Il y a 25 ans, Marcelo Rios est devenu n°1 mondial
Le Chilien de 22 ans, en 1998, n’avait pas remporté de Grand Chelem. El Chino ne le fera jamais…
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Publié le 30-03-2023 à 21h31
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Si Novak Djokovic se rapproche petit à petit des 400 semaines passées en tête du classement ATP, le règne de Marcelo Rios n’aura, lui, pas duré très longtemps. Le 29 mars 1998, soit il y a 25 ans, le Chilien d’1,78m est venu damer le pion à tous les gros bras de la raquette. Et le tout, sans avoir remporté de titre en Grand Chelem, comme un certain Ivan Lendl. “Il n’y a pas beaucoup de sportifs au Chili, donc être le numéro 1 en tennis, c’était plutôt énorme, racontait il y a 5 ans Rios sur le site de l’ATP. Le tennis n’était pas un sport très pratiqué à ce moment-là.”
C’est sa régularité qui a été récompensée, après avoir triomphé d’Andre Agassi en finale à Miami (7-5, 6-3, 6-4). Mais il n’empêche : les puristes de la balle jaune soupirent quand ils songent au “règne” du gaucher au tempérament de feu, premier Sud-Américain à dominer le tennis mondial. Cette absence de Grand Chelem, cela fait bizarre pour un n°1 mondial… “Maintenant, Rios est le n°1 ; il le mérite tout simplement, reconnaissait Agassi, le finaliste malheureux. Mais il devra remporter un Grand Chelem cette année pour être le n°1 aux yeux des joueurs…”
On sait maintenant ce qu’il est advenu de sa carrière par la suite. “Je me suis entraîné avec lui à plusieurs reprises, se souvient Stefan Edberg (n°1 pendant 72 semaines) pour atpworldtour.com. Il m’a beaucoup surpris dans sa façon de frapper la balle. Il était rapide et talentueux.”
1998: début d’année de feu
Mais revenons 25 ans en arrière. Terminant l’année 1997 dans le top 10, El Chino (”le Chinois”) surfe la vague positive et démarre 1998 en trombe : victoire à Auckland, finale à l’Open d’Australie, perdue face au Tchèque Petr Korda (6-2, 6-2, 6-2), victoire finale à Indian Wells. Cela lui permet de monter sur la 3e marche du podium avant Miami.
Connu pour son sale caractère, Marcelo Rios, qui peut se flatter d’avoir été élu par Sports Illustrated joueur le plus détesté du circuit, parvient à se dominer et donne le meilleur de lui-même lors du tournoi floridien. Le Chilien de 22 ans s’appuie sur son service puissant et distribue les coups gagnants. En finale, Andre Agassi est dépassé. “Remporter deux tournois de ce calibre d’affilée en battant tellement de bons joueurs, c’est une grande réussite, souriait Rios. M’imposer à Miami et battre Agassi en finale, un ancien n°1 mondial, je ne pouvais rien demander de plus.”
Au Chili, c’est la folie pour l’enfant du pays. Rios est accueilli à son retour par une foule immense. Le président Eduardo Frei Ruiz-Tagle le met à l’honneur au palais de La Moneda. “Etre le meilleur joueur du monde, pour le Chili, ce n’est pas quelque chose de normal, déclarait le joueur. Je me sens super fier.”
Mais les blessures vont contrarier la suite de la carrière du Chilien, capable toutefois encore de coups d’éclat. Après quatre, puis deux semaines en août 1998, Marcelo Rios rendra finalement les armes et laissera la place de n°1 mondial à d’autres. El Chino se maintiendra dans le top 10 jusqu’en 2000, avant d’arrêter les frais à seulement 28 ans, en 2004. “Pour l’instant, je veux me reposer, bien récupérer, accepter l’idée de ne plus pouvoir jouer, de ne plus pouvoir représenter mon pays, et ensuite penser tranquillement à ce que je vais faire”, déclarait Rios, qui n’a jamais vraiment apprécié la presse étrangère.
Un corps de bodybuilder… maintenant
Le Chilien n’aura donc jamais remporté de Grand Chelem tout au long de sa carrière, après 26 tentatives. Sa seule finale, c’était à l’Open d’Australie, en 1998, battu par le Tchèque Petr Korda. Ivan Lendl, également arriver sur le trône sans remporter de Grand Chelem, s’est bien rattrapé par la suite (2 en Australie, 3 à Roland-Garros et 3 à l’US Open). Mais Marcelo Rios sera parvenu à marquer les esprits au cours d’une carrière qui n’aura finalement duré que dix ans, sans compter les blessures. “C’était un joueur différent ; cela se remarquait dès qu’il entrait sur un court, se souvient Carlos Moya, lui-même ancien n°1 (deux semaines). C’est probablement le joueur le plus talentueux que j’ai eu l’occasion de voir à l’oeuvre. On prenait beaucoup de plaisir à le regarder jouer. Il avait un style de jeu différent et était très talentueux. C’était une bénédiction pour le tennis.”
Ce n’est pas sa première place mondiale au Senior Tour en 2006 qui permettra à Marcelo Rios d’effacer cette absence de Grand Chelem, cette bizarrerie, de son CV, lui qui a vaguement tenté d’être coach et passe maintenant son temps en famille ou à se sculpter un corps de bodybuilder (il a pris 27 kilos, pour en peser 100) aux Etats-Unis. Un pays qui lui a plutôt bien réussi il y a 25 ans…