Alexander Blockx a épaté en gagnant l’Australian Open juniors: “Il possède énormément d’aptitudes pour faire une belle carrière”
Ancien entraîneur à la fédération flamande, Bertrand Tinck a suivi au plus près l’évolution d’Alexander Blockx, le vainqueur de l’Australian Open juniors.
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Publié le 31-01-2023 à 06h49
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Même si remporter un Grand Chelem chez les juniors et se retrouver dans le top 3 mondial de la catégorie n’offrent aucune garantie pour la suite, Alexander Blockx a marqué les esprits avec son titre à Melbourne. Dans le milieu du tennis belge, on croit énormément dans l’Anversois, comme l’explique Bertrand Tinck, qui a travaillé pendant huit ans comme entraîneur à Tennis Vlaanderen.
”La situation d’Alexander est un peu particulière. Il travaille au centre de Tennis Vlaanderen le matin, mais avec son entraîneur privé de toujours, Philippe Cassiers. L’après-midi, Alexander s’entraînait avec les joueurs du groupe de transition de la fédération flamande où on retrouvait notamment Zizou Bergs ou Tibo Colson. C’est son système de fonctionnement. L’architecte, celui qui a formé Alexander, c’est bien Philippe Cassiers.”

Pendant des semaines, l’ancien coach de Zizou Bergs a pu voir à l’œuvre le récent vainqueur de l’Australian Open : “Il a bien évolué. À l’entraînement, il frappait vraiment très fort des deux côtés, à te découper des balles en deux. Il possède une bonne vision du jeu. Ce qu’il doit encore améliorer ce sont ses déplacements, son service et son petit jeu notamment au filet. J’ai vu à l’Australian Open qu’il joue maintenant plus près de sa ligne de fond par rapport à l’an dernier. Une fois qu’il a l’occasion de diriger le jeu et de mettre ses lattes, cela devient compliqué pour ses adversaires. Il a énormément grandi aussi donc sa balle fait vraiment mal. Depuis l’été dernier, il est plus constant avec un quart de finale aux Championnats d’Europe et un succès au tournoi préparatoire à l’US Open où il réalise aussi un quart de finale. En Australie, sept gars du top 10 étaient absents, mais cela ne change rien, cela reste un Grand Chelem. Au final son titre à Melbourne ne me surprend pas plus que cela.”
La réussite actuelle du jeune joueur Anversois (17 ans) est aussi le résultat d’une éducation familiale : “Il est issu d’une famille de sportifs avec un papa qui vient d’Ukraine et qui connaît bien le sport, car il a fait de l’athlétisme. Sa maturité est déjà très grande et cela s’explique par une éducation tournée vers le sport où on travaille beaucoup. Je ne partage pas la même vision au niveau de la méthode de travail que Philippe Cassiers, mais cela fonctionne avec Alexander qui vit pour le tennis. C’est énormément de volume et de répétition. Je leur tire mon chapeau pour leurs résultats.”
Avec un travail fourni à la base dans une structure privée comme pour les autres espoirs belges qui ont brillé ces derniers mois : “Tennis Vlaanderen aide le projet financièrement, mais ce n’est pas un pur produit de leur centre de formation. Ce que je remarque c’est que ni Blockx, ni Gilles-Arnaud Bailly, ni Sofia Costoulas ne sont des produits de Wilrijk ou de Mons. Ce sont des projets individuels. C’est très bien que le système et les fédérations aident ces jeunes et les soutiennent, mais il ne faut pas s’approprier des joueurs. Ce changement dans l’écolage est peut-être dû à l’évolution des mentalités et de la société. Car du côté de l’AFT, par exemple, on a connu une période dorée avec la centralisation des jeunes joueurs. Justine Henin, les frères Rochus, David Goffin et Steve Darcis ont percé. Maintenant les joueurs peuvent arriver d’horizons différents avec des projets privés ou via les universités américaines.”
Avec Bailly et Blockx, cela fait longtemps que la Belgique n’a plus eu de tels joueurs.
La grande question est maintenant de savoir si Alexander Blockx réussira dans l’univers professionnel. Pour Bertrand Tinck, tous les ingrédients sont là : “S’il continue à faire évoluer son jeu, Alexander peut y arriver. Il possède une détermination hors-norme, une maturité hors-norme, il est sérieux et est doté de grands coups. Sa faiblesse dans les déplacements, il faut arriver à l’exploiter pour ses adversaires, ce qui n’est pas facile quand il prend le jeu à son compte. Il a énormément d’aptitudes pour faire une belle carrière.”
Ce qui est aussi positif, c’est l’émulation qui pourra exister entre Alexander Blockx et Gilles-Arnaud Bailly, tous les deux nés en 2005 : “Ils possèdent tous les ingrédients pour réussir. Ce sont deux grands compétiteurs, volontaires, persévérants, courageux tout en étant de bons joueurs. Alexander, avec sa taille et son style robotique, il pourra faire des dégâts s’il s’améliore dans ses déplacements, son jeu vers l’avant et son service. Gilles-Arnaud, il affiche un timing extraordinaire, son sens du jeu est fabuleux tout comme son revers. Il faudra voir s’il pourra mettre la pression avec son coup droit au haut niveau. En plus, ce sont des garçons avec de belles valeurs. Cela fait longtemps qu’on n’a pas eu des éléments comme cela.”
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que nos deux champions réussissent la transition vers le tennis pro.