grosses occasions et j’ai sorti quelques arrêts, rappelle le gardien Jan Vansteenberghe, actuellement coach des gardiennes chez les Flames. Ensuite, on a marqué en premier; ce qui nous a donné des ailes. Mais nous avons gagné en équipe. On a montré que sur un match, tout était possible. On avait la rage. D’un point de vue personnel, cette finale est marquante car je restais sur deux saisons minées par les blessures à La Louvière. Ça m’a ouvert ensuite les portes d’un transfert à Anderlecht.”

Ariel Jacobs, le stratège
Si personne ne s’attendait à voir les Verts soulever le trophée, un y a cru tout de suite : Ariel Jacobs. Chef de cette meute depuis deux saisons, le coach a été l’un des grands artisans de ce succès. “Il avait réussi à créer un collectif. Flamands, Francophones, étrangers…, on formait un vrai groupe. Tout le monde voulait travailler pour tout le monde. C’était un groupe phénoménal”, commente le keeper de l’époque.
Cet esprit de groupe, le coach l’a renforcé lors de la préparation. Une mise au vert dans un centre sportif de Vilvorde avait alors mis l’équipe dans les meilleures conditions. “Ce n’était pas le luxe, les chambres étaient basiques mais on était clairement bien, confie Alan Haydock. Mais cette idée, c’était clairement du Ariel !”

Voulant projeter ses Loups dans le match, le coach avait alors laissé un message à chaque joueur. Du coaching mental qui a inspiré chacun de ses gars. “Il avait mis une petite coupe en aluminium dans chaque chambre, ça m’avait marqué et ça nous mettait clairement tout de suite dans le bain, ajoute Thierry Siquet. C’est un des souvenirs marquants de cette épopée en Coupe.”
Et puis, il y a cette tactique adaptée qui a perturbé Saint-Trond et qui a permis aux Louviérois d’inscrire leur nom au palmarès.
”Ariel est connu comme un grand tacticien. Il m’avait alors assigné une tâche : museler Danny Boffin !, sourit Alan. C’était le moteur trudonnaire. Mon rôle était ingrat mais je devais casser toute alimentation vers lui. On a tous eu un rôle de ce type à jouer. Arts n’avait jamais joué au milieu et il était dans l’entre-jeu pour la finale avec un but à la clé. Tout était pensé.”

Aucune festivité prévue
Si, sur le terrain, Jacobs avait réussi à anticiper les coups de l’adversaire, en dehors, la direction louviéroise s’était montrée superstitieuse. Pas question donc pour cette première finale de préparer de grandes festivités ou de remplir le frigo de champagne.

”On avait été plus modeste que Saint-Trond où le champagne avait déjà été prévu dans le car. Ils avaient tout organisé pour le retour avec la Coupe, dévoile Haydock. Comme on n’avait rien prévu, on avait même demandé au chauffeur du car de s’arrêter sur une aire d’autoroute pour acheter des bouteilles. Ensuite, tout a été improvisé. Finalement, c’est peut-être ça qui a permis de jouer avec décontraction.”

De retour dans la Cité des Loups, les Louviérois se sont alors lâchés encore plus, en communion avec leurs fans avec un bus qui avançait très lentement. “Je crois que c’était du 0,5 km/h, rigole le capitaine. Certains étaient montés sur le toit alors que le bus n’était pas adapté. Mais quelle liesse populaire et collective avec les supporters.”
”Ça restait une fête familiale, les supporters étaient à côté de nous, embraie Jan. Tout le monde embrassait tout le monde. Vers le stade, c’était la folie. Ce sont des moments qui restent à tout jamais gravés, que tu n’oublies jamais.”

Le technique du match
- Saint-Trond : Belic ; Voets (46e Vrancken), Hayen, Kalisa (73e Buvens) et Caers (76e Vangeffelen), Delorge, Verjans, Boffin et Vangeel ; Pereira et Mbonabucya.
- RAAL La Louvière : Van Steenberghe ; Klukowski, Olivieri, Siquet, Ernst ; Haydock, Arts, Belabeb, Cooreman, Odemwingie (71e Kenmogne), Ishiaku (90e Guilmot).
- Arbitre : M. Verbist.
- Avertissements : Klukowski, Arts, Kenmogne, Buvens.
- Les buts : 28e (0-1), 36e Arts (0-2), 75e Ishiaku (0-3), 86e Buvens (1-3).