Le tennis américain revit avant le Masters d’Indian Wells : “Ce renouveau fait vraiment du bien”
Le tennis américain a retrouvé des couleurs en plaçant, avant Indian Wells et Miami, dix joueurs dans le top 50 mondial.
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Publié le 08-03-2023 à 18h20
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Taylor Fritz (ATP 5, 25 ans), Frances Tiafoe (ATP 16, 25 ans), Tommy Paul (ATP 19, 25 ans), Sebastian Korda (ATP 26, 22 ans), Maxime Cressy (ATP 37, 25 ans), John Isner (ATP 39, 37 ans), Ben Shelton (ATP 41, 20 ans), Jeffrey John Wolf (ATP 44, 24 ans), Brandon Nakashima (ATP 48, 21 ans) et enfin Jenson Brooksby (ATP 49, 22 ans). Avec dix joueurs dans le top 50 mondial alors que le premier Masters 1000 de la saison a commencé en Californie du côté d’Indian Wells, on peut dire que le tennis américain a retrouvé des couleurs. On est loin du constat inquiétant établit il y a un peu moins de deux ans, le lundi 10 mai 2021 pour être précis, quand pour la première fois depuis l’instauration du classement ATP (le 23 août 1973), aucun joueur de la bannière étoilée ne figurait dans le top 30.
Le dernier titre d'un Américain en Grand Chelem date de 2003.
”Ce renouveau fait vraiment du bien, expliquait il y a peu Frances Tiafoe qui a déjà joué une demi-finale à l’US Open et un quart à Melbourne. Une semaine, un gars peut réaliser une belle performance, la semaine suivante c’est un autre. Le tennis américain connaît une bonne période. Pour certains, avec la maturité, on commence à être à notre meilleur niveau et on va voir où cela nous mène. Dans la nouvelle génération, avec Taylor Fritz, on a été les premiers à avoir dépassé le top 100. Quand on voit des gars avec qui on a grandi réussir, on se dit : 'putain, ce mec peut le faire. Merde, j’ai grandi avec lui. Je l’ai battu combien de fois ? Pourquoi pas moi aussi ?' Ce n’est que du positif, on veut vraiment que les autres réussissent.”

L’arrivée d’un jeune comme Sebastian Korda a aussi fait jouer l’émulation entre les joueurs US : “Quand Korda est arrivé, tout le monde a parlé de lui, poursuivait Frances Tiafoe. Les plus anciens étaient en mode : ‘Et nous ? On joue encore.’ Seb a un jeu très joli et très complet alors tout le monde a dit qu’il allait atteindre les sommets. Je pense que cela a piqué les autres, cela leur a donné une motivation en plus. C’est bon pour tous les Américains.”
"Nadal, Djokovic et Murray peuvent encore gagner des grands titres mais les temps changent."
Bien sûr, on n’a pas encore retrouvé sur le circuit ATP la brillance rencontrée dans le passé par une immense nation de tennis comme les États-Unis. Pour rappel, en mai 1984, quatre Américains s’installent dans le top 10 mondial (McEnroe, Jimmy Connors, Jimmy Arias et Eliot Teltscher) et ils sont vingt-deux dans le top 50. En 1992, le pays de l’Oncle Sam remporte la Coupe Davis à Fort Worth au Texas avec dans ses rangs quatre joueurs qui ont régné sur le tennis mondial : Jim Courier, Pete Sampras, Andre Agassi et John McEnroe. Excusez du peu ! Deux ans plus tard, en 1994, les plats repassent avec à nouveau quatre Américains (Pete Sampras, Jim Courier, Michael Chang et Todd Martin) parmi les dix meilleurs mondiaux. À cette époque, personne ne remet en doute le vivier et la qualité des joueurs d’outre-Atlantique. Depuis le début de l’ère Open en 1968, les USA comptent 51 titres dans les tournois du Grand Chelem dont 27 entre 1989 et 2003. Pourtant en septembre de cette année se fermera cette période dorée avec Andy Roddick qui décrochera à New York le dernier Majeur, le 52e, pour un joueur américain. Quasiment vingt ans plus tard, les États-Unis, qui ont subi comme toutes les autres nations la domination outrancière du Big 3, Rafael Nadal (22 titres), Novak Djokovic (22 succès) et Roger Federer (20 sacres), courent toujours derrière une nouvelle performance de premier ordre en Grand Chelem. Ce qui dans les années à venir n’est pas à exclure. C’est ce que pense Taylor Fritz, cinquième mondial et tenant du titre à Indian Wells : “Nous entrons petit à petit dans une nouvelle époque. Federer est parti. Nadal, Djokovic et Murray peuvent encore gagner les plus grands titres mais les temps changent. On voit apparaître des nouveaux champions venus de pays différents mais aussi des USA. C’est divertissant d’avoir de nouveaux joueurs. Il y a parfois une dizaine de gars qui peuvent prétendre au titre sur un tournoi. C’est rafraîchissant.”

Lors des deux dernières décennies, John Isner (meilleur ranking : 8e mondial), Sam Querrey (meilleur ranking : 11e) et Jack Sock (meilleur ranking : 8e) ont maintenu, vaille que vaille, le navire US à flot. Mais la densité actuelle du tennis américain avec un mélange hétéroclite de joueurs venus des Universités, de structures privées ou formés en partie par leurs parents qui sont d’anciens grands champions devrait offrir, dans les dix prochaines années, de belles surprises aux supporters US. La plus grande progression ces derniers mois est à mettre au profit de Taylor Fritz qui est entré dans le top 5 mondial et joue le rôle de locomotive pour ses compatriotes. Dans son sillage, Frances Tiafoe et Tommy Paul, deux de ses amis qui sont entrés dans le top 20, ont atteint le dernier carré d’un Grand Chelem : à l’US Open l’an dernier pour le premier et à l’Australian Open en début de saison pour le second. Derrière ces trois joueurs de la génération 97-98, on retrouve des éléments qui sont plus jeunes et moins loin dans leur développement. À 22 ans, Sebastian Korda, fils de Petr Korda vainqueur de l’Australian Open en 1998, est déjà 26e mondial et semble sur une pente ascendante comme en témoigne son quart de finale à Melbourne où il s’est payé le scalp de Daniil Medvedev et Hubert Hurkacz. Ben Shelton (20 ans) était également présent en quart de finale en Australie où il voyageait pour la première fois en dehors des États-Unis depuis sa naissance. Jeffrey John Wolf, Jenson Brooksby et Brandon Nakashima, vainqueur du dernier Masters Next Gen, sont un peu plus loin au classement mais veulent profiter de l’aspiration de leurs compatriotes pour briller.
"Je trouve le système américain plus visionnaire."
Enfin, il y a la météorite Maxime Cressy. Le géant (2m01) franco-américain de 25 ans qui a remis sur l’échiquier du tennis international l’utilisation du service-volée à outrance comme à l’époque des Boris Becker, Stefan Edberg ou John McEnroe. L’ancien champion universitaire inspiré par Pete Sampras au niveau de la présence au filet ne manque d’ailleurs pas d’ambitions : “Je veux devenir numéro un mondial, c’est simple. Par rapport au système français que j’ai connu plus jeune, je trouve le système américain beaucoup plus visionnaire. Il cible vraiment les joueurs à haut potentiel.”
Est-ce que l’un d’eux décrochera une levée du Grand Chelem dans les mois à venir et effacera, par la même occasion, des tablettes Andy Roddick ? Les paris sont ouverts…