Jean-Sébastien Legros (ex-Dison) sur son expérience à Seraing : "Dans le monde pro, les places sont chères et il faut jouer des coudes"
L’aventure de Jean-Sébastien Legros ne se poursuivra pas à Seraing pour la saison de football 2023-2024. Son expérience, son avenir, l’AS Eupen, le Stade Verviétois, il n’élude aucune question. Entretien.
- Publié le 05-06-2023 à 07h00
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Fin mai, le RFC Seraing, qui a terminé dernier de la Jupiler Pro League et été relégué en Challenger Pro League, a annoncé s’être séparé de son entraîneur Jean-Sébastien Legros et de son directeur sportif Carlos Freitas. Voici l’ex-coach du Stade Disonais libre désormais.
Jean-Sébastien Legros, est-ce que cette décision vous a semblé logique dans la mesure où Seraing n’a pas su se sauver ?
Je pense qu’on ne peut pas être jugé sur le résultat final au terme d’une saison où il y avait trois descendants et au vu de l’effectif mis à disposition. Honnêtement, c’était très compliqué de réaliser l’exploit de se sauver.
Il ne faut pas oublier que l’année d’avant, Seraing avait terminé avant-dernier, puis a perdu ses trois meilleurs joueurs (dont son buteur Georges Mikautadze, Ndlr). Penser que mettre trois équipes derrière en perdant trois pions majeurs sans les remplacer, c’était compliqué.
Avec le recul, agiriez-vous différemment ?
J’ai le sentiment d’avoir tout donné et fait le maximum. Bien entendu, on peut toujours mieux faire, mais l’équipe est restée concernée jusqu’au bout. Certains, qui n’ont pas beaucoup joué au premier tour, ont montré par la suite qu’ils avaient des qualités. Le travail au quotidien a aussi été de qualité, même si les conditions étaient difficiles. Tout n’est pas toujours facile, même dans une structure pro. Tout n’est pas non plus une question d’argent, mais Seraing avait tout de même le plus bas budget. Puis il y a certaines lacunes, des manquements, qui sont à corriger. Je ne suis pas le seul à faire ce constat, et ça persiste. Mais c’est aux décideurs de prendre cela en main.
Que retenez-vous des deux rôles que vous avez eus ? D’abord adjoint (de José Jeunechamps) puis coach principal ?
Malgré la difficulté, j’ai su prendre du plaisir en travaillant au quotidien. En venant du monde amateur, je relativise aussi certaines choses. J’ai en tout cas l’intime conviction que je suis capable d’être performant dans ce monde pro. J’aurais aimé bosser dans des conditions plus faciles, mais on est jugé sur des résultats et pas toujours sur la méthode de travail. Cela n’empêche, je ne suis ni déçu ni dégoûté. Mais c’est vrai qu’avec plus de moyens, j’ai la conviction qu’on aurait fait mieux, d’autant qu’il ne manquait pas non plus énormément. Notamment avec du sang frais dans l’effectif. Or, le mercato a plutôt été axé sur un dégraissage que sur des renforts.
Certains éléments du monde pro vous ont-ils étonné ?
Non, mais il est clair qu’on voit que Seraing est monté très vite et n’est pas encore structuré comme un vrai club pro. Mais j’ai beaucoup appris et je sais que je suis meilleur maintenant que quand j’ai quitté Dison par exemple.
Et la suite, comment la voyez-vous justement ?
Dans le monde pro, les places sont chères et il faut jouer des coudes. Cela fonctionne beaucoup grâce à son réseau, ses contacts, etc. Et ce n’est pas mon point fort. Mais j’ai l’intime conviction que j’y ai ma place. Je ne sais pas ce qu’il va se passer ces prochaines semaines. Si rien ne bouge, je resterai un peu en retrait, ça me changera un peu des dernières années.
Avec la possibilité de redescendre au niveau amateur ?
Ma priorité, c’est de rester dans le cercle professionnel et je ne dis pas cela du tout pour dénigrer le monde amateur. Mais si je veux y rester, peut-être que je dois patienter. Il sera toujours temps de faire le point dans deux ou trois ans.
L’AS Eupen n’a pas encore trouvé d’entraîneur pour la saison prochaine…
Je peux comprendre que certains dirigeants ne pensent pas à moi, Seraing a fini dernier. C’est clair qu’en sauvant Seraing, j’aurais eu plus de retour et de visibilité.
Un autre de vos anciens clubs, le RFC Liège, rejoint lui aussi le monde pro. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Liège a réalisé une super saison et tout se passe bien là-bas. Il n’y a aucune raison d’y changer quelque chose. De manière globale, je n’attends pas en sniper que ça se passe mal quelque part. J’ai envie qu’on s’intéresse à moi pour mon travail.
Votre ancienne équipe, le Stade Disonais, fusionne avec le RCS Verviers pour devenir le Stade Verviétois dès la saison prochaine. Une suite logique ?
Cela ne m’étonne pas du tout. Si le club veut lorgner plus haut, c’est normal de regrouper les forces vives. Verviers rame pour sortir des divisions provinciales et Dison arrive à un point culminant. S’il y a une vraie volonté de grandir, c’est la solution juste et raisonnable. Et je suis curieux de voir ce que ça va donner. Verviétois et Disonais vont trouver de quoi bien travailler ensemble et c’est bien pour la région de retrouver un club à un certain niveau.
Avec votre frère, Guillaume, qui va rejoindre le staff maintenant qu’il a arrêté sa carrière de joueur…
C’est bien pour lui de rester dans le projet. C’est avec ce genre de garçon que le club doit faire bouger les choses. Je ne pense pas que devenir coach principal l’intéresse, ça prend énormément de temps et ça demande beaucoup d’investissement. Puisqu’il est commercial, je pense que le rôle de directeur sportif pourrait lui convenir. Mais ce n’est que mon point de vue, il est bien entendu libre de faire ses propres choix.